L'énigme Du Cœur Brisé

Toc ! Toc ! Toc !

Assis sur un sofa dans le grand salon principal, Loki buvait à petite gorgée une tasse de thé. Les activités pour le repas avaient déjà commencé, dans tout l'appartement, les hommes de Frédérick circulaient de droite à gauche, certains faisaient le ménage, d'autres restaient dans la cuisine, coupant des légumes frais et préparant des plats que Loki devina savoureux. Les arômes épicés se mêlaient à l'odeur du pain qui cuisinait au four.

Seul, au milieu de ce grand salon Loki trouva que son journal lui manquait terriblement, il aimait rester aux parfums des dernières actualités et depuis trois jours il restait ignorant de tout ce qui se tramait dans le monde extérieur, pas une fois il n'avait réussi à capter un tant soit peu d'onde même pas pour passer un coup de fil à Éden.

Soulevant la tasse de la soucoupe qui resta sur la petite table basse, il la porta à ses lèvres sèches en croisant ses pieds, l'air pensif. Il ne pouvait pas avoir de réseau sur cette fichue île. Il fallait qu'il en parle à Frédérick. Les yeux fixés au sol, il buvait son thé par petites gorgées, avant d'apercevoir une ombre qui se mouvait sur le sol et se dirigeait vers lui. Levant les yeux tout en gardant sa tasse entre ses lèvres, un frisson parcourut son échine lorsqu'il aperçut un Stendhal ensanglanté qui s'approchait d'un pas las. Son tee-shirt gris avait viré au rouge à bien des endroits, alors qu'il s'avançait vers lui d'un pas lourd et traînant, comme un fantôme échappé d'un cauchemar.

— Mcgareth, mon Dieu que se passe-t-il ?

Loki laissa la tasse suspendue devant son visage, essayant à tout prix de comprendre pourquoi Stendhal avait l'air si pâle, si... perdu et surtout d'où venait tout ce sang ? Ses traits étaient marqués par une terreur silencieuse, et chaque pas qu'il faisait semblait le rapprocher d'un abîme dont il ne pouvait revenir.

— Es-tu blessé ? demanda Loki, la voix inquiet ne sachant quoi penser.

Pour toute réponse, Stendhal continuait d'avancer, le regard vide, comme s'il était déjà piégé dans un autre monde. Ses veines temporales pulsaient sous sa peau, témoins d'une douleur insupportable. Incapable d'agir, Loki resta figé sur le sofa, le souffle suspendu, attendant que Mcgareth daigne enfin lui répondre. Chaque seconde qui s'écoulait semblait peser lourdement, comme si le silence lui-même était complice d'un secret terrible que Stendhal ne voulait pas encore révéler.

Stendhal s'approchait encore de Loki mais pas un mot ne sortait de sa bouche. Toujours patient, Loki jeta un coup d'œil derrière Stendhal, serait-il possible qu'il y ait eu une bagarre ?

— Stendhal ! Dites-moi ce qu'il s'est passé, qui vous a fait du mal ? D'où sortez vous ?

Stendhal s'arrêta, lançant un regard si froid à Loki que ce dernier en ressentit une légère pointe d'incrédulité. Un doute s'installa dans son esprit, comme une ombre menaçante : avait-il vraiment posé la bonne question ? Ou aurait-il de préférence dû lui demander : "venait t-il de faire du mal à quelqu'un ? " Un mauvais pressentiment l'envahissa et souleva les quelques poils restants de son corps.

"Elle est morte !" lança Stendhal après un moment de silence, sa voix résonnant dans l'air chargé de tension, chaque mot frappant Loki comme des coups de tonnerre. Stendhal détourna le regard, se perdant dans la contemplation du jardin à travers la baie, comme si la beauté de l'extérieur pouvait apaiser la douleur qui faisait rage en lui.

— Je vous demande pardon ?! interrogea Loki, persuadé d'avoir mal entendu.

— J'ai dit qu'elle était morte... MORTE ! Le cri de Stendhal éclata comme une détonation, brisant le silence pesant. Loki sentit quelque chose se fissurer en lui, une terreur sourde s'installant, comme si chaque syllabe était une lame enfoncée dans son âme. Qu'est-ce que vous ne comprenez pas ? continua-t-il, sa voix étrangement calme, mais teintée d'une colère sourde qui grondait sous la surface. Son regard était vide, comme un abîme sans fond, et il murmurait, presque comme une incantation : "Elle est... morte !"