Chapitre 19

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Nous nous dirigeons vers le garage pour nous rendre au bureau. En entrant dans la pièce, je me rends compte que nous n'allons pas utiliser la voiture habituelle car Lucia passe à côté sans y prêter la moindre attention. C'est quand je la retrouve devant une moto que je comprends.

On va y aller en moto...

Je ne suis jamais montée en moto de ma vie et j'avoue que ça me fait légèrement peur. C'est un engin à risque mortel dont les statistiques sont plus hautes que celles d'une voiture. Et je ne me suis pas décidé à mourir maintenant.

Ma cheffe me conseille de m'attacher les cheveux, ce que je fais. Elle me passe un casque que j'enfile. Malheureusement, je n'arrive pas à l'attacher, ce qui commence sérieusement à m'agacer. Un rire se répand dans la pièce et sa propriétaire s'approche doucement de moi.

« Besoin d'aide Miller? me demande-t-elle. »

Je ne comprends décidemment pas cette femme...

Il y a encore quelques minutes elle a insulté tout le monde à cause de son mal de tête et là, elle rit parce que je n'arrive pas à attacher mon putain de casque! Je ne la comprends pas du tout!

Ses doigts fins viennent se glisser sous le casque pour me l'attacher. Une fois fait, elle enfourche la moto comme si elle l'avait fait toute sa vie et m'incite à faire de même. Celle-ci m'indique où poser mes pieds puis, une fois en place, le garage s'ouvre et nous sortons. Comme la brune me l'a demandé plus tôt, mes bras autour de sa taille la serre assez pour que je ne tombe pas. Mais c'est sur une ligne droite, déserte, qu'elle décide de faire une pointe d'accélération, me laissant lâcher un petit cri de surprise. Je la vois sourire dans le rétroviseur, amusée par la situation. Mes bras se resserrent par la simple peur de mourir.

Elle veut ma mort, c'est sûr maintenant.

Elle freine brusquement, me laissant hurler un juron. Elle rit aux éclats tandis que je la fusille du regard à travers le rétroviseur. Elle redémarre et nous reprenons notre chemin.

Nous arrivons enfin au quartier général quelques minutes plus tard. Alors que je descends de cet engin du diable, ma cheville se tord me faisant chuter en arrière. Je ferme les yeux, de peur, sachant que ma trajectoire va se terminer à même le sol. Seulement, des bras me rattrape, me laissant échapper un soupir de soulagement. Un parfum de Choisya Ternata entre dans mes narines me faisant facilement deviner ma sauveuse. Celle-ci me redresse, un sourire malicieux aux lèvres.

« Tu aurais dû prendre d'autres chaussures, déclare-t-elle. »

Très drôle...

Si j'aurais su que je ferais de la moto, je n'aurais pas pris d'escarpins. J'aurais dû m'en douter quand j'ai vu Lucia avec des bottines.

Je lève les yeux au ciel, exaspéré, et lui demande de m'aider pour retirer ce fichu casque. Elle le fait et nous entrons dans le bâtiment, nos casques à la main. Les regards se posent sur nous, ce qui me met mal à l'aise. Je ne laisse rien paraître pour donner l'image de l'Ivy Miller qui n'a peur de rien, froide et peste.

« On va déposer notre matériel dans mon bureau, m'annonce ma cheffe. »

J'hoche la tête comme signe d'accord et la suis jusqu'à la fameuse pièce. Nous déposons ce qui nous encombre. Lucia en profite pour m'expliquer le déroulement de notre journée, ainsi que notre venue ici. Une fois le briefing terminé, nous nous dirigeons vers la salle de réunion. Cette dernière ressemble exactement à celle qui est dans la villa. Une longue table avec des chaises qui l'entoure. La seule différence est que là, ce sont une dizaine d'hommes assis dessus. Ils se lèvent tous lors de notre entrée, nous saluant. La cheffe du cartel s'assoit au bout de la longue table, tandis que m'installe sur la chaise à sa gauche. Elle croise les jambes puis les mains faisant un signe de tête à l'un des hommes. Ce dernier commence à parler en espagnol, ce qui fait que je ne comprends littéralement rien.

« Qu'en pensez-vous madame Miller? me demande-t-il en anglais après une dizaine de minutes.

-Pardon? le questionné-je.

-Que pensez-vous de notre plan? répète un autre homme.

-Euh...à vrai dire...

-Elle ne parle pas un mot espagnol bande d'idiots! cracha Lucia de mauvaise humeur ».

Les deux hommes s'excusent et m'expliquent le fameux plan, en anglais cette fois-ci. Il est simple, une entrevue avec le sous-chef de la mafia new-yorkaise pour qu'ils laissent celle de la Sinaloa tranquille. Bien évidemment, je serais utilisée. Je devrais m'expliquer avec lui et lui dire que j'ai moi-même accepté de faire des leurs, ce qui n'est pas complètement faux.

Après quelques négociations, nous terminons enfin cette fichue réunion. Je suis Lucia jusqu'à son bureau et referme la porte derrière moi. Lorsque je me retourne, elle a déjà une clope à la bouche. Je m'approche d'elle et m'écroule sur la chaise en face de son bureau. La brune tourne la tête dans ma direction, plongeant ses yeux dans les miens.

« Tu penses que ça va marcher? me questionne-t-elle.

-Y a plutôt intérêt, lui répondé-je.

-Tu ne réponds pas à ma question. »

Je soupire, ne voulant pas continuer cette conversation.

« Tu n'y crois pas, hein? déclare-t-elle.

-Ils ne voudront jamais me laisser me barrer comme ça. Le chef me connait trop bien pour ça.

-Tu es proche du chef? »

Et merde... J'ai encore trop parlé...

« Euh...non..., articulé-je.

-Ivy, tu la fais à qui tu veux mais pas à moi. Je finirais par découvrir qui il est. »

Je soupire, encore une fois, et tente de changer de sujet.

« On peut parler de ce qui c'est passé la nuit dernière? tenté-je.

-Non. »

Bon ça c'est fait.

Toi et moi ce sera l'enfer [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant