Chapitre 5 : Son amie

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Je reste bouche bée sur le canapé. Je regarde dans le vide en repensant à tous les moments que j'ai passé avec Charlotte. Nos diner, nos soirées à deux, nos piqueniques. Nous avons vraiment une relation de couple. Je me suis voilé la face. Pendant 23 ans, je pensais avoir un problème, je n'attirais pas les mecs ou peu. Enfaite, je n'étais pas intéressé par eux. J'avais juste besoin d'elle. Soudain, le visage de la serveuse me revient.

Je me relève d'un coup et prends Lucas dans mes bras.

¾ Qu'est-ce que tu veux ? râle-t-il.

¾ Je suis la pire amie, me lamenté-je.

¾ Pourquoi tu dis ça ? demande-t-il.

¾ Je viens de penser à la serveuse de l'autre soir, avoué-je.

Avec ses beaux yeux bleus, Lucas me regarde. Il essuie ma joue.

¾ Peut-être que tu devrais aller la voir, te changer les idées te ferais du bien, dit-il.

¾ Et toi à qui tu parles ? m'inquiété-je.

¾ Je trouverais bien quelqu'un sur Grindr, lance-t-il en arborant un sourire triste.

¾ Nan, je vais rester avec toi. De toute façon, je vais faire un tour à l'hôpital cette aprèm, annoncé-je.

¾ Moi aussi, affirme-t-il.

Nous restons un peu sur canapé avant de se décider à aller manger. Nous prenons des sandwichs dans la boulangerie du coin et prenons la route vers l'hôpital. Je suis un peu plus calme que la veille. Surement la fatigue. Je me gare devant l'établissement, laisse Lucas sortir avant de mieux positionner ma voiture. Le gardien me regarde, impressionner par les progrès que j'ai fait depuis hier. Je lui souris et marche vers l'entrée. Je pose un jus de fruit sur le comptoir de l'infirmière.

¾ C'est pour vous. Bonne journée ! lancé-je.

Nous marchons vers la chambre. Quand nous rentrons, sa mère est toujours à même place. Charles n'est pas là. Je salue le père de Charlotte et m'assois sur la chaise à côté du lit. Je prends la main de Charlotte, l'embrasse et la caresse.

¾ Hello mon cœur, j'ai des trucs à te raconter. J'ai retrouvé la mystérieuse inconnue. J'aimerais tellement que tu me donne des conseils. Tu sais comme je suis nulle en amour. Aller, je t'aime sale folle, raconté-je.

Lucas met sa main sur mon épaule. Je me lève pour lui laisser la place.

¾ Salut ma puce. Écoute, je sais pas trop quoi te dire. La vie est un peu grise sans toi. Je sais pas pourquoi tu as fait ça mais sache que personne ne t'en veux, on veut juste que tu reviennes. On te demandera rien, on veut juste pouvoir rigoler encore et encore. Reviens-nous vite, dit-il.

Il se lève et s'effondre dans mes bras. Je lui caresse la tête. C'est la première fois qu'il pleure depuis hier.

¾ Je m'excuse de débarquer dans un moment pareil mais j'ai les dernières analyses, annonce un homme planté au milieu de la pièce.

Je devine que c'est le médecin alors je m'écarte du lit pour m'approcher. La mère de Charlotte semble avoir momentanément repris ses esprits. A l'aide de son mari, elle se lève et s'approche à son tour du médecin. Bientôt, il ne peut même plus respirer.

¾ Euh... Alors..., hésite-t-il.

Il est jeune, j'ai dû mal à lui faire confiance. Il sort sûrement de la fac, c'est sûrement son premier cas et il ne sait pas quoi faire. Comme s'il lisait dans mes pensées, il se redresse et semble plus confiant.

¾ Les résultats sont bons, il n'y a pas de lésions cérébrales et son activité cérébrale est normale. Elle devrait se réveiller dans quelques temps, affirme-t-il.

¾ Merci ! dit Lucas.

Il enlace le médecin qui reste figé. Il ne s'attendait pas à cette réaction. Il se libère, gêné. Il s'excuse et quitte la pièce dans la hâte.

¾ Mmmmh !

Nous nous retournons pour découvrir Charlotte, les yeux ouverts. Elle essaie de parler mais le respirateur l'en empêche.

¾ Lucas, va chercher le médecin ! ordonne le père de Charlotte.

Lucas s'exécute et sort de la chambre en courant. A la surprise générale, il revient quelques secondes après.

¾ Calmez-vous mademoiselle, je vais retirer le respirateur. Je vais vous demander d'expirer s'il vous plait, explique-t-il.

Il retire le tube doucement, avec maîtrise.

Je me retiens de me jeter sur Charlotte. Je laisse ses parents faire pendant que j'appelle Charles. Après quelques minutes, il est déjà là.

¾ Déjà ? m'exclamé-je.

¾ J'étais en train de ma garer quand tu m'as appelé, parvient-il à dire, essoufflé.

Il s'approche doucement de Charlotte. Quand elle le voit, elle fond en larme.

¾ Je suis désolé... dit-elle.

Elle porte sa main à sa gorge.

¾ Il se peut que vous ayez mal pendant quelques jours, mais ne vous inquiétez pas, ça partira, explique le médecin.

Quand je vois Charlotte avec Charles, je sais que c'est ça le vrai amour. Elle ne m'a jamais regardé de cette façon. De la façon dont je la regarde. Malgré moi, les larmes montent. Elles s'écoulent doucement, paisiblement. Mon cœur est entrain de guérir, de comprendre pourquoi il a enfoui ces sentiments pendant 15 ans. Lucas passe sa main dans mon dos. Je lui souris. Je ne suis pas triste. Je suis libre. Charlotte tend son bras vers moi. D'un signe de la tête, elle me fait comprendre qu'elle veut m'enlacer.

¾ Je t'aime, lui glissé-je à l'oreille.

Ces mots mettent fin à ce chapitre de ma vie. Je suis prête à être son amie et seulement ça. 

Le grain de sucre (GXG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant