Rester à sa place

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Marcus observait le ciel légèrement voilé, s'ennuyant à mourir devant son pupitre. Il savait déjà lire et écrire, lui. Il aurait préféré arpenter la bibliothèque des Malfoy, profiter de tant de savoir. Il avait une chance unique, mais ses parents l'avaient forcé à venir dans cette pièce, à subir l'hésitation de Drago à la lecture, et devait faire alors des lignes.

— Marcus ? Voulez-vous bien poursuivre la lecture ? Demanda le vieux précepteur boutonneux.

Marcus le fixa, avec froideur. Il eut un petit rictus en remarquant le frisson du vieillard qui toussa et préféra alors encourager Drago à continuer, lui assurant qu'il était doué et fort intelligent. Marcus, six ans à présent, attendait la fin des heures d'études à apprendre l'alphabet, à lire des contes qu'il trouvait nul, ou à reproduire avec une plume les lettres sur du parchemin. Il s'appliquait un peu, mais rien de plus.

— Ce sera tout pour aujourd'hui, annonça enfin le précepteur.

Drago sourit, le menton haut. Il avait sûrement l'impression d'être surdoué et même d'avoir classe tout seul. Marcus sortit le premier, se dirigea immédiatement dans la bibliothèque de la famille et surtout vers une vitrine. Il était tout seul. Il posa sa main sur la serrure qui émit un petit déclic puis ouvrit la porte et attrapa un gros grimoire. Il alla s'asseoir sur la banquette sous la grande fenêtre et commença sa lecture.

— MARCUS !

Il déglutit. Ce n'était pas son père ou sa mère mais pire : son grand-père, si fier de son sang, des traditions et surtout qui avait toujours une excuse pour dénigrer le plus jeune des enfants Malfoy, de quelques minutes.

Marcus attendit, l'oreille tendue.

— Père ? Pourquoi criez vous ?

Marcus souffla. Son père était distant avec lui, mais il n'était pas méchant. Il le protégeait comme il pouvait contre un Abraxas haïssable. Le garçon attendait d'en entendre plus, mais sûrement que son grand-père se plaignait de lui dans le bureau de Lucius. Il reprit donc sa lecture. Sa mère allait sûrement dormir avec lui cette nuit, comme de plus en plus après une colère du vieux Malfoy. Elle, non plus, ne l'aimait pas. Ils étaient au moins deux.

— Marcus, appela son père quand il sortit de la bibliothèque pour aller dîner.

— Père ?

Lucius avait le regard sombre et bas.

— Dans mon bureau, ordonna-t-il.

Marcus obéit, mais avec beaucoup d'appréhension. Le bureau était un lieu sacré, la pièce de Lucius. Seul les plus proches amis et Abraxas y étaient invités. Marcus resta droit devant le bureau, les poings serrés.

— Marcus, il faut que tu étudies, dit Lucius en obligeant son fils à le regarder. Ton précepteur s'inquiète. Pourtant, il dit que tu écris avec beaucoup de soin et d'adresse. Il dit même que tu es en avance, mais tu ne fais aucun effort.

Marcus fronça des sourcils.

— Je... je sais déjà ce qu'il nous enseigne, dit-il. Je m'ennuie.

— Tu... tu sais déjà lire ? Pouffa Lucius,

— Oui. Je sais aussi compter.

Lucius tira alors un fauteuil.

— Assis toi.

Marcus obéit. Lucius attrapa un livre, l'ouvrit et le posa sur les genoux de Marcus.

— Lis, dit Lucius.

Marcus soupira. Il attrapa le livre et arqua un sourcil.

— Pourquoi vous intéressez vous aux Murlap ? Demanda-t-il. C'est moche et juste utile pour ingrédient de potion.

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