Moussaillon [BxB]

7: La Tanière du Loup

Quand je me suis réveillé ce matin, William était déjà parti. Probablement perché en haut du mât, le temps doit lui paraître long...mais je dois penser à moi avant de penser aux autres, j'ai plus important à faire.

Sur le pont tout le monde est déjà actif. Le bras droit du Capitaine, un certain Callum, m'intercepte avant que je ne me saisisse de la serpillière.

"Laisse ça, tu vas aider en cuisine aujourd'hui.

-La cuisine ? Où est-"

Il est déjà parti. Cet homme, froid et longiligne, ne m'inspire vraiment pas confiance...je préfère ne pas insister. Je vais la trouver tout seul.
Avant de redescendre en cale je lève les yeux sur le sommet du mât. J'arrive à peine à distinguer William, il a l'air concentré sur sa tâche, scrutant l'horizon avec une longue vue.

Dans la cale il fait sombre, il me faut du temps pour que mes yeux s'y fassent. Je trouve les réserves d'aliments entassés derrière l'escalier mais aucune trace de cuisine.
Mon ventre gargouille à la vue de toute cette nourriture, et sans même m'en rendre compte ma main a déjà atteint un sac plein de carottes.
J'en prend une, c'est bien la première fois que je bave à la vue d'une carottes crue.
Ils n'en sauront rien...juste une.
Je croque dedans à pleines dents.
Elle craque à chaque bouchées, ce n'est pas un festin mais qu'est-ce que c'est bon d'avoir quelque chose dans l'estomac.

"Tu te régale ?"

Je me retourne, prit sur le fait. D'après sa tenue je devine qu'il s'agit du cuisto.
Il tend la main et je lui rend la carotte déjà bien entamée à contrecœur.
Puis il la jette par terre et la piétine sous ses bottes sales. Je reste bouche bée, cette nourriture si précieuse...quel genre de cuisinier traite les aliments comme ça...

"Mange.

"Pardon..?

-J'ai horreur du gâchis."

Il pousse du pied la carotte qui roule jusqu'à moi. Je relève la tête vers lui mais il a l'air très sérieux.

"J'ai plus très faim...

-Tu sais ce qu'on fait aux voleurs ici ?"

Je secoue la tête comme un élève le ferait devant son professeur.
Il sort un gros canif de son tablier, je recule instinctivement.

"On leur coupe la main. Mais je suis pas une balance, alors je te laisse une chance de t'en sortir entier."

Je dégluti et me baisse pour ramasser la carotte. Pas le choix on dirait...
Je passe la main dessus pour essuyer le plus gros de la saleté sous le regard attentif du pirate.
Dégouté, j'en mange un bout. Puis un autre. Et alors que je mâche mon troisième morceau le pirate se met à rire grassement. Je m'arrête pour le regarder. Qu'y a-t-il de si drôle ?

"Recrache ça petit, je plaisantais !"

J'ouvre grand les yeux et recrache tout ce que j'avais en bouche. Je tire la langue, écœuré. Quelle humiliation...

"Cette blague est de très mauvais goût..."

Il glousse en me tapotant l'épaule.