Chapitre 6 : L'addition

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Aujourd'hui, Charlotte sort de l'hôpital. Personne n'a osé lui poser la question fatidique. Les médecins ont prescrit une prise en charge psychologique. Les parents de Charlotte n'ont pas hésité une seconde et ont contacté le même psychologue qui s'était occupé d'elle à l'époque de Tom. J'ai l'impression que je peux enfin respirer. Quand je rentre chez moi, j'ai l'impression que j'ai passé 10 ans dans ce maudit hôpital.

Mon appartement est propre et rangé. Je regarde le sol et vois qu'il est propre, plus propre que quand je suis partie. Je me précipite dans ma chambre et reconnait la veste de ma mère posée sur la chaise de mon bureau.

- Maman ?! m'exclamé-je.

- Et papa ! entendais-je derrière-moi.

Je me retourne et découvre mon père avec un sac remplis.

- Oh ma chérie ! Comment vas-tu ? Dès que tu nous as dit pour Charlotte, on a pas pu s'empêcher de venir te donner un coup de main ! Oh ma petite puce, tout va bien ? s'inquiète-t-elle.

Je manque d'étouffer sous l'étreinte de ma mère. Dès que je suis dans ses bras, j'ai l'impression d'être une enfant à nouveau, ce n'est pas désagréable. Mon père me caresse le dos. J'ai envie de pleurer, mais devant eux.

- Tout va bien, elle rentre à la maison aujourd'hui, informé-je.

- Super ! On ira lui faire un petit coucou dans la semaine ! dit ma mère.

- La semaine ? Vous allez rester longtemps ? demandé-je.

- Dites-donc, cache ta joie ! rouspète ma mère.

Je me jette sur le lit, heureuse de n'avoir aucune tâche ménagère pendant une semaine mais dépité de ne plus pouvoir faire ce que je veux. Même si j'ai dépassé la vingtaine, mes parents veulent contrôler ma vie. Pourtant je leur ai prouvé que je ferais toujours le contraire de ce qu'ils disent.

- Des nouvelles de Paul ? demande ma mère.

- Paul ? rétorqué-je.

Je marque une pause pour réfléchir.

- Ah Paul, comme dans Paul mon ex ? lancé-je.

Elle acquiesce sans dire un mot. Je la regarde perplexe. Elle a toujours pensé qu'on se marierait et qu'on aurait des enfants mais on s'est quitté, sans état d'âme. On ne s'aimait pas vraiment, on se supportait.

- Aucune, affirmé-je.

Elle baisse la tête. Elle semble pensive.

- Je ne sais pas si je dois te le dire... dit-elle.

- Maintenant que tu as commencé, autant aller jusqu'au bout.

- Et bien, je sais que tu m'as dit que tu ne l'a jamais aimé et que même niveau « en dessous de la couette » ça n'allait pas. Je te crois maintenant.

Elle me tend un papier. C'est un faire-part.

Paul et Finley est écrit sur l'enveloppe. Je commence à sourire. J'ouvre doucement l'enveloppe. Paul et Finley vous invite à leur mariage en Dordogne !

Je ne retiens pas mon fou rire. Ma mère, qui est déjà passé à autre chose, continu à passer la serpillère.

- Je vais sûrement y aller, annoncé-je.

Ma mère acquiesce. Elle a l'air plus perturber que moi par cette annonce.

- Bon j'ai finis la cuisine, on va se boire un café ? lance mon père.

Je me lève d'un bon et suis mes parents. Quand nous arrivons devant le café, je me souviens de la serveuse que j'avais momentanément oublié.

Nous nous asseyons et comme par hasard, elle vient prendre notre commande.

- Deux cafés et un jus de pomme s'il vous plait, commande ma mère.

- Tout de suite Madame, répond la serveuse.

Elle récupère les cartes des boissons et me lance un regard enflammé.

- Tu la connais ? demande mon père, qui a remarqué.

- Pas vraiment ! m'empressé-je de répondre.

Mon comportement les rend curieux, mais l'idée que j'ai pu avoir une aventure avec une fille ne leur traverse pas l'esprit. Ce n'est pas qu'ils sont contre, c'est que je n'ai jamais émis l'idée que je puisse être attiré par les filles. Ils continuent leur conversation comme si de rien était. Je reste immobile sur ma chaise, j'ai peur de faire un geste qui pourrait me trahir.

- Et voilà ! dit la serveuse qui pose les différentes boissons sur la table.

Elle pose également l'addition sur la table, ce qui me rappelle que je dois régler la note de la dernière fois.

- Attends, je dois régler pour la dernière fois ! m'exclamé-je pour qu'elle ne parte pas.

- T'inquiète, c'est moi qui offre, dit-elle en me faisant un clin d'œil.

Je manque de m'effondrer. Elle est très avenante. Mes parents ne semblent pas avoir compris, ce qui me soulage. Nous discutons de Charlotte et de ma recherche d'emploi qui n'avance pas.

Je tends la main pour prendre l'addition. Avant que mon père ne se révolte, je me lève et fonce vers le comptoir. Je me retrouve nez à nez avec la serveuse. Je lui tends machinalement l'argent. Pendant qu'elle fait la monnaie, je regarde l'intérieur du bar. Je n'y entre que très rarement, la terrasse étant exposé en plein soleil, je préfère m'assoir dehors. Je remarque une feuille accrochée derrière le comptoir.

« Recherche serveur/se, expérience requise. »

- Vous chercher quelqu'un, demandé-je en pointant du doigt la feuille.

- Oui, t'es intéressé ? demande-t-elle.

Je ressens soudainement une pression. Mon père qui est venu pour me gronder, a entendu la conversation.

- Super ! C'est parfait, juste à côté de chez toi et en plus tu connais les employés ! s'exclame-t-il.

- C'est vrai que c'est bon plan, en plus tu m'avais dit que t'étais serveuse non ? Donc t'as le profil. Apporte-moi un CV et je le montre au chef, dit-elle.

Elle à l'air si décontracté que cela me tend.

- Ok, répondais-je, sans vraiment savoir où tout cela pourrait me mener.

Le grain de sucre (GXG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant