Comme convenu, je suis devant la gendarmerie. J'attends Louna, qui a promis de venir avec moi. Je n'ai rien dit à Charlotte, je ne veux pas la ramener à cette réalité. Je regarde mes pieds, je frôle le sol avec mes converses.
- Nouvelles chaussures ? me lance une gendarme, venant voir ce que je viens faire devant son poste.
- Merci, vous êtes la première personne à me le dire ! avoué-je.
- Je peux vous proposez un verre d'eau ou même un café ? demande-t-elle gentiment.
- C'est très gentil mais j'attends ma copine. Elle ne devrait pas tarder... informé-je.
- Ah... Euh... Très bien... dit-elle, hésitante.
Je comprends qu'elle est mal à l'aise avec cette idée mais je me contente de sourire et de la laisser partir.
- Hey ! Désolé du retard ! hurle Louna qui court vers moi.
Elle s'arrête un moment pour m'embrasser.
- Prête ? demande-t-elle.
Sans attendre ma réponse, elle commence à se diriger vers l'entrée. Je la retiens en tirant doucement sur sa manche. Elle se retourne et prend ma main.
- Ecoute, tu te rappelle de ce que je t'ai dit hier n'est-ce pas ? Tu as tous les droits de te défendre, d'utiliser ce que la loi, ce que ce pays met à disposition pour te protéger d'accord ? Tu es un être humain avec des sentiments, des convictions et surtout, le droit de vivre ta vie comme tu l'entends. C'est peut-être pas la solution la plus fiable, on sait que les crimes comme ça ne sont pas souvent adressés mais au moins tu n'auras pas de regret, tu ne te diras pas dans 10 ans « J'aurais dû entrer dans cette gendarmerie. », essaie-t-elle de me motiver.
- Tu as raison... affirmé-je.
Je respire un bon coup, sers sa main et l'entraine vers l'entrée. Quand nous entrons, les gendarmes nous sourient. Ils ont l'air à priori très gentils. Ils regardent nos mains. Louna me la lâche soudainement, bien que je ne sache pas pourquoi. Je la regarde mais elle reste bloquée sur la femme qui est venu me voir à l'extérieur.
- Oui ? dit un homme assit derrière un bureau sur la droite.
Il me regarde de haut en bas. Louna me suit mais ne lâche pas la gendarme du regard.
- Je viens déposer plainte, affirmé-je.
- Crime anti-lgbt... je sais plus quoi ? demande-t-il avec méprise.
- Non, agression, rétorqué-je, agacée par son comportement.
- Suivez-moi, dit-il en se levant. Vous devez remplir ce formulaire et attendre qu'on vous appelle pour vous interroger, continu-t-il.
- M'interroger ? répété-je.
- Je parle chinois ? râle-t-il. Vous avez des témoins ?
- Une, affirmé-je en regardant Louna.
- Asseyez-vous, je vais chercher un autre formulaire pour votre... amie... dit-il.
Je regarde Louna qui est venu me rejoindre.
- Je comprends pas pourquoi il se sent obligé de te définir, je veux dire, s'il n'arrive pas à dire petite-amie, pourquoi ne pas juste dire « votre témoin ».
- Ca se voit que c'est ta première relation avec une fille ! rigole Louna, en me caressant le dos.
Je ne relève pas et commence à regarder le formulaire. C'est simplement une feuille de renseignement sur mon nom, mon âge, mon état civil, etc... Je le remplis rapidement. Je le pose à mes côtés et regarde Louna. Sa jambe bouge, elle semble stressée.
- Tu peux me dire ce qu'il se passe ? finis-je par demander.
- Rien, je te raconte plus tard, pas ici, explique-t-elle.
- Venez avec moi s'il vous plait, dit l'homme qui m'a accueilli.
Je me lève, prends mon formulaire et suis l'homme. En regardant son dos, je me rends compte qu'il est grand. Il doit mesurer plus d'un mètre quatre-vingts. Il ouvre une porte. J'entre dans un petit bureau. Il s'assoit derrière une table en plastique et bouge la souris de l'ordinateur posé sur la table.
- Alors, Pauline c'est ça ? lance-t-il.
- Oui, dis-je, sèchement.
- Vous voulez porter plaintes pour agression envers votre personne, n'est-ce pas ? continu-t-il.
- Oui, c'est ça, confirmé-je.
- Bien. Je vois sur le formulaire que vous accusez Monsieur Thomas Batcher de vous avoir agresser hier devant l'établissement où vous travaillez c'est bien ça ?
J'acquiesce. Il tape sur son clavier, l'air de s'emmerder. Il ouvre un tiroir à droite de sa chaise, en sort une boite de chewing gum et en prend un. Il commence à mâcher la gomme, tout en continuant à taper sur le clavier.
- Vous en voulez un ? me demande-t-il en secouant la boite.
- Non merci, dis-je.
- Bien, maintenant, racontez moi comment ça s'est passé, dit-il.
Je lui raconte la scène, les insultes, la chaise, l'extincteur.
- Donc, il ne vous a pas touché ? remarque-t-il.
- Et bien, il en avait l'intention, il a simplement été arrêté par ma copine, expliqué-je.
- Bien, dit-il.
Je le vois froncer les sourcils. J'ai l'impression qu'il minimise les faits. J'ai envie de voir ce qu'il écrit. Je m'approche du bureau et me penche vers l'écran. Il remarque que je commence à lire son rapport alors il tourne l'ordinateur.
- Vous verrez le contenu de la plainte à la fin, quand vous la signerez, affirme-t-il.
Je me repositionne et m'adosse sur le siège. Tout ça ne mène à rien, pensé-je.
- Avez-vous contacté la gendarmerie lors ou après cette altercation ? interroge-t-il.
- Non, avoué-je.
Il penche la tête. Je l'entends déjà me sermonner sur le fait que j'aurais dû filmer ou appeler la gendarmerie directement. Il tape une dernière phrase avant de me demander d'aller chercher Louna.
Quand je retourne dans la salle d'attente, Louna est entrain de parler avec la gendarme. Elle a sa main droite posée sur son front, comme si elle n'était pas confortable avec la situation et qu'elle discutait de quelque chose dont elle ne voulait pas parler. Quand elle me voit, elle s'écarte et me rejoint.
- C'est à ton tour, dis-je, perplexe par la situation.
La gendarme me regarde, puis retourne à son bureau. Je m'assois à la même place, en face de la gendarme. Je l'observe. Elle à l'air concentrée sur son travail, c'est presque comme si elle évitait mon regard.
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Le grain de sucre (GXG)
Storie d'amorePauline ne croit pas vraiment au destin ou à ce genre de trucs. Elle vit une vie instable mais plutôt heureuse. Les choses simples sont les meilleures. Elle ne pense pas qu'un simple grain de sucre en plus dans son café, pourrait mener à de tels évè...