L'énigme Du Cœur Brisé

Le jeu 1/2

Alors que Jacob atteignait le sommet des escaliers, un bruit sourd retentit derrière lui, comme si quelque chose ou quelqu'un venait de tomber. Il se retourna brusquement, le cœur battant, et aperçut une silhouette se glissant furtivement dans l'ombre. Un frisson d'angoisse lui parcourut l'échine, et il comprit qu'il n'était peut-être pas seul à l'étage. Il fronça les sourcils, avec autant d'hommes de main dans la villa, il n'y avait pas de quoi sursauter au moindre bruit. Comme n'ayant jamais hésité, il reprit sa route et se dirigea vers la chambre où gisait le corps sans vie de Rosa. Il hésita un moment avant d'ouvrir la porte, mais il voulait la voir, ne serait-ce que pour lui dire adieu.

Accroupi sur le sol d'abord, il se laissa ensuite choir près d'elle. Elle était pâle, très pâle, mais malgré l'absence vitale de son visage devenu monotone, elle restait encore belle, comme une œuvre d'art dont on peut jadis deviner la splendeur, ses yeux étaient clos comme si elle attendait un tendre baiser pour se réveiller.  Jacob passa une main tendre sur ses cheveux, ses cheveux qu'il aurait aimé avoir eu la chance de toucher avec son accord, mais cela importait peu à présent, elle ne pourrait plus lui en vouloir. Pris d'une envie irrésistible de l'embrasser, il posa légèrement ses lèvres sur les siennes avant de se laisser aller avec plus de fougue. Il s'en foutait que quelqu'un le prenne au fait, il n'y pensait même pas tout ce qui importait c'était elle et lui.

Au bout d'un moment Jacob se reprit, conscient que ce qu'il faisait n'était pas une chose bien. Il se redressa et prit sa tête entre ses mains, même morte elle la rendait encore fou. Se relevant, il se dirigea vers la porte-fenêtre peut-être à la recherche d'un peu d'air et tira le rideau avant d'ouvrir en grand la fenêtre.

📖📖📖

Au bord de la table, personne ne souffla mot comme s'ils avaient tous perdus l'usage de la parole. Les assiettes restèrent comme elles avaient été servi. L'absence de Rosa ne passait pas inaperçu. La place près de Stendhal resta vide, tout comme son être intérieur. Il était là physiquement mais son âme avait disparu avec Rosa, il ne fit même pas semblant de prendre quelques bouchées de son assiette.
— Je pense que personne n'a envie de manger après cette horrible découverte ! Nous avons tous perdu l'appétit ! dit Frederick en déposant le couteau qu'il tenait entre ses doigts.

Catherine suivit le geste de son cousin et repoussa son assiette.
— Je me demande comment c'est arrivé, c'est vrai, hier elle était parmi nous, vivante et maintenant elle est morte, c'est presqu'irréaliste !

— Je pense que nous nous devons de faire justice à cette jeune femme qui n'a rien demandé, ajouta Loki, pas vous ?

— Qu'entendez vous par "rendre justice " n'est-ce pas un accident ?

— Malheureusement non ma chère, je trouve improbable que Rosa se fracasse l'arrière du crâne toute seule sans qu'il n'y ait eu aucune substance dangereuse qui pourrait occasionner une chute mortelle, soit quelqu'un l'a brutalement poussé,  il posa les yeux sur Jacob, soit elle a reçu un violent coup, les deux cas restent encore sans preuves mais fortement probables.

Catherine poussa un faible cri de surprise.
— Oh ! C'est effrayant !

— Ça l'est ! approuva Loki, mais pis encore réside dans le fait que le coupable soit probablement l'un d'entre vous !

Frédérick se gratta la gorge.
— Je vous demande pardon, c'est absurde !

Jacob daigna enfin relever la tête de son assiette et croisa les bras l'air défiant.
— Comme par hasard, vous ne faites pas partie de la liste, n'est-ce pas ?!

— Perspicace ! répondit simplement Loki.

— C'est quoi votre motif ? Vous ne la connaissiez pas !

— Assez bavardé ! Venons-en au fait, est-ce toi qui l'as tué ?

Fou de rage Jacob se leva de la chaise en renversant la chaise.

— De quel droit osez-vous m'accuser ! Pourquoi je l'aurais tué, vous croyez...

Catherine passa près de lui et le pria de se rasseoir en relevant la chaise.
— C'est grave ce que vous faites monsieur Lombard ! On est tous affecté par la mort de Rosa, personnellement je ne la portais pas dans mon cœur mais vous ne pouvez pas m'accuser délibérément, je sais qui je suis et vous non, alors arrêtez de nous suspecter nous ne sommes pas des assassins !

— Je comprends que ça vous dérange mais je ne fais que mon travail !

— Votre travail ! répéta Jacob plein de rage, je ne pense pas qu'on vous ait engagé...

— Si, le coupa Stendhal qui n'avait rien dit jusqu'ici, je l'ai engagé ! et il sortit de table.

Un sourire triomphale se dessina sur les lèvres de Loki prenant sa tasse de thé il la leva vers Jacob. Il avait gagné, il gagnait toujours et si Stendhal l'engageait là encore il gagnerait.
D'un œil espiègle Loki les regardait un à un tous statufiés. La mort de Rosa n'était pas un accident et il savait pertinemment que derrière tous ces visages quelqu'un faisait semblant, restait à savoir qui.