Chapitre 44

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Ma passion : les vidéos d'enfants chelous sur des tourniquets au parc

Amélie

« But I see her in the back of my mind all the time

Like a fever, like I'm burning alive, like a sign

Did I cross the line ?

Hmm »

-    On va écouter encore longtemps Billie Eilish comme ça toutes les deux ?

-    Hum ?

Je relève le nez pour regarder ma meilleure amie serrant le coussin contre son ventre, fixant le vide.

-    On est samedi soir, il fait beau, on est jeunes, on est belles, et on est assise dans un canapé comme des grosses merde à écouter des musiques top mais déprimantes. Où est passée la folie de notre jeunesse ?

J'éclate de rire et me redresse pour m'assoir en tailleur. Elle n'a pas tort. Avec tous les entraînements, elle qui vient en renfort pour me soutenir, on est souvent rincée. Résultat, l'idée de sortir nous horripile réellement, au point qu'on reste glander jusqu'à s'endormir. Aujourd'hui ne fait pas exception.

-    Ça fait deux semaines piles qu'on est deux célibataires, on peut bouger quand même. Au moins toutes les deux, du coup.

-    Tu as raison.

Je me lève d'un coup, m'étire et replie le plaid qui était étendu sur mes jambes, puis me motive. Je fonce me changer pour ne pas garder mon pyjama, enfilant un jogging rose et un débardeur noir, puis descends à toute vitesse les marches. Charline s'est au moins relevée, mais elle baille comme un chat.

-    Je vais me changer, quand j'aurais ouvert les yeux, elle m'assure.

Je ris et fonce dans la cuisine pour nous chopper deux bières et de quoi grignoter. Je mets tout dans mon tote-bag, enfile des sandales, et c'est parti. Charline arrive changée aussi, pas réveillée et râlant un peu mais je lui rappelle que c'est elle qui voulait bouger. Elle se tait et enfile ses chaussures. Rapidement, nous descendons jusqu'à la plage en bas de chez moi et la nuit n'est pas encore tombée comme on se rapproche tranquillement de l'été. Quand le sable entre en contact avec mes pieds, une sorte de vague de tranquillité m'éclate en pleine tête. J'ai l'impression que la saison estivale est enfin lancée, je ne sais pas pourquoi.

-    Attends, m'arrête Charline en courant vers moi. On va là d'abord.

Elle me montre le parc de jeu dans le sable, mais plus précisément la construction qui ressemble à une toile d'araignée en hauteur. Je soupire mais j'ai à peine le temps de dire non qu'elle est déjà sur un des premiers passages. Je pose mes sandales près de celles qu'elle a abandonné, mon sac aussi, et me précipite à sa suite. La corde frotte doucement contre ma peau, mais ce n'est pas douloureux. Je grimpe toujours plus jusqu'à la rejoindre sur la petite plateforme en caoutchouc au sommet. La rade de notre ville s'étend devant nous, nous donnant vu sur la ville de l'autre côté, le pont et une partie du port. Une belle vue dans l'ensemble, surtout avec cette luminosité.

-    C'est pour les enfants, de base, je marmonne à mon amie qui semble fière d'elle.

-    Nous sommes de grandes enfants, ma belle. Et à ce que je sache, il n'y avait pas de panneaux qui interdisait de monter.

Elle n'a pas tort. Le nombre d'adulte qui vient monter là-dessus quand il n'y a pas d'enfant est assez impressionnant. Donc en soit, nous ne sommes pas des délinquantes mais bien les stars que nous pensons être. Un peu à l'étroit, je décide de descendre sur la plateforme du dessous. Je m'assoie dessus tout en me tenant car c'est trop petit, mais quelque chose de blanc m'interpelle. Juste au-dessus de ma tête, sur la plateforme où Charline repose, il y a une sorte de papier ou d'enveloppe scotchée. Intriguée, je l'attrape et la décroche en espérant que ce ne soit pas une sorte de chasse au trésor qu'a mis en place un groupe d'animateur ou je ne sais quoi.

Contre vent et maréesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant