Les papillons tranchants
Amélie
Je suis clouée au lit, littéralement. Dès que je tente de bouger ne serait ce que d'un millimètre, un marteau piqueur se lance dans mon crâne. Je savais que la décuite serait dure, mais à ce point ? Je n'ai pas signé pour ça. Je n'ai pas non plus signé pour la peine que je ressens actuellement, parce que je me souviens de tout.
Comme je sens les larmes me monter aux yeux, je décide de braver la cuite en me levant de mon lit. Le paracétamol ne va pas tarder à faire effet, je le sais. Je l'espère.
Charline dort encore dans mon lit alors je l'y laisse. Elle aussi va avoir une sacrée surprise en se réveillant tout à l'heure...
Je ferme doucement ma porte puis descends les escalier en tanguant un peu. Je sais que je ne suis plus bourrée, ce qui est un début, mais je sens quand même que je ne suis pas la plus fraîche qui soit. Et mes parents le comprennent aussi en pouffant de rire quand j'arrive dans le salon.
- Rude soirée ? Me demande papa avec un petit sourire.
Je relève la tête pour mieux les voir, mais leur sourire disparait vite en voyant ma mine plus triste qu'autre chose.
- Oh, merde, ça va ma chérie ?
Je secoue la tête et il se lève pour venir me prendre dans les bras. Maman ne fait pas pareil, je devine qu'elle a la flemme vu que de toute façon je vais m'assoir à côté d'elle. Il me lâche puis je me pose à leurs côtés, ma tête sur l'épaule de maman, et je déballe tout. Je leur explique la soirée du début à la fin, zappant quand même ma montée d'alcool fulgurante, mais tout ce qu'il s'est passé sur la plage y passe. Personne ne m'interrompt, ma mère me caresse les cheveux quand je pleure, et je vois papa qui fume de plus en plus.
- Je vais aller le défoncer, il marmonne en me prenant dans ses bras, ignorant maman entre nous deux.
- Ça ne sert à rien, je ne veux pas être triste.
- Et on ne veut pas que tu sois triste non plus...
Je soupire et me blottis contre mon père. Ma mère tousse, un peu coincée entre nous, puis on décide de mettre un film. Papa essaye plusieurs fois de se lever pour aller voir les voisins, mais maman l'engueule alors il se rassoit. Quand Charline se lève et nous rejoint, ses cheveux sont comme un afro mais avec plus de nœuds. Elle vient près de moi et mes parents ne disent rien. Nous regardons le film en silence tous les quatre, jusqu'à ce qu'on se rendorme toutes les deux.
***
J'ai mal partout mais surtout à mes pauvres bras qui se font torturer depuis des semaines. D'un commun accord, un peu comme un pacte entre ma famille, Charline et moi, pas de place à la tristesse. On s'est tous concertés pour dire qu'il n'y a que les championnats qui comptent et que Baptiste ne me mérite pas. Depuis une semaine, ils font tout leur possible pour que je n'y pense pas et que je passe la meilleure semaine possible. Devant eux, je souris, ris et essaye d'être la plus enjouée et motivée possible, mais en réalité je dépéris un peu plus chaque jour. Le soir, quand je suis seule dans ma chambre, ma peine est si forte que je m'étouffe avec mes sanglots jusqu'à l'épuisement. Je ne pensais pas que l'amour me ferait si mal. Je pensais être plus forte que ça, mais je réalise que ce n'est pas le cas.
Baptiste a essayé de me contacter plusieurs fois en passant chez moi, mais mes parents l'ont rembarrés. Au club, pas besoin de parents quand mon garde de corps se nomme Charline. Impossible pour lui de m'approcher à moins de cinq mètres sans qu'elle morde. C'était dur au début pour moi d'accepter de tourner la page comme ça, sans qu'on ait pu discuter seul à seul. Mais au fond, c'est peut-être la meilleure chose à faire pour moi. Je ne peux pas me laisser aller avec des histoires de cœur, j'ai un enjeu bien plus grand qui approche à grands pas.
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Contre vent et marées
RomanceAmélie Marceau n'a jamais été adepte de compétition. Si elle est brillante dans sa discipline, les courses ne sont qu'un passe temps qu'elle nourrit pour sa propre satisfaction. Pour une dernière année de sport intense, elle a un objectif : accéder...