Contre vent et marées

Chapitre 6

Tension aux petits oignons

Amélie

-    Je viens vraiment pour te soutenir, je déclare à mon amie qui trottine en direction du quartier résidentiel où vit Adam.

-    Tu sais que je t'aime, ma queen, me répond-elle et se retournant pour m'offrir le plus beau des sourires.

Je le lui rends puis me précipite pour la rejoindre avant qu'elle ne me devance trop. Sortir un mardi soir n'est pas ce que je préfère, étant donné que demain nous avons cours de physiologie végétale et animale toute la matinée, mais bon, je ferai en sorte de ne pas m'endormir dès la première heure.

Charline se dépêche, plus heureuse que jamais, faisant virevolter sa robe rose dans tous les sens. Pour l'occasion, elle a tressé ses longs cheveux en deux grosses nattes bien épaisses, ce qui dégage son visage angélique. Sa peau qui a bronzée ce weekend fait bien ressortir ses tâches de rousseurs et ses yeux couleurs miel, ainsi que le grain de beauté qu'elle arbore en haut de sa lèvre à droite. Magnifique, élégante, charmante.

Quand elle m'a appelé hier soir pour me prévenir de réserver ma soirée, je n'ai pas tout compris à cause de l'euphorie qui la rongeait. J'ai réussi à tirer quelques détails jusqu'à comprendre qu'Adam nous a invité pour son anniversaire, le mardi, soit le lendemain. Je me souviens qu'il nous a vaguement parlé d'une soirée le weekend dernier mais sans plus, alors savoir qu'il a invité Charline me fait vraiment plaisir. Le sourire sur son visage vaut tout l'or du monde.

Quand nous arrivons enfin devant la maison moderne, toute blanche malgré les contours des ouvertures noirs, il y a déjà du monde devant le jardin et dans la maison. Les baies vitrées nous offrent une vue sur un certain nombre de personnes dansant ou discutant à l'intérieur, bouche sur un verre ou dans celle de quelqu'un d'autre. Je ne suis pas une grande fanatique de ce genre de soirée, si bien que j'aurais refusé dans un cas normal. Mais là, c'est pour ma meilleure amie que je le fais. Seule, je sais qu'elle n'aurait pas eu le courage d'y aller. Je m'en serais voulu.

-    Tu penses qu'on peut entrer ? Me demande d'une petite voix Charline qui est devant moi.

Je m'approche d'elle pour attraper son bras avec le mien, serrant doucement pour la rassurer. Son visage est plus blanc que tout à l'heure malgré les paillettes dont elle s'est aspergée, et je sens sa nervosité jusque dans mon cœur. Comme si nous étions connectées.

-    Je pense, Cha'. C'est une fête tu sais, on va rentrer.

-    Mais... et si...

-    Charline, je lui dis en le mettant face à moi pour la forcer à me regarder. Ce n'est qu'une fête, un anniversaire. Il t'a invité, tu es la bienvenue.

-    Je sais, elle réplique en s'affaissant un peu plus. Mais... tu comprends...

-    C'est Adam.

-    C'est Adam, elle répète en soupirant.

Je lui souris pour la rassurer, et elle en fait de même. Je prends sa main dans la mienne et l'attire vers la porte, histoire de ne pas poireauté comme des idiotes à l'entrée. Charline se laisse faire, me serrant trop fort pour évacuer. J'hésite entre la peur qu'elle éprouve actuellement, ou le simple fait qu'elle ne veut pas me perdre dans cette marée humaine.

Au moins, quand on est sur notre planche, on est bien seule.

Je zigzague entre les corps en mouvement, évitant les jets d'alcool, les mains baladeuses qui tentent de frôler mes cuisses, et essaye de repérer notre hôte. Au bout de 3 mètres, j'aperçois au loin une tête brun clair et ce sourire lumineux qui n'appartient qu'à lui, puis presse le pas pour l'atteindre. Comme à son habitude, il ne porte qu'un simple t-shirt blanc et un jean, mais je sais que Charline doit le dévorer des yeux. À sa gauche, je suis surprise de voir qu'il discute avec Lucas Guichard, un concurrent du club du Vent d'Ouest, le même que celui de Noémie la connasse. C'est le premier à nous apercevoir, car il me fait un grand salut de la main. Je lui réponds poliment, puis rapatrie Charline pour qu'elle soit à mes côtés, la trouillarde. Sa main moite me quitte enfin, me faisait ressentir une sorte d'air frais dans ma paume.