Chapitre 4 : Khalys

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Chapitre 4 Khalys :

- Votre frère est dans un profond coma...

Mon cœur arrête de battre un instant, je suis partagé entre soulagement et douleur. Pendant que je suis complètement perdu, que je ne sais pas si je dois être heureuse ou malheureuse ce dernier continue :

- C'est un miracle que votre frère soit toujours en vie. Il a une pathologie rare, une anomalie congénitale qui fait que ses organes sont inversés, sans cela, la balle aurait touché son cœur, et il ne serait malheureusement plus là. Il faut s'estimer chanceux qu'il soit toujours en vie même s'il est dans le coma.

Je ne l'écoute toujours pas, voyant que je l'ignore celui-ci fini par quitter la chambre d'hôpital et nous laisser seules avec Elfenia.
À la seconde où il passe la porte, je m'écroule, plus de sourire de façade. Les larmes coulent d'un mélange amer de soulagement et de tristesse. Lors de cette soirée, la personne qui as fait ça m'as pris tellement de chose, elle nous as pris nos parents, notre avenir et à mis mon frère dans le coma. Entre la tristesse, le remord et le chagrin c'est aussi de la colère, une colère profonde et noire qui me ronge, une envie de torturer l'enflure qui as osé faire ça a ma famille, qu'il subisse tout ce que les miens on ressenti...
Ensuite, une foule de questions à propos de Dane m'assaillent. Et s'il ne se réveille pas ? Et s'il se réveille, comment lui expliquer ce qu'il s'est passé ? Le supportera-t-il ?
Je sens la crise de panique revenir à grande vitesse, je commence à étouffer et El réagi tout de suite. Elle attrape mes mains, plonge son regard dans le mien et me parle doucement.

- Lys regarde moi, respire avec moi.

Je me cale sur sa respiration, elle prend de grosses inspirations et expire lentement et au bout de quelques minutes, je finis par me calmer, mon corps se détend petit à petit.

- Ça va mieux ?

Quand elle pose cette question, elle transpire l'inquiétude, je sais qu'elle s'inquiète pour moi.

- Oui ça va mieux ça m'a calmer merci beaucoup, je suis désolé pour tout ça El.

- Ne t'excuse pas ma belle, tout ce que tu as vécu ces dernières 24 h est très dur, tu as le droit d'aller mal, d'être perdu et paniqué, ce n'est rien. Maintenant, repose-toi un peu ça te feras du bien, moi, je reste là. Et je suis sûre que ton frère s'en sortira, il est comme toi, c'est un battant.

Elle me fait un câlin, et cela soulage un peu mon cœur. L'espace d'un instant, j'oublie tout. Mais l'espace suivant, je suis à nouveau submergé par la culpabilité, les larmes coulent à nouveau comme elles l'ont fait régulièrement ces dernières heures, et le poids qui pèse sur ma conscience est trop lourd, il faut que j'en parle à ma meilleure amie même si sa vision sur moi change.

- C'est ma faute El. C'est à cause de moi s'ils sont morts, mes parents ne devaient pas se trouver là. J'aurais dû être rentré à 18 heures pour garder Dane, mais j'étais en retard. Tu entends EL, j'étais en retard, c'est ma faute putain, ils sont morts à cause de moi. Si j'avais été là, ils ne seraient pas morts.

Ma poitrine me fait un mal de chien, j'ai l'impression qu'elle se déchire en deux, la culpabilité me ronge, mes sanglots double d'intensité et elle me serre un peu plus dans ses bras. Les larmes coulent sur son joli visage et l'espace de quelques secondes elle paraît désemparé par mes aveux, elle se reprend vite et me répond avec son ton autoritaire.

- Ne dis pas n'importe quoi Lys, on ne sait pas ce qui se serait passé si tu avais été à l'heure, peut-être qu'il serait encore en vie ou peut-être que si tu avais été là ton frère et toi, vous seriez mort avec tes parents. Au contraire, ton frère est encore en vie aujourd'hui grâce à ça. Alors, s'il te plaît, ne sors plus jamais des conneries pareilles.

Je sens la douleur dans sa voix, sa dernière phrase claque, et je ressens qu'elle a mal pour moi. Qu'elle a peur pour moi. Elle prend plusieurs minutes pour se calmer, puis elle reprend :

- Maintenant, il faut que tu te focalises sur ton frère, et sur toi. Faire ton deuil ne sera pas facile, mais il va falloir que tu te relèves, que tu surmontes tout ça. Quand ce petit bonhomme se réveillera, car oui, je suis sûre qu'il se réveillera, il aura besoin de sa grande sœur pour faire son deuil à son tour et surmonter leur mort. Tu devras l'aider à grandir avec l'absence de ses parents. Et moi, je serais là pour toi afin de t'aider.

La tirade de ma meilleure amie me cloue sur place, cela me chamboule, elle n'est jamais aussi sérieuse, je ne la connais pas sous cet aspect, elle a vraiment la tête sur les épaules dans ce genre de moment. Mais si je suis objective, elle a raison même si ce n'est pas facile de l'admettre. Je sais qu'il y aura des hauts et des bas, mais je dois aller de l'avant, pour mon frère. Je dois utiliser ma tristesse et ma culpabilité pour être plus forte, plutôt que de me laisser aller aux regrets et aux remords. Et je dois retrouver ceux qui ont fait ça, il ne doit pas s'en sortir, je dois pouvoir dire à mon frère que la personne qui a fait ça a été arrêter. Il va falloir que je me persuade que je suis bien plus forte que ça.

- Tu as raison El, il faut que je me reprenne, il a besoin de sa grande sœur. Merci beaucoup d'être là pour moi.

- C'est normal et je serais là pour toi dans cette épreuve alors n'abandonne pas s'il te plaît.

- Promis, je n'abandonnerais pas, je vais aller mieux, ça va le faire.

C'est l'une des rares fois où je mens à ma meilleure amie, mais c'est ce qu'elle a besoin d'entendre et j'ai besoin de me persuader que ce que je dis est vrai.

***

Les heures qui suivent me paraissent durées une éternité, j'en suis délivré quand le médecin arrive enfin. Bordel, c'est fou comme je déteste les hôpitaux et leur odeur aseptisée. Le docteur me donne tout un tas de médicaments devant me calmer et m'empêcher les sautes d'humeur. Génial, j'imagine qu'il a peur que je me suicide. Et pour couronner le tout, il m'a collé une séance avec un psychologue une fois par semaine obligatoire, comme si je n'en avais pas déjà assez vu dans ma vie. Et bien sûr, je ne pourrais pas retourner au travail tant que celui-ci ne me jugerait pas apte à reprendre le travail. C'est vraiment que du bonheur, je pense que ces dernières 24 h ne peuvent clairement pas être pire. Putain ! M'empêcher de travailler, c'est loin d'être l'idée du siècle, je vais avoir beaucoup trop de temps pour penser à tout ça et broyer du noir. Ce que je faisais déjà depuis plusieurs heures quand Elfenia avait dû partir travailler, et bien sûr moi, j'étais coincé dans ce foutu hôpital encore une nuit !
Je suis donc seule dans une chambre bien trop silencieuse pour mon esprit tourmenté ou tourne ne boucle les mêmes questions.
Pourquoi eux ? Pourquoi ma famille ? Est-ce que mon frère va se réveiller ?
En moins d'une journée, tout mon monde, c'est retrouvé chamboulée, j'ai perdu presque toute ma famille, je ne sais même pas si mon frère se réveillera. Et je me retrouve seule à devoir surmonter tout ça. Je ne sais pas si j'y arriverais et je jure que je ne laisserais pas la personne qui a fait ça s'en sortir.

BattanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant