Réunion

29 4 9
                                    

Loki se baissa sur le sol, se résignant au fait qu'il ne portait pas de gants comme il avait l'habitude de le faire. Il posa le revers de sa main sur le cou de la jeune femme, cherchant à situer sa température. Elle était encore tiède, ce qui voulait dire que la mort remontait entre cinq et six heures.

Aucune griffure, aucun signe qui prétendait qu'elle ait dû se battre contre son agresseur. Le sang qui ruisselait s'échappait plus précisément de son arrière-crâne. Elle avait dû recevoir un coup terrible, la pauvre. Tout près de son corps, plusieurs morceaux de porcelaine, provenant sans doute d'une lampe brisée, s'éparpillaient sur le sol. Pourtant, Loki écartait l'idée que la lampe ait pu servir d'arme, préférant penser qu'elle avait été écrasée contre une surface plus vaste, comme le sol ou le mur, en raison des milliers d'éclats qui jonchaient le sol, témoins silencieux de la violence qui avait eu lieu ici.

Loki se leva et arpenta la pièce avec précaution, chaque pas résonnant comme un écho de la tragédie. Le froissement délicat sur le lit laissait entendre qu'elle s'était peut-être déjà couchée avant la visite de son agresseur, un moment de vulnérabilité tragique qui contrastait avec la brutalité du crime. Sur la coiffeuse, un verre de vin vidé à moitié trônait parmi les piles d'accessoires féminins, une façade de normalité qui ne pouvait masquer l'horreur sous-jacente. Si l'on comptait le verre brisé trouvé devant la porte, cela faisait deux verres, symboles d'une soirée qui avait tourné au cauchemar, elle avait donc reçu quelqu'un au cours de la nuit, ou peut-être avait-elle juste pris un verre avec son mari dans l'après-midi et avait oublié de demander à le faire descendre par la suite ? Dans ce cas là,  pourquoi le verre serait-il encore plein ? Amèrement Loki regretta d'avoir laissé ses équipements il aurait pû prélever des empreintes sur l'un de ses objets. Mais ce n'était pas comme s'il pouvait savoir que ses vacances allaient être aussi mouvementé.

Loki traversa le corps de la jeune femme, prenant soin de ne pas laisser ses souliers toucher le sang, et se trouva en moins de deux devant la coiffeuse. Des bijoux scintillants, des colliers en argent et des boucles d'oreilles ornées de pierres précieuses, furent tout ce qu'il trouva en dépit du verre de vin. Prenant le verre, Loki le porta près de son visage, scrutant la surface pour déceler des traces de lutte ou de poison, mais ne décela rien d'anormal. Prudemment, il déposa le verre, le regard perdu dans la réflexion de la lumière sur le cristal, avant de contourner la chambre.

En se dirigeant vers la douche, il ne manqua pas de repérer les gouttelettes de sang éparpillées sur le marbre blanc, comme des éclats de rubis perdus dans un océan de pureté. Elles débutaient devant le lavabo, où une serviette enroulée était encore humide, et continuaient en zigzag jusqu'à la fenêtre, recouverte d'un grand rideau d'un bleu pâle. Loki se pencha un peu en avant, observant les traces de sang sur le tissu, comme une empreinte de désespoir. Elle avait dû se cramponner au rideau, car les marques de ses doigts étaient encore visibles, et la partie inférieure était couverte de sang encore visqueux, comme si elle avait tenté de se relever. Ouvrant d'un trait les rideaux, il laissa entrer la lumière, le soleil y pénétrant comme s'il attendait ce moment depuis des lustres, révélant les détails cachés de la pièce.

Alors qu'il revenait sur ses pas, Loki vit un portable sur le sol près de la table de chevet qui se trouvait à l'aile gauche du lit. Se demandant brièvement s'il pourrait appartenir à la victime, il alla le ramasser, l'écran était intact, brillant comme un témoin silencieux des événements récents. Alors qu'il l'allumait, un cri de terreur retentit dans le couloir, un son aigu qui semblait briser le silence matinal.
Vivement, Loki leva la tête et vit Catherine, les mains couvrant sa bouche, debout dans l'embrasure de la porte, son visage blême. Ses yeux, grands ouverts, reflétaient une panique palpable, comme si elle venait de voir un fantôme. Il déposa le téléphone sur la table de chevet, se promettant qu'il reviendrait plus tard, mais pour l’instant, il devait la faire déguerpir d’ici; c’était à peine si elle n’avait pas déjà réveillé toute la maison. L'entraînant par les bras, Loki referma derrière lui la porte avec un fracas étouffé, comme un coup de tonnerre dans le calme. Dans cet espace empreint de désespoir, Loki ne pouvait s'empêcher de penser à la confiance trahie, à la fragilité des relations humaines. Qui pourrait en vouloir à ce point à cette brillante jeune femme? La vérité, aussi sombre soit-elle, semblait se dissimuler derrière des apparences trompeuses, et Loki était déterminé à percer ce mystère, à révéler les secrets que cette pièce murmurait encore.







































L'énigme Du Cœur Brisé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant