Chapitre 45

4 2 1
                                    

Dans la vraie vie, ça aurait été Next

Baptiste

Si le stress était une personne, ce serait moi actuellement. Est-ce qu'elle va venir ? Est-ce que Charline l'a emmené au bon endroit ? Est-ce qu'elle a trouvé tous les indices ? Personne n'en a volé ? Trop de questions se bousculent dans ma tête et pour le moment, je ne peux pas avoir de réponse. Je saurais tout ça quand je la verrai arriver sur la grève.

Je rallume rapidement une des bougies qui s'est éteinte, espérant que le terrain militaire en face de la plage ne prenne pas ça pour quelque chose de dangereux.

Soudain, un bruit de râle un peu plus loin m'interpelle. Je me retourne pour voir Amélie à genoux sur les galets, pestant toute seule. Ni une ni deux, je me précipite vers elle pour l'aider à se relever, devinant qu'elle a dû glisser du rocher qui aide à descendre ici. Elle me remercie tout bas avant de dépoussiérer son jogging rose qui a retenus quelques bouts d'algues sécher. Je l'aide comme je peux mais elle se redresse très vite en levant les deux mains.

-    C'est bon Baptiste, je suis une grande fille, merci.

-    Excuse-moi...

On sait l'un comme l'autre que ces excuses ne sont pas que pour le jogging, mais aussi pour tout le reste. Ses yeux bruns sont plein de tristesse, mais elle détourne vite le regard, ses joues rosies avant de soupirer.

-    Viens, s'il-te-plaît, je lui demande en indiquant le petit pique-nique que j'ai préparé.

Elle hésite. Je le sais car son habitude trahit qu'elle est clairement sur la défensive. Quelque chose en elle la retient, et je comprends. Depuis deux semaines que j'essaye de l'approcher mais c'est impossible. Entre Charline, ses parents, c'est une vraie muraille de Chine qui se dresse entre elle et moi. Le seul moyen que j'ai trouvé c'est de coincer Charline dans un conteneur quand elle ramassait son matériel pour l'obliger à m'écouter. La seule crainte que j'avais, c'était qu'elle se mette à hurler des conneries qui m'auraient attirées des problèmes mais elle n'a rien fait. Elle a croisé les bras, attendu comme une grande que je finisse et quand elle a compris, elle a accepté de m'aider.

Comme elle l'a dit, peu importe que je la convainque, c'est Amélie qu'il faut mettre dans ma poche.

-    Assieds-toi, je lui dis doucement en montrant la serviette que j'ai posée.

Elle me sourit brièvement puis se pose, et je me mets de l'autre côté pour avoir la nourriture entre nous. Je la vois détailler discrètement ce qui nous entoure en remettant ses mèches roses derrière ses oreilles.

-    Amélie...

-    Non Baptiste, soupire-t-elle, ok je suis ici avec toi mais ça ne veut pas dire que je te tombe toute cuite dans le bec.

Je fronce les sourcils en entendant cette expression que je n'ai jamais entendue de ma vie. Elle semble comprendre car elle rit avant de m'expliquer ce que ça veut dire.

-    Ahh d'accord ! C'est la première fois depuis longtemps que je ne comprends pas une expression. Enfin si on ne compte pas les expressions bretonnes dedans parce que là...

-    Ne rencontre jamais mes grands-parents dans ce cas ! Ricane-t-elle en mangeant une tomate cerise.

Si l'ambiance était lourde il y a deux minutes, cette petite discussion a amené la légèreté qu'il manquait. Un petit blanc plein de non-dits s'installe, et je sais pertinemment que c'est à moi de briser ça.

-    Écoute Amélie, je suis désolé. Sincèrement, que tu me croies ou non. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, mes anciens amis ont débarqués et je n'ai pas su réagir comme j'aurais dû.

-    Tu ne m'as pas donné de nouvelles pendant une semaine, déclare-t-elle, amère.

-    Je sais ! Le temps est passé super vite, je pensais à toi tout le temps mais les gars me coinçaient et je n'avais pas le choix de rester avec eux. Mon père m'a obligé. D'ailleurs, il m'en veut maintenant que je ne suis plus en contact avec Ricardo et Paolo... mais c'est un autre sujet. La semaine est passée vite, je repoussais toujours le moment de t'appeler et je ne voulais pas te mêler à eux.

Elle se met à rire jaune avant de planter son regard dans le mien. Elle n'a pas l'air de me croire là.

-    Je t'ai envoyé des messages, tu aurais pu répondre... Tu ne voulais pas me mêler à eux parce que tu avais honte... C'est beaucoup, Baptiste.

-    Ce n'est pas ce que tu croies ! Je n'ai pas répondu parce que je ne pouvais pas t'expliquer ça par message, et si je répondais c'était pire encore, tu aurais cru que je te snobais en pleine conscience.

-    C'est le cas.

-    Non ! Tu as vu comment ils ont réagi en te voyant ? Je voulais juste de protéger de tout ça, d'eux et de leurs délires bizarres. Et si je leur avouais que je sortais avec toi, tu en aurais souffert encore plus.

-    Tu m'as caché Baptiste, j'en ai déjà souffert !

-    Mais c'était pour toi !

Je soupire avec peine, mon cœur me fait mal. Je sais que mes explications sont minables, que je ne mérite pas son pardon, mais pour une fois dans ma vie je tiens à une femme au point de vouloir la récupérer. Je l'aime et putain, ça me fait mal d'avoir merdé comme ça et de savoir pertinemment qu'elle ne me pardonnera pas. Je ferai pareil à sa place.

-    Amélie, je t'aime. Réellement. Je sais que ce ne sont que des mots qui ne veulent rien dire de concret, mais j'ai merdé. Comme souvent en fait. J'ai toujours été un connard avec les nanas que je fréquentais parce qu'elles n'avaient pas de valeur sentimentale pour moi. Toi, c'est différent. Ça fait une semaine que j'ai mal au cœur, je pleure tous les soirs putain, je peux plus écouter les musiques que je veux sans penser à toi. La semaine ensemble était la plus belle de ma vie et je regrette de ne pas t'avoir crue capable de tenir tête à mes anciens amis. La claque que tu as donné à Paolo... Waouw, c'était incroyable. Je ne te demande pas de me pardonner, mais de me donner une autre chance. J'ai attendu, je t'ai attendu et j'ai merdé. Je sais que tu as eu mal et je ne pourrai jamais m'excuser de ça. Je compte faire tout ce qu'il faudra pour que tu oublie un peu cette partie et qu'on vive de beaux moments. Je ne veux pas qu'on casse avant même d'avoir pu être ensemble, tu comprends ?

Je ne l'ai jamais vue aussi rouge que ça. Elle semble réfléchir, regardant la mer au loin. Je sais que ça cogite parce que moi aussi je cogite comme jamais depuis des semaines. Je me sens si con et minable qu'au final, si elle me rembarrait, je le mériterais. Comme elle ne me répond pas, je tente le tout pour le tout. J'attrape ma glacière, en sors un truc et le lui tend, les larmes aux yeux, les poumons douloureux.

Amélie reporte son attention sur ce que je lui tends, et ses lèvres s'ouvrent lentement.

-    Je t'ai fait une tarte au citron meringuée, j'explique en lui tendant le gâteau pas très beau mais qui doit être bon. Pour m'excuser. S'il-te-plaît, laisse-moi une chance même si je dois ramper au sol, je suis prêt à le faire.

Elle attrape le plat pour soulager mes bras, fixant le gâteau comme si elle était choquée. Sa mâchoire se contracte, elle déglutit, puis ferme très fort les yeux.

-    Ok, elle finit par dire comme si c'était douloureux. Mais tu vas devoir ramer. Tu as vraiment merdé, j'ai eu mal.

Oh putain de merde de cacahuète au caramel ! J'ai envie de la prendre dans mes bras, de l'embrasser et de la câliner, mais je me retiens. Mon sourire doit en dire long, et chaque chose en son temps. Je tends le bol de tomates cerises à Amélie et elle le sourit doucement. Mon cœur bat fort dans ma poitrine, j'ai l'impression qu'il va en sortir carrément.

Amélie regarde plus loin, vers la mer, et je suis persuadé d'être l'homme le plus chanceux du monde.

Contre vent et maréesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant