Chapitre 1

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Le dernier client vient de sortir du magasin. Il était temps car cela faisait vingt minutes qu'il hésitait entre des roses roses ou des roses blanches. C'était au moins le cinquième client de l'après-midi qui m'a demandé un bouquet de roses. Je n'en peux plus de ce mois de février. Pourquoi les gens s'intéressent autant à l'amour. L'amour c'est comme le sommeil, ça commence en rêve et se termine en cauchemar. Olivia dit que l'amour est le plus beau cadeau offert par Dieu. Je ne suis pas croyante, loin de là, mais elle me le répète tellement que ça s'enregistre automatiquement dans mon cerveau. Elle dit aussi que je devrais essayer de retrouver l'amour. Comme si j'avais le temps. Je ne veux pas perdre mon temps avec une personne qui me brisera le cœur alors que je dois payer un loyer. S'en est hors de question.

Ma collègue, Léa, vient de revenir de l'arrière boutique disant qu'elle a terminé les commandes à faire livrer demain matin. Je la remercie et lui annonce que nous avons enfin terminé notre journée de travail. Nous sortons donc de la boutique, que je referme à clé derrière moi. Nous prenons chacun notre chemin respectif pour rentrer chez soi. Mon téléphone sonne dans ma poche. Je le sors de cette dernière et lis le message que l'on m'a envoyé.

"Bon anniversaire Abigaëlle! J'espère que ta journée se passe pour le mieux! Tu auras un cadeau de ma part dans l'allée de ta maison, j'espère qu'il te plaira. J'ai mis gros car 23 ans ce n'est pas rien! Et oui ma chère, tu vieillis! Bon allé, bisous!

R.M."

Non mais j'y crois pas! Une Tesla Model 3 rouge est garée dans l'allée. Il s'est vraiment surpassé cette année. L'année dernière, Rayane m'avait offert une boîte de chocolat et l'année d'avant, un bouquet de fleurs, comme si je ne voyais pas tous les jours! Ce mec ne fait aucun effort, à part aujourd'hui.

Je rentre dans ma maison, encore sous le choc de ce que je viens de voir. Ma colocataire me saute dessus comme si elle ne m'avait pas vu depuis une éternité. Je la repousse gentiment et haute ma veste en jean que je pose sur le porte manteau.

« De qui vient ce magnifique cadeau d'anniversaire? me demande Olivia.

-Il vient de Rayane...

-Il a mis le paquet cette année!

-Oui!

-Et il vient te voir cette année?

-Je te l'ai déjà dit, non. Tu peux encore rêver de coucher avec lui pendant un long moment.

-N'importe quoi! Je ne veux pas coucher avec lui!

-Quand il est là, tu n'a yeux que pour lui!

-C'est vrai qu'il est beau mais ça ne veut pas dire que je rêve de coucher avec lui!

-Ca doit être ça.

-Ton cadeau t'attend sur la table.

-Merci. »

Je me dirige donc vers la table et ouvre le paquet cadeau posé sur celle-ci. J'y découvre un parfum.

« Tu m'as offert un parfum?! m'exclamais-je.Es-ce que tu insinues que je pue?

-Bien sûr que non! Je trouvais qu'il sentait bon et qu'il te correspondait.

-Maintenant les parfums correspondent à des personnes?

-Evidemment! Par exemple, j'avais une professeur en 6e qui avait toujours le même parfum. Depuis, à chaque fois que je sens cette odeur, je pense à elle. Bon ,je ne vais pas passer mon temps à tout t'expliquer. Allez, mets-en, je veux savoir s'il te plaît!

-OK. »

J'ouvre la boîte du parfum et en sors l'objet. J'enlève le capuchon et me mets un spray du mélange. L'odeur qui en sort est un mélange fruité, tropical. Il sent, en effet, divinement bon. Je remercie ma colocataire en la serrant contre moi. Soudain, une odeur de cramé nous parvient aux narines. Je questionne ma colocataire du regard et celle-ci écarquille les yeux.

« Les lasagnes! s'écrie-t-elle. »

Olivia court dans la cuisine pour sortir le plat du four. Quand j'entre à mon tour dans la pièce, je la retrouve avec un plat carbonisé dans les mains. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. Mon amie me foudroie du regard puis finit par céder et me rejoins dans mon fou rire. Je lui propose donc de commander des pizzas, ce quel accepte. Je la laisse prendre la commande tandis que je monte dans ma chambre pour me changer. J'enfile un pull et un jogging noir pour être à l'aise. Je redescends pour rejoindre ma coloc, qui est assise sur le canapé. Je m'installe donc à côté d'elle. Elle tourne la tête vers moi, me sourit puis souffle. Je ne comprends pas son changement soudain et décide de le lui demander:

« Pourquoi ce changement soudain de comportement?

-Parce que tu m'énerves.

-Pourquoi?

-Parce que tu passes ta soirée d'anniversaire avec ta colocataire, alias seule amie, en survêtements. Alors que tu devrais être à une soirée avec des potes et une meuf!

-On ne va pas en reparler, Olivia. Je suis très bien avec toi. Je n'ai pas besoin d'avoir d'autres personnes dans mon cercle social.

-D'accord.

-D'accord?

-Ok, t'es pas sociable.

-C'est tout?!

-Bah quoi?! »

Je continue à la regarder, choquée qu'elle n'ait rien dit. Ce n'est pas son genre. Olivia est le genre de fille qui insiste toujours pour avoir ce qu'elle veut. Qu'elle ne me fasse pas la morale sur le fait que je ne profite pas de ma vie me scotch. Mais où est la véritable Olivia?!

« Bon c'est vrai que tu devrais accepter le rendez-vous de ta cliente. »

Enfin la revoilà!

« On ne va pas revenir sur le sujet! Je n'ai pas le temps pour l'amour.

-Mais Abigaëlle! Pourquoi tu ne crois plus en l'amour?!

-J'ai mes raisons!

-L'amour c'est beau Abbie!

-Ne m'appelle plus jamais comme ça! »

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Elle n'a pas à m'appeler ainsi. Je ne lui ai jamais donné l'autorisation. Je ne veux pas entendre ce prénom. C'est encore trop dur.

« Abigaëlle, reprend la voix douce d'Olivia, je ne sais pas ce qui s'est passé dans ta vie amoureuse...

-Ça s'est sûr, la coupé-je.

-Mais ce n'est pas parce que c'est arrivé une fois, que ça va forcément recommencer. »

Je plonge mon regard dans celui de ma colocataire. Ses yeux marron sont brillants, remplis d'espoir. Elle ne voulait pas me blesser. Elle ne voulait pas me blesser...

« Je suis désolé, m'excusé-je. Je ne voulais pas hausser la voix comme ça.

-Ce n'est rien, j'ai dépassé les limites. C'est tout à fait normal que tu ais réagis ainsi. »

Je lui souris et la serre contre moi. Elle me rend ce sourire et passe ses bras autour de ma taille. On sonne à la porte et ma colocataire part ouvrir. Elle revient à peine cinq minutes plus tard, deux pizzas à la main.


Toi et moi ce sera l'enfer [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant