L'après-midi passe et le juge n'a toujours pas appelé. Claire doit fermer le café alors nous décidons d'aller chez moi. Charlotte rentre chez elle et me propose de m'aider à organiser l'enterrement de vie de jeune fille. J'ai l'impression d'avoir retrouvé ma meilleure amie.
Je prépare des biscuits et commence à couper du saucisson pour nourrir toutes les bouches que j'ai accueilli chez moi. Nous essayons de parler de tout et de rien mais nos pensées sont obnubilées par l'annonce de la décision du juge. Je pose les assiettes sur la table basse devant la télévision. Claire se jette sur les biscuits apéritifs. Nous commençons à parler des problèmes d'une femme enceinte, comme dormir, prendre la douche, faire l'amour. Nous commençons un peu à nous détendre quand le téléphone de Asma sonne enfin. Elle décroche à la hâte. Elle nous fait signe pour confirmer que c'est bien la secrétaire du juge Martins. Elle semble déçue. Je sers la main de Louna tellement fort que je suis à deux doigt de la briser.
Asma raccroche enfin. Elle nous regarde, pose son téléphone.
- Alors ? finit par demander Claire.
- Alors... C'est bon tu as la garde d'Azraq ! s'exclame Asma.
Louna s'effondre sur le canapé. Elle fond en larme. Je me jette sur elle pour l'enlacer. Je n'arrive pas à contenir ma joie. Claire et Asma se joignent à nous. Tout est rentré dans l'ordre, maintenant, nous pouvons être heureuses.
- On a pas de lit pour lui ! Demain faut qu'on aille acheter pleins de trucs ! Et puis, faut vider la chambre d'ami ! dis-je, toute excitée.
- On viendra vous aider ! affirme Claire. Enfin, je vous soutiendrais et Asma vous aidera, précise-t-elle.
Nous rigolons. Je me dépêche de sortir une bouteille de champagne que j'avais acheté au cas où. Je sers du jus de pomme à Claire et nous fêtons la bonne nouvelle. Nous l'annonçons à Lucas et Hassan par FaceTime puis à Charlotte. Tous le monde nous félicite et est heureux pour nous. Nous décidons de l'annoncer à nos parents le lendemain.
Claire est vite fatiguée à cause du bébé. Elles décident donc de rentrer. Je les accompagne jusqu'à l'entrée de l'immeuble. Quand je remonte, je suis heureuse de me retrouver seule avec Louna. Elle a recommencé à pleurer.
- Tu crois que je serais une bonne mère ? dit-elle, en me regardant avec ses petits yeux verts pleins de larmes.
- Oh mon cœur, bien sûr et puis je suis là moi aussi, je pourrais t'aider, la rassuré-je.
- Je suis tellement heureuse de t'avoir à mes côtés. Tout ça ne serait possible sans toi, j'espère que tu le sais, dit-elle.
Elle colle son front contre le mien et nous nous regardons. Nous sommes en symbiose, nous savons que tout ira bien parce que nous sommes ensemble. Je l'embrasse et l'entour avec mes bras. Nous nous allongeons sur le canapé. Nous parlons des meubles que nous allons acheter. Nous voulons lui donner une éducation non genrée, donc nous n'allons pas acheter de jouer. Nous allons le laisser choisir. Ensuite, on lui achètera un lit neutre avec une couleur de drap neutre comme le vert ou l'orange. Peut-être des murs blancs et Lucas pourrait dessiner une fresque.
Nous nous endormons et rêvons de notre famille.
Le lendemain nous annonçons la nouvelle a nos parents. Bien sûr, ils sont fous de joie. La mère de Louna nous a déjà assuré qu'elle nous aiderait aussi bien financièrement que mentalement. Mes parents ont décidé de débarquer immédiatement, donc ils seront là d'ici un ou deux jours, le temps de préparer les choses. J'entends déjà mon père m'expliquer comment on met bien de la peinture et pas comme une flemmarde. Ils vont sûrement vouloir nous aider à tout faire alors nous avons décidé de les attendre pour acheter les différents meubles non essentiels. La première chose que nous allons acheter ce matin est un lit et une commode comme ça il peut commencer à s'installer. Cette après-midi, l'assistante sociale vient nous rendre visite. Il ne s'installera pas tout de suite mais nous voulons qu'il sache que nous préparons son petit cocon. J'ai hâte de le rencontrer.
Nous passons la plupart de la matinée à essayer de monter le lit que nous avons acheter chez IKEA. Claire et Asma nous ont apporté à manger.
- Tu sais pourquoi le juge nous a donné la garde ? demande Louna.
Asma, qui est entrain de mâcher le poulet au curry que Claire à fait, avale avant de répondre.
- Il a parlé avec Azraq et apparemment, il a répété des discours de haine que les parents de Fatma lui ont répété à longueur de journée, explique-t-elle.
L'expression de Louna change. Nous continuons le repas, elle ne dit pas un mot. J'essaie d'entretenir la conversation. Quand elles partent, j'essaie d'expliquer à Louna qu'il faut attendre les explications de l'assistante sociale. Elle est fermée, elle veut juste l'avoir avec elle. Je me sens un peu mise à l'écart. J'essaie de faire de mon mieux mais je n'ai aucune idée de ce qu'il va se passer. Je n'arrive pas à la rassurer.
La porte sonne alors je me précipite pour répondre à l'interphone. Louna se redresse. J'accueille l'assistante sociale qui a l'air très agréable. Azraq se cache derrière elle. Il me brise le cœur, il a l'air effrayé. Je propose un café à travailleuse sociale qui préfère un simple verre d'eau. Je les oriente vers le canapé. Louna semble presque figée sur place. Elle ne sait pas quoi faire, il n'a pas l'air de la reconnaitre. Il s'assoit à côté d'elle. L'assistante sociale lui explique que c'est sa tante et qu'elle va s'occuper de lui maintenant.
- Vous devriez lui parler, des fois les enfants reconnaissent la voix, propose l'assistante sociale.
Louna, hésitante, se penche vers Azraq. Elle n'a pas le temps de dire quoi que soit, l'enfant s'agrippe à elle. Il renifle sa chemise, comme s'il avait reconnu son odeur. De manière naturelle, Louna pose sa main sur sa tête pour la caresser. Les larmes coulent silencieusement sur ses joues. Elle laisse aller de toutes les anxiétés qui la rongeaient. Elle tend une main vers moi et nous nous enlaçons.
Après lui avoir montré les différentes pièces de l'appartement et expliqué que Louna a emménagé ici il y a quelques mois, il est temps pour Azraq de retourner au foyer. Louna, qui a retrouvé sa raison de vivre, est heureuse d'avoir pu passer ne serait-ce qu'une heure avec lui.
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Le grain de sucre (GXG)
RomancePauline ne croit pas vraiment au destin ou à ce genre de trucs. Elle vit une vie instable mais plutôt heureuse. Les choses simples sont les meilleures. Elle ne pense pas qu'un simple grain de sucre en plus dans son café, pourrait mener à de tels évè...