Angoisse 2/2

13 2 0
                                    


— Je n'ose pas croire que tu m'aies regardé droit dans les yeux en me disant que tu n'as personne ! lança Frederick, montant les escaliers d’un pas rapide, défaisant ses manchettes avec une irritation mal contenue. Catherine le suivait de près, son regard perçant fixé sur lui.

— Et toi, je n'ose pas croire que toutes ces années, tu le savais... et que tu faisais semblant ! rétorqua-t-elle, sa voix marquée par l’accusation.

Frederick s'arrêta un instant, la regardant par-dessus son épaule, un éclair de colère dans ses yeux.

— Tu es une adulte, Catherine. Qu'est-ce que tu croyais ? Que j’allais te forcer la main ?

Elle serra les poings, refusant de détourner les yeux malgré la dureté du regard de Frederick.

— Tu es pourtant contre ce genre de principe, toi ! lança-t-elle, ses mots un défi, une provocation.

Frederick la dévisagea, son visage trahissant un mélange de frustration et de résignation. Il secoua la tête, comme s’il se parlait à lui-même.

— Mais ça ne t’a pas freiné. Que voulais-tu que j’y fasse, hein ?

Sans attendre sa réponse, il pénétra dans son bureau, Catherine sur ses talons. Elle n’y avait jamais mis les pieds, et elle ressentit un étrange mélange d’excitation et de malaise en découvrant cet espace. La pièce, peinte d’un blanc éclatant, semblait immaculée, presque stérile, comme si Frederick tenait à y laisser le moins de traces possible. La céramique au sol renvoyait l’éclat des lumières du plafond, créant une atmosphère froide et impassible.

Sur le bureau parfaitement rangé, un lot de feuillets retint son attention. Elle les prit entre ses doigts, les feuilleta vaguement, sentant le regard de Frederick peser sur elle, elle finit par les reposer et, sans dire un mot, prit appui sur le bureau, le fixant d’un regard intense.

Frederick, de son côté, tira la chaise derrière le bureau, s’y installa, puis enfouit sa tête entre ses mains, son souffle lourd d’épuisement.

— Dure journée… murmura Catherine en le regardant, un mélange d’empathie et d’irritation dans la voix.

Frederick releva légèrement la tête, un sourire amer flottant sur ses lèvres.

— Si on m’avait dit que tout cela arriverait… Jamais je n’aurais pu y croire, dit-il, sa voix presque éteinte, comme s’il parlait à lui-même.

Catherine l’observa un instant, une lueur de tendresse perçant malgré la tension entre eux.

— Ne culpabilise pas, Fred. Personne n’aurait pu prévoir tout ça, souffla-t-elle, sa main glissant doucement sur son épaule.

Elle sentit les muscles tendus sous sa main, et instinctivement elle pressa plus fort, espérant dissiper un peu de cette tension. Frederick ferma les yeux, savourant ce répit.

— Tu sais… parfois, j’ai l’impression que tout ce que j’ai construit est en train de s’effondrer, murmura Frederick, sans oser croiser son regard. Il passa une main lasse sur son visage.

— Frederick… tu n’es pas seul là-dedans. C’est difficile pour tout le monde, mais… on est là, ensemble, répondit-elle en posant sa main sur la sienne.

Il leva enfin les yeux vers elle, et dans ce regard, Catherine lut une fatigue qu’elle n’avait jamais vue auparavant. Pour la première fois, il lui semblait vulnérable.

— Et si je n’arrive pas à recoller les morceaux, Catherine ? Et si tout ça est trop grand pour moi ?

Elle serra sa main plus fort, ancrant leur lien, refusant de le laisser s’effondrer sous le poids de ses doutes.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : 6 days ago ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

L'énigme Du Cœur Brisé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant