Chapitre 33

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Aussi insupportable que Serena Van der Woodsen

Amélie

« Grosse vache. »

« Punaise, tu prends trois places sur la ligne. »

« Comment tu fais pour pas couler ? »

« Nan mais sérieux, va courir un peu avant de faire un national. »

« C'est vraiment possible d'avoir un cul si énorme ? »

C'est donc ça, le vrai visage de la blondasse qui me ruine la vie depuis les entraînements ? Je ne vais pas dire que je suis étonnée, ça serait mentir. Ce qui m'étonne en revanche, c'est qu'elle ait attendu le premier jour de compétition pour me faire ces remarques. Comme quoi, certaines personnes ne sont même pas capables de se retenir pour être polies.

Honnêtement, je ne sais pas si c'est un moyen un peu bancal de me faire flancher ou juste de la méchanceté gratuite, mais j'hésite à aller protester. Seulement, je rencontre trois problèmes.

Le premier, personne ne nous a entendu sur l'eau car la moitié de ses remarques blessantes était dites quand on était loin devant le troupeau.

Le deuxième, j'aurais dû protester directement sur l'eau.

Le troisième, est-ce que le jury voudra s'embêter avec ça ? Autant se concentrer sur les vraies fautes de navigation plutôt que sur deux nanas qui se disputent la première place.

Lors de ma première pause au bateau de Lays, je n'ai pas jugé bon de lui dire tout ce qu'il s'est passé pendant la manche. Il avait l'air tellement heureux que j'ai gagné cette première partie ! Je ne voulais pas gâcher ce moment en pleurnichant que la blonde me traite de grosse vache. J'ai hésité quand le regard de Baptiste s'est posé sur moi pour essayer de me rassurer, mais je n'ai pas eu la force. Certes, il est strictement interdit d'insulter comme dans la plupart des sports, mais je ne sais pas vraiment quoi faire. Trop de choses me tiraillent dans tous les sens.

- Tu as fini ? Me demande Lola tout bas à travers la porte.

- Oui, oui, tu peux entrer, désolé.

La petite rousse entre doucement dans la première chambre du bungalow que nous partageons pour se brosser les cheveux. Sa tignasse résiste, pleine de nœuds formés par le vent de l'après-midi, et ses yeux bleus se mettent à briller. La pauvre a passé la pire compétition de sa vie à cause du vent fort qui n'a pas cessé d'augmenter. Lissandre a carrément pris la décision de ramener à terre la moitié de ses coureurs alors que le comité continuait de lancer des manches malgré la tempête. J'ai tenu bon, mais sur cinq manches, je n'en ai gagné que deux. La blonde deux aussi, et bizarrement Noémie a réussi à en gagner une — la dernière. Je ne sais pas comment elle a trouvé la force de combattre ce vent fou furieux, mais je n'ai pas manqué de la féliciter. Elle s'est battue pour gagner une manche, et personne ne peut lui retirer ça.

Emmitouflée dans un sweat-plaide, Lola mord avec appétit dans une barre de céréale en sautant sur son lit. J'ai essayé de la convaincre tant bien que mal de venir avec moi à la petite soirée qu'organise le camping, mais elle n'en avait rien à faire. Le sommeil avant tout, m'a-t-elle répondu d'une petite voix fatiguée d'avoir trop pleuré.

Je lisse une dernière fois mon pantalon à fleurs ainsi que mon top noir puis fouille dans ma valise pour mettre quelques colliers dorés que j'ai emportés sans faire attention. J'attrape aussi un petit paquet de chocolat au caramel dont je raffole de temps en temps, puis le balance sur le lit de Lola. Interdite, elle observe le paquet puis moi sans comprendre.

- Pour te remonter le moral. Moi aussi j'ai subi mon premier national, enfin pas autant que toi je pense parce qu'ils n'auraient jamais dû lancer dans de si grosses conditions. Mais profite de ta petite soirée à toi toute seule. Je ne suis pas loin si tu as besoin, d'accord ?

Contre vent et maréesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant