Frédérick et ses hôtes (2/2)

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- Viens là toi, il faut qu'on parle !

Catherine se retourna offusquée.

- De une, tu me fais mal, de deux, on n'a rien à nous dire.

Rosa la lâcha mais n'abandonna point l'idée qu'elles devraient avoir une sérieuse conversation.

- Oh oui ma belle, je suis convaincue de devoir te toucher deux ou trois mots.

Catherine grimaça, droite devant elle, les bras croisés.

- Et à quoi ai-je honneur ?

Rosa tapait du pied avec ses talons aiguilles, était - elle stressée ?

- Je te conseille de ne pas te mêler de ce qui ne te regarde pas et tu vivras fort fort longtemps.

Catherine haussa les sourcils.

- Je ne vois pas vraiment ce que tu veux dire, mais si jamais tu veux parler du fait que tu es une sacrée menteuse, je vais moi aussi te donner un conseil : arrête de faire la cachottière et tu ne mourras point d'anxiété, tu as été sauvée par le gong pour cette fois, ne vas pas croire que la roue tournera toujours en ta faveur.

- Tu te crois tout permis hein, tu n'es qu'une remplaçante !

- Touchée ! Et vois m'en fière ! Tu n'as pas seulement été virée du tournage, tu es virée de la production tout court, à toi de juger !

Rosa leva le menton, elle était au courant de tout, merde !

Pendant un instant, elle jaugea Catherine, ce n'était pas en se disputant avec elle qu'elle allait la convaincre, une femme impulsive, émotive...

Inspirant profondément, les larmes lui montaient aux yeux. Elle détourna la tête vers la fenêtre, elle regardait sans y prêter attention un oiseau qui survoletait de branche en branche. Libre, il était libre. Elle aussi allait être libre, d'abord il fallait se débarrasser de Catherine.

- Je n'ai jamais connu mon père, ma mère nous a élevé seule mes frères et moi, j'ai toujours eu peur de tomber enceinte pour cette seule et unique raison, je ne veux pas que cela arrive à mon enfant...

Catherine fronça les sourcils, stupéfaite de la tournure que prenait la discussion. Devrait - elle le croire ? Elle paraissait pourtant sincère, mais on ne savait jamais avec Rosa. Un moment elle est prête à te manger crue et l'instant d'après elle passe aux aveux compatissants.

Que ce soit vrai ou pas, Catherine se sentit tout de même émue, on a tous une part de ténèbre et de bonté, mais certains considèrent que la bonté est une faiblesse et se laisse submerger par la noirceur de l'orgueil, c'est bien regrettable !

- Et il y a à peu près cinq semaines, j'ai découvert que j'étais enceinte ...

Enceinte ! Dans sa tête le mot faisait écho... Difficile de la croire lorsqu' aucun signe n'a été visible jusqu'à présent ... Mais tu es bête Catherine c'est évident qu'elle ne veut pas que ça se sache. Et puis encore... Merde ! Elle est enceinte ! De Stendhal ? Elle préféra ne pas y penser.

Elle savait pertinemment à quel point Stendhal voulait un enfant c'est ce qu'il lui racontait tout le temps... et maintenant que sa femme... La femme qu'elle aimait plus que tout se trouvait enceinte de lui, il allait être combler... Un petit creux se forma dans son cœur, elle avait perdu. Mais s'était - elle assez battue pour lui ? Tout de même, deux ans c'est pas rien !

Elle s'était laissée emporter par ses pensées, et avait manqué une bonne partie du discours de Rosa. Pour ne pas paraître désintéressée elle lui dit donc :

L'énigme Du Cœur Brisé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant