Je me stop net et regarde autour de moi, il n'y a personne, à part les employés du bar. Je secoue la tête et continu à avancer vers Lucas. Nous nous asseyons à notre table.
"Des nouvelles de Charlotte ?" demandé-je.
Lucas me fait non de la tête. Je laisse échapper un soupir.
"Il vous faut quoi ce soir ?" demande la serveuse.
On la connait depuis quelques temps maintenant, je dirais qu'on est presque amis.
- "Une menthe à l'eau et un coca s'il te plait." commande Lucas.
- "Ça marche je vous amène ça." dit-elle.
Elle part alors nous reprenons notre conversation.
- "Ça me fait chier pour elle." dis-je.
- "Qui ?" demande Lucas.
- "Bah Charlotte !" continué-je.
- "Ah ! Ouais je sais... Mais je sais pas quoi faire pour la sortir de cette situation." désespère-t-il.
- "J'ai beau lui reprocher d'exister, Charles a su gérer quand même." avoué-je.
- "Oui, mais jusqu'à quand ? Je veux dire il est seul contre un mec complètement barjo et la justice ne fait rien." critique Lucas.
- "Et voilà ! Un coca et une menthe à l'eau ! Aufaite, t'a oublié ça chez moi !" dit la serveuse en me tendant une boucle d'oreille.
Je la regarde, choqué. Je touche mes oreilles et ne sens pas de boucle sur mon oreille gauche. Je regarde Lucas qui reste bouche bée.
- "Ah ! Le parfum !" hurlé-je en plein milieu de la terrasse.
Je me lève brusque et attrape sa chemise pour rapprocher mon nez de son cou. Je reconnais bien l'odeur.
- "Oh purée, c'est vraiment toi." réalisé-je.
Je me rassois sur ma chaise. Une question me brûle les lèvres. Je me les mords pour ne pas laisser échapper cette phrase. Lucas, trouvant la situation gênante, décide d'intervenir. - "Euh, désolé elle est fatiguée de la veille." explique-t-il.
- "Je viens bien te croire." dit-elle.
Elle me regarde de bas en haut et retourne au bar. Je reste planté sur ma chaise à fixer mon verre.
- "Euh..." parviens-je à faire sortir.
- "Il vient de se passer quoi là ?" termine Lucas.
Je le regarde, l'incompréhension sur nos visages nous fait éclater de rire.
- "Faut absolument qu'on le dire à Charlotte !" s'exclame Lucas.
Il prend son téléphone posé sur la table et le déverrouille. Il semble lire un message. Son expression s'assombri et il se lève d'un coup. Je me lève par reflexe.
- "Qu'est-ce qu'il y a ?" m'empressé-je de demander.
Il devient de plus en plus pâle au fur et à mesure qu'il lit le message. Impatiente, je lui arrache le portable de la main. Je vois qu'il a plein d'appels manqués de Charles. Je commence par lire le message.
« J'arrive pas à te joindre, ni toi ni Pauline, alors je te le dis par message. Charlotte est à l'hôpital, elle a essayé de mettre fin à ses jours. Je suis avec elle. J'ai besoin de vous, elle a besoin de vous. S'il te plait, préviens Pauline et venaient. C'est urgent. Je sais pas si elle va s'en sortir. L'adresse de l'hôpital est :.... »
Je prends ma veste, prends la main de Lucas et commence à courir.
- "Hé, l'addition !" hurle la serveuse.
- "Désolé c'est urgent, met la sur notre note." crié-je.
Je cours tellement vite que je ne me rends pas compte que Lucas est entrain de rendre l'âme. Nous arrivons dans mon parking. Comme si je savais que j'en aurais besoin, j'avais pris les clés de ma voiture. J'ouvre la portière côté passager, jette Lucas et entre à mon tour du côté conducteur. Je démarre la voiture en vitesse et demande à Lucas de rentrer l'adresse de l'hôpital dans le GPS de son téléphone. Il reprend ses esprits et s'exécute.
Nous arrivons devant l'hôpital, j'abandonne ma voiture dans le parking et fonce à l'accueil. Lucas me suit sans vraiment comprendre la situation.
- "Mme. Salomny s'il vous plait." demandé-je, essoufflé.
- "Vous êtes de la famille ?" rétorque l'infirmière.
- "Pauline, Lucas ! Venez !" entendais-je.
Je me tourne et reconnais le père de Charlotte. Ses yeux sont rouges, colorés par les vaisseaux explosés.
- "Merci d'être venu." dit-il.
Il nous remercie mais il a l'air inconscient, comme un robot qui répète ce qu'on lui a appris. Par reflexe, je le prends dans mes bras. Lucas fait de même. Il nous amène à la chambre de Charlotte. C'est exactement comme dans les films. Elle est branchée de tous les côtés pourtant, elle a l'air paisiblement endormie. Je remarque d'abord Charles qui lui caresse les cheveux. Je m'approche de lui et mets une main sur son épaule.
- "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" demandé-je, en essayant de calmer mon cœur.
Il se tourne vers la mère de Charlotte, complètement à côté de ses pompes, sur le canapé. Il prend ma main et me fais signe de sortir pour discuter. Nous allons à une des machines à café dans le couloir. Charles sort une pièce de la poche de son jean. Il entre machinalement les pièces une par une avant de sélectionner une boisson chaude. Je ne veux pas le brusquer alors j'attends qu'il parle de son propre chef. Nous nous asseyons sur des chaises vers l'accueil. L'hôpital est plutôt désert. Il regarde son gobelet, passe son doigt autour de l'objet en carton.
- "Je sais pas ce qu'il s'est réellement passé. Je l'ai déposé à la maison, elle allait super bien. Elle m'a dit qu'elle allait se coucher. Elle avait l'air fatigué de la soirée alors je me suis pas posé de question. Je suis allé faire des courses pour le dîner. J'ai rencontré un ami et j'ai un peu discuté. Le temps que je rentre, il était déjà 20h. J'ai tapé à sa porte pour voir si elle voulait se lever pendant que je préparais le repas. Quand j'ai ouvert la porte, je..." explique-t-il.
Je sens que ça devient trop dur de parler. Je pose ma main sur son épaule pour l'encourager.
- "Je l'ai trouvé inconsciente, une boite de médicament vide à ses côtés." finit-il.
Je retiens mes larmes. Je n'ai pas envie d'aller la voir. Je ne veux pas savoir ce qui lui est passé par la tête. Je veux juste qu'elle s'en remette.
- "Les médecins, qu'est-ce qu'ils ont dit ?" interrogé-je.
- "Ils ont dit qu'ils avaient fait un lavage d'estomac et un ECG pour voir les dégâts sur son cœur. Tout va bien, c'est à elle de se battre maintenant. Ça peut prendre des heures comme des mois." affirme-t-il.
VOUS LISEZ
Le grain de sucre (GXG)
RomancePauline ne croit pas vraiment au destin ou à ce genre de trucs. Elle vit une vie instable mais plutôt heureuse. Les choses simples sont les meilleures. Elle ne pense pas qu'un simple grain de sucre en plus dans son café, pourrait mener à de tels évè...