Quand je retourne dans la chambre de Charlotte, j'essaie de ne pas m'effondrer. J'essaie de soutenir ses parents, Charles, Lucas. Je m'effondrerais quand je serais chez moi. De toute façon, tout va bien se passer. La vie ne peut pas être si dure.
Je m'assois sur la dernière chaise libre. Je prends la main de Charlotte et la caresse.
¾ Qu'est-ce que tu nous as fait. Je sais que t'aime bien nous faire des frayeurs et franchement là, tu t'es surpassé. Ecoute, ça a assez durée, alors tu peux te réveiller maintenant okay ? dis-je, tendrement.
Je lui embrasse la main et la regarde. Ses cheveux sentent encore la cigarette et son maquillage a coulé. Je ferme les yeux et prie. Je ne sais pas quel dieu, tous peut-être, je m'en fou. J'ai juste besoin d'aide.
Je suis arraché de mes pensées par le bruit de la porte coulissante. Je me retourne, pensant poser mes yeux sur une infirmière. Quand je reconnais son visage, si distinct, si irritant, je n'arrive plus à contenir ma colère et je ne suis pas la seule. Je me lève de ma chaise, avance avec détermination vers lui, le poing en l'air. Je suis coupé dans mon élan par Charles qui vient écraser son poing sur le nez de Tom. Je reste bloqué, juste derrière Charles. Le silence règne dans la chambre, plus personne n'ose bouger.
¾ Faites ça dehors, vous n'arrangez rien ! hurle la mère de Charlotte, encore en sanglot.
¾
Charles attrape Tom par le col et l'entraine dans le couloir. Je les suis, incapable de me calmer.
Charles l'emmène en dehors de l'hôpital.
¾ Dégage. Quel culot, venir ici, après tout ce que tu lui as fait subir ? J'espère que tu mourras d'une mort atroce et que tu finiras en enfer sale pourriture. Si tu te repointe, je t'arrache la tête.
Je reste en retrait, prête à en venir aux mains si la situation s'y prête. Tom sourit, il crache du sang par terre. Il me regarde puis me pointe du doigt.
¾ C'est de ta faute, depuis le début, t'étais entre elle et moi, entre Charles et elle. Tu le sais, non ? Elle est amoureuse de toi ! Je te paris que t'as fait quelque chose de mal, et c'est pour ça qu'elle a essayé d'en finir. Tu devrais la taper elle, pas moi ! hurle-t-il.
Les gens aux alentours nous regardent. Je me sens épié, jugé. Ses mots raisonnent en moi. Charles, qui me voit m'effondrer, prend ma main.
¾ Ne l'écoute pas, c'est un pervers narcissique, un manipulateur ! essaie-t-il de me rassurer.
C'est trop tard. Ce mot, amoureuse, sonne dans ma tête comme le clocher d'une église à midi. Je repense à son comportement après la soirée, elle était énervée. Elle était peut-être jalouse ? Je ne sais plus quoi penser. Je fixe le sol pendant que Charles demande à la sécurité de l'hôpital de ne plus laisser entrer Tom.
Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. J'enfuis ma main droite dans la poche et la laisse sur le téléphone sans le sortir. Ma tête va exploser. Pleins de choses s'y bousculent, la serveuse, Charlotte, ma sexualité. Je ne sais plus où j'en suis.
¾ ...line ! Pauline ! hurle Charles.
Il me secoue pour me faire revenir à la réalité.
¾ Pardon, j-j-je... bégayé-je.
¾ Je vais appeler un taxi pour te ramener chez toi. Tu dois te reposer, dit-il.
Lucas, qui a observé de loin toute la situation s'approche. Il me montre son téléphone pour me faire comprendre que c'est lui qui m'a appelé.
¾ Je vais rentrer aussi, et puis tu ne peux pas laisser ta voiture ici toute la nuit, si tu te sens capable, on rentre chez moi, dit-il.
Je le regarde mais je ne le reconnais pas. Mon cerveau n'est pas là.
¾ Okay, dis-je.
Je ne suis pas capable de conduire, ni de penser. Pourtant, je dis en revoir aux parents de Charlotte, embrasse ma meilleure amie sur le front et fais un câlin à Charles. J'entre dans la voiture, démarre et sans vraiment m'en rendre compte, arrive dans le parking de la résidence de Lucas. Je me gare et nous montons dans son appartement. Il me tend un short et un t-shirt mais je suis déjà en culotte et en soutif quand je m'allonge sur le canapé.
¾ Tu peux dormir dans mon lit tu sais, dit-il.
Je l'ignore. Il entre dans sa chambre et nous ne parlons plus avant le lendemain.
Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, j'ai attendu le coup de fil de Charles qui n'est jamais venu. Pas de nouvelle, bonne nouvelle. Lucas sort de sa chambre. Il s'assoit à côté de moi et pose sa tête sur mon épaule.
¾ Tu n'y est pour rien, arrête de te triturer le cerveau, dit-il.
J'éclate en sanglot, enfin assez confortable pour pleurer. Il me prend la main. Je me sens tellement rassurer et protéger. Je ne le mérite pas.
¾ Honnêtement, je ne sais plus quoi penser. Tu crois qu'elle est vraiment amoureuse de moi ? Et que c'est pour ça qu'elle a essayé d'en finir ? demandé-je.
¾ Je peux te répondre franchement ? lance-t-il.
Je me redresse et il en fait de même, je le regarde dans les yeux avant de lui répondre.
¾ Oui, affirmé-je.
¾ Je pense que c'est toi qui es amoureuse de Charlotte, et depuis longtemps, dit-il.
Je le regarde, mes larmes se remettent à couler. Je crois qu'il a raison. Je crois que je l'ai toujours aimé.
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Le grain de sucre (GXG)
RomancePauline ne croit pas vraiment au destin ou à ce genre de trucs. Elle vit une vie instable mais plutôt heureuse. Les choses simples sont les meilleures. Elle ne pense pas qu'un simple grain de sucre en plus dans son café, pourrait mener à de tels évè...