Le grain de sucre (GXG)

Chapitre 18 : Azraq

- Je dois absolument lui dire, affirmé-je.

Louna prend ma main.

- Attends, je dois tout t'expliquer, dit-elle. Fatma est officieusement son ex-femme. Je t'ai expliqué qu'il avait une petite amie quand il n'avait pas fait son coming-out. Enfaite, il y a eu un mariage arrangé. Ils ont couché ensemble une fois et le lendemain mon frère a fait son coming out. Fatma est tombé enceinte. Je t'ai menti parce que je ne voulais pas que tu prennes peur.

- Pourquoi j'aurais peur ? Je ne pense pas que ta mère te marie de force. Elle a l'air de te soutenir, dis-je, agacé.

- En vérité, j'ai honte. Hassan a abandonné son enfant. J'aime mon frère mais il a fait des erreurs, dit-elle.

- D'accord, j'ai compris, mais je comprends pas à quel moment tes amies sont impliquées dans cette histoire, m'énervé-je.

- Asma a un diplôme d'avocat et elle va m'aider à récupérer la garde du fils de mon frère, je vais m'occuper de lui. Je ne veux pas qu'il grandisse avec cette folle. Elle est entrain de lui retourner son cerveau. Ce matin, elle m'a dit qu'elle a déjà arrangé son mariage avec une autre famille. Il n'a que 4 ans. Mon frère ne peut pas s'en occuper, il n'en veut pas, il a l'impression que c'est la représentation de la vie que mon père lui a imposé, finit-elle.

- Pauline, tu dois comprendre dans quoi tu t'engage en aillant une relation sérieuse avec Louna, tu vas peut-être devoir t'occuper de Azraq mais aussi être impliqué dans des documents administratifs...

- Et je ne veux pas ça pour toi, on est jeune et j'aimerais que tu aies le choix. On est ensemble depuis peu et ce que je te demande est énorme, j'en ai conscience. Je ne te demande pas de me répondre aujourd'hui. Je voulais seulement que tu comprenne, dit-elle.

J'ai l'impression que le ciel m'est tombé sur la tête. Cette histoire d'amour que je pensais bien partie est entrain de tourner au vinaigre. Ma respiration s'accélère. J'ai l'impression d'étouffer, je dois sortir. Je me lève d'un coup et me dirige en titubant vers la sortie. Quand je suis enfin dehors, les larmes coulent. Je n'ai absolument aucune idée de ce que je vais faire.

Inquiète, Asma m'a suivie. Elle me prend par le bras et m'emmène vers un banc.

- Respire, me dit-elle. Tu es entrain de faire une crise panique, il faut juste que tu respire, explique-t-elle.

Je fais ce qu'elle dit mais le rythme de mon souffle de diminue pas. Elle prend mon visage entre ses mains et me regarde droit dans les yeux.

- Tu contrôle ton propre corps, tu es capable de contrôler ta respiration. Fais comme moi, inspire, expire, inspire, expire... ordonne-t-elle.

Nous inspirons et expirons en même temps pendant quelques minutes, jusqu'à ce que je me sente mieux.

- Ouf, tu m'as fait peur, j'ai vraiment cru que tu allais t'évanouir ! dit-elle, rassurée.

- Désolé, je ne sais pas pourquoi je suis comme ça, je... m'arrêté-je, en essayant d'étouffer le flot de mes larmes.

- Pleur, ça va te faire du bien, affirme-t-elle. La nouvelle que tu viens d'apprendre n'est pas facile à digérer... m'encourage-t-elle.

Elle prend un paquet de clope dans sa poche et sort une cigarette et un briquet. Je la regarde avec envie.

- T'en veux une ? demande-t-elle.

J'hésite quelques secondes avant d'accepter. Elle allume ma cigarette. Je prends une taffe et manque de m'étouffer.

- Ancienne fumeuse ? devine-t-elle.

- Oui... avoué-je.

- Louna va me tuer, rigole-t-elle.

- Louna... pensé-je à voix haute.

- Tu sais, elle veut juste ce qu'il y a de mieux pour son frère et son neveu... dit Asma.

- Elle avait ce plan avant de se mettre avec moi ? rétorqué-je.

- Oui... Mais elle ne t'a pas tout raconté... affirme-t-elle. J'ai connu Fatma et elle était super gentille. Comme tu peux t'en douter, elle n'a pas bien pris la nouvelle. Elle a essayé de... tuer l'enfant qui était en elle. Elle ne voulait pas qu'il soit gay. C'est Louna qui a sauvé le bébé. Elle l'a persuadé qu'elle pourrait s'en occuper et lui donner une bonne éducation. Au début, Azraq a vécu avec Louna, pendant un an, mais Fatma a voulu le récupérer parce que ses parents lui mettaient la pression. Louna a eu le cœur brisé. Tu es sa première relation depuis qu'elle n'a plus Azraq et je pense qu'elle commence à s'attacher à toi. Elle veut te protéger. Fatma n'est pas une bonne personne, elle fera tout pour récupérer Hassan.

- Je devrais prévenir Lucas ! m'exclamé-je. Il ne doit pas savoir ce qui l'attend, il est en danger !

Je sors mon portable et appelle Lucas.

- Attends peut-être que... Asma n'a pas le temps de finir quand Lucas décroche.

Je lui déballe tout ce que je viens d'apprendre, Fatma, Hassan, le bébé. Quand j'ai fini, il reste silencieux.

- Je suis désolé, tu dois être sous le choc... m'inquiété-je.

- Pauline... Hassan m'a tout raconté... Je suis au courant depuis le début... avoue-t-il.

- Et tu es d'accord pour t'engager dans une relation avec lui ? hurlé-je presque dans le téléphone.

- T'es où ? J'aimerais qu'on parle de ça avec Hassan et Louna, pas au téléphone comme ça, dit-il.

- On vient chez toi ! lancé-je avant de raccrocher.

Je me lève et entre dans le café.

- Viens, ordonné-je, en prenant la main de Louna.

- Pauline, on va où ? dit-elle, inquiète devant mon comportement.

- Chez Lucas, je veux en avoir le cœur net, affirmé-je.