Et si...

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Catherine avait décidé d'accompagner Frederick au village. La semaine touchait à sa fin, et il devait s'assurer que tout soit prêt pour leur retour. Le chemin serpentait à travers la forêt, baignée d'une lumière dorée qui filtrait à travers les feuillages. Malgré la beauté du paysage, Catherine restait plongée dans un silence obstiné, ses traits tirés par une tension intérieure que Frederick ne pouvait ignorer. Il essayait, en vain, de la faire parler de ce qui s'était passé entre Rosa et elle, mais Catherine éludait ses questions, répondant par des phrases vagues, ses pensées ailleurs. Son esprit était accaparé par Stendhal. L'inquiétude la rongeait, et elle craignait que son état, déjà fragile, ne s'aggrave. Étant elle-même sujette à des crises d'angoisse, elle lui avait donné quelques comprimés pour le calmer. Peu après, Stendhal s'était assoupi, mais cela n'avait en rien apaisé les craintes de Catherine.

La gorge nouée, elle finit par briser le silence.

- Tu penses toi aussi que c'était un meurtre ? demanda-t-elle, ses yeux gris rencontrant enfin ceux de son cousin.

Frederick haussa les épaules sans ralentir le pas. Son visage habituellement jovial semblait lui aussi marqué par la fatigue des événements récents.

— Je ne saurais te dire. Je n'ai même pas vu le corps, mais... Lombard s'y connaît. Si lui dit que c'en est un, il doit savoir ce qu'il fait.

Un frisson glissa le long de la nuque de Catherine. L'idée qu'un meurtre ait eu lieu dans cet endroit, autrefois si tranquille, la glaçait.

— Comment tu le connais, ce Lombard ? demanda-t-elle, son ton trahissant son malaise. Je ne trouve pas ça anodin qu'un détective soit ici, et qu'il y ait un meurtre juste après !

Frederick s'arrêta net, lui faisant signe de s'arrêter à son tour. Il la fixa avec une intensité rare, comme pour la ramener à la raison.

— Catherine, écoute-moi bien. Loki est une personne comme les autres. Il a droit à des vacances, lui aussi. Ce n'est qu'une coïncidence, tu ne vas pas commencer à voir des conspirations partout !

Catherine fronça les sourcils, ses poings se serrant instinctivement autour des anses de son sac. Elle n'était pas convaincue.

— Une coïncidence, vraiment ? Alors pourquoi il se met à jouer les détectives ? Il pourrait juste se contenter de rester dans son rôle d'hôte...

Frederick soupira et reprit sa marche, les mains enfoncées dans ses poches, son regard perdu à l'horizon.

— Justement, il est détective. Et Stendhal l'a engagé pour ça. Que voulais-tu qu'il fasse, ignorer ce qui s'est passé ?

Le cœur de Catherine battait à un rythme désordonné. Elle hésita un instant, puis se décida à lui confier ce qui la troublait vraiment.

— À propos de Stendhal... Je l'ai vu ce matin. Il n'est pas bien du tout, Fred. Il n'est plus lui-même...

Frederick s'arrêta à nouveau, se tournant lentement vers elle. Ses traits se radoucirent légèrement.

— Comment lui en vouloir ? murmura-t-il en levant une main pour se protéger des rayons du soleil. Ce qui lui arrive... c'est monstrueux. Perdre quelqu'un de cette manière, c'est insupportable.

Catherine hocha la tête, sentant une vague de tristesse l'envahir à son tour. Elle inspira profondément, cherchant à repousser l'angoisse qui l'oppressait.

— Je sais... mais je m'inquiète vraiment pour lui. Il n'a pas l'air de tenir le coup, et avec ce que Loki a découvert...

Frederick l'observa en silence un moment avant de détourner le regard, ses pensées manifestement prises par d'autres préoccupations. Catherine le suivit en silence, ses pas lents dans la terre battue, incapable de chasser le malaise qui pesait lourdement sur ses épaules.






























L'énigme Du Cœur Brisé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant