TRIGGER WARNING : description de scènes de violences conjugales, violences, insultes et discussions autour du suicide.
Il y a 5 ans...
- Tom ! Tu viens avec nous au ciné ? demande Charlotte.
- Vous pouvez y aller sans moi, entre gonzesses, lance Tom.
Je le regarde avec mépris. Un vrai macho, assit sur un canapé qu'il n'a même pas payé, une bière à la main, un match à la télé. Charlotte prend son sac et m'entraine vers la sortie. Elle sort une cigarette, me la tend et en prend une seconde pour elle.
- Je comprends pas ce que tu fais avec ce mec, dis-je en tirant une taffe de ma cigarette.
- Tu vas pas commencer, gronde-t-elle. Et puis, je t'ai jamais demandé d'essayer de comprendre, continu-t-elle.
Je reste silencieuse, déçu par son refus de communiquer. Je monte sur le muret à la force de mes bras pour m'assoir en hauteur.
- De toute façon qui voudrait de moi, se lamente-t-elle.
- Personne, dans cette état-là, affirmé-je.
Elle monte à son tour. La manche de son pull remonte pendant un cours instant. J'écarquille les yeux quand je vois un bleu autour de son avant-bras.
- C'est rien, commence pas à t'inventer des trucs alors que je t'ai rien expliqué, prévient Charlotte.
- Vas-y explique, je suis tout ouïe, dis-je en essayant de contenir ma colère.
- J'ai cassé un vase et je voulais ramasser les morceaux et pour m'en empêcher, il m'a attrapé par le bras mais il ne voulait pas me faire de mal, c'était un accident, explique-t-elle.
- Si tu le dis, lancé-je.
J'ai essayé, ressayé, tout tenté. Je jette l'éponge. Je ne peux pas la sortir de ce merdier si elle ne veut pas. Elle pense mériter Tom, elle pense être une moins que rien, comme ses parents lui ont répété pendant des années. Elle ne voit pas ce que je vois.
- Bon, on va rejoindre Lucas ? dit-elle.
J'acquiesce. Je n'ai pas envie de sortir mais je préfère la voir loin de ce bourreau. Je la regarde marcher, les épaules recroquevillé, l'ombre de la fille que je connais.
- Ça se passe bien avec Paul ? demande-t-elle.
- Oui, mais j'ai pas trop envie d'en parler, répondis-je sèchement.
Et de toute façon je n'ai rien à dire, pensé-je.
Le reste du chemin est silencieux. Nous arrivons chez Lucas qui fait une fête en l'honneur de son admission en master d'histoire des arts.
- Enfin ! entendais-je au loin.
Lucas nous fait des signes au bout du chemin.
- Tu te fous de ma gueule ? entendais-je derrière-moi.
J'ai à peine le temps de me retourner que Tom me pousse et fonce à toute allure sur Charlotte. Je tombe sur le côté et rappe ma main contre les graviers sur le sol.
- Je croyais que t'allais au restau avec la gouine ! hurle-t-il.
Il se tourne vers moi et me prend par le col de ma chemise.
- Tu crois que je sais pas que tu veux te taper ma copine ? Tu sais ce qu'on fait au gouines chez moi ? On les viole comme des sales chiennes, jusqu'à ce qu'elles aiment ça ! continu-t-il.
Il me regarde avec haine, je reste tétanisé, je ne sais pas quoi faire. Il sert son poing et le lance vers moi. Je vers les yeux. J'entends le bruit du poing contre quelque chose mais je ne sens rien. J'ouvre les yeux et découvre de Charlotte s'est interposé, elle lui tient le poing.
- Tu peux t'en prendre à qui tu veux mais pas à elle ! hurle-t-elle.
Il parvient à se libérer. Il respire fort, comme un animal.
- Putain me dit pas que tu veux la lécher toi aussi ! cri-t-il. Lève-toi ! ordonne-t-il.
Charlotte ne bouge pas alors il l'attrape par les poignées. Il la lève de force. Il la gifle. Mon regard se pose sur les jambes nues de Charlotte. Sa jupe est salle, pleine de terre. Ses jambes sont couvertes d'égratignures. J'ai envie de le tuer, de lui tordre le coup. Pourtant je reste plantée dans le sol pendant qu'il l'attaque.
Lucas, qui a ramené du monde, s'interpose enfin. Il demande à deux molosses de tenir en laisse le chien enragé pendant qu'il s'occupe de Charlotte. Une autre personne vient me voir. Je n'ai rien, juste mal à la main. J'entends des sirènes de police. Lucas soulève le corps sans vie de Charlotte et cours vers l'ambulance qui a suivi les policiers. Mon cerveau est vide, je ne pense plus. Je suis juste par terre.
C'est à ce moment-là que j'ai décidé de prendre les choses en main, et de ne plus jamais laisser Charlotte s'engouffrer dans des relations autodestructrices.
C'était en quelque sorte, sa première tentative de suicide.
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Le grain de sucre (GXG)
RomancePauline ne croit pas vraiment au destin ou à ce genre de trucs. Elle vit une vie instable mais plutôt heureuse. Les choses simples sont les meilleures. Elle ne pense pas qu'un simple grain de sucre en plus dans son café, pourrait mener à de tels évè...