Chapitre 23

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Me voilà en route à l'appartement après ma séance intense de sport avec Léoni. Trois mois se sont écoulés depuis mon arrivée dans la Sinaloa. Trois mois d'entraînement intensifs qui payent enfin. J'ai retrouvé le niveau que j'avais lors de mes dix-huit ans. Enfin, légèrement plus élaborée niveau technique de défense. Ma relation avec Ha-Yoon s'est nettement améliorée grâce à sa confessions sur son passé. Elle m'aide sur ma peur des hommes. Les jumeaux peuvent peut-être m'approcher, me prendre dans leur bras mais être dans une pièce rempli d'hommes qui me sont inconnus m'effraie énormément. Malheureusement, je dois y faire face souvent étant donné que ma cheffe me demande de l'accompagner à chacune de ses réunions. Je ne laisse rien paraître devant Lucia, ne voulant pas qu'elle me prenne pour une pleurnicharde, sachant qu'elle m'a déjà vu dans des états pitoyable trop de fois.

La mexicaine et moi n'avons toujours pas parlé de notre dispute. En fait, nous nous parlons lorsque nous n'avons pas le choix.

J'entre dans l'appartement, suivie de Léoni. Nous parlons de notre séance d'entraînement qui s'est plutôt bien déroulée. Mes yeux se posent sur une personne que je préférerais voir morte. Je m'arrête de discuter avec mon ami prise de peur.

Que fait-il ici?

Mes yeux ne trouvent pas la force de décrocher mon regard du sien. Il me regarde comme la dernière fois, ce putain de sourire que je ne connais que trop bien aux lèvres. Une corde entoure son corps ainsi que la chaise sur laquelle il se trouve. Le sang coule sur son visage, venant de son arcade ouverte. Il a le visage complètement déformé mais cela ne l'empêche pas de sourire.

« Il ne va rien te faire, déclare Ha-Yoon, voyant que je ne bouge pas d'un poil. »

J'ai beau savoir qu'il est attaché et neutralisé, la peur évolue à l'intérieur de mon corps.

Il peut se détacher et abuser de moi, comme il l'a déjà fait...

Les mains de Léoni viennent se poser sur mes deux bras et il me décale à l'autre bout de la pièce, aux côtés de la coréenne. Cela ne m'empêche pas de le fixer, même si il est de dos. Le pouce de mon ami se met en mouvement, me rassurant légèrement. Je trouve le courage , au bout de plusieurs minutes, de poser la question qui me trotte en tête depuis mon arrivé:

« C'est toi qui l'a amené ici? demandé-je à la femme aux cheveux corbeau.

-Non, je l'ai découvert cinq minutes avant vous, me répond-t-elle. »

Qui a bien pu ramener ce monstre ici?

Ma réponse ne tarde pas à arriver lorsque je remarque une femme brune à côté de la grande porte en bois. Je la reconnais immédiatement malgré l'obscurité de la pièce. Elle porte un jean assez large clair, une chemise noir et des escarpins de la même couleur. Je ne l'avais pas encore vu aujourd'hui et sa présence dans la pièce me m'apaise énormément. Elle joue avec ses bagues en or autour de ses doigts, le regard sur celles-ci.

Mon regard s'oriente vers Ha-Yoon qui confirme ma pensée.

C'est elle qui l'a ramené ici... Mais pourquoi?

Elle relève enfin son regard de ses mains et se dirige vers l'homme blessé. Elle tourne la chaise sans problème, le mettant face à moi. La jeune brune ne dit pas un mot, attendant quelque chose. Personne ne parle, ce qui crée un silence pesant dans le salon. Mes amis ne laissent rien paraître, le visage fermé, celui de la mexicaine est froid et le mien ne laisse voir que la panique.

« Tu la reconnais non? demande froidement ma cheffe. »

Le sourire de Pedro ne fait que s'agrandir en m'observant. Il a à peine le temps de s'humidifier les lèvres qu'il se prend le point de ma cheffe dans la mâchoire.

« Je t'ai demandé si tu la reconnaissait, pas de la mater comme un porc, reprend la brune.

-Bien sûr que je me souviens d'elle mais surtout de notre petite partie de jambes en... »

Ses mots restent en suspend suite au coup qu'il vient de se prendre dans le ventre par la mexicaine.

Je ne réagis pas, en état de choc par les propos qu'il a tenu.

Il se souvient de moi...et il veut recommencer...

« Il me semble que Ha-Yoon t'avais dit quelque chose Pedro, déclare Lucia. »

Je ne comprends pas, il ne m'a rien fait depuis... A part enter mes rêves pendants plusieurs jours.

« Elle ne t'a pas dit que si tu t'approchais encore une fois d'elle, ce serait moi qui m'occuperai de toi? Le questionne-t-elle mais voyant qu'il ne répond pas, elle continue. Alors pourquoi as-tu demandé à chacun de mes agents s'ils la connaissent?! »

Le silence retombe dans la pièce, ce monstre ne répond toujours pas, ce qui fait monter la colère de ma supérieure.

Je n'arrive pas à voir le visage de ma cheffe à cause de la sombreté de la pièce et le fait qu'elle est dos à moi désormais. Les seules choses que je distingue sont ses muscles qui se contractent sous le silence de l'habitacle.

D'un coup, une ruée de coups s'abat sur mon agresseur.

"Elle fait tout ressortir par la colère."

J'en avais la preuve devant mes yeux. Lucia est en train d'abattre ce monstre à coup de point. C'est quand elle sort son couteau de l'arrière de son pantalon que Léoni se jette sur elle l'arrêtant dans son mouvement. Il la décale, me laissant voir l'état de Pedro. Il est inconscient, couvert de sang et complètement défiguré. Les mots de ma cheffe me serrent le coeur:

« Je dois le butter! Il a osé la toucher! Je dois le tuer! JE DOIS LE TUER! »

Elle finit en larme sur le sol, dans les bras de son ami. Les larmes dévalent aussi sur mes joues, lâchant la panique qui m'habite depuis mon entrée dans la pièce, il y a environ vingt minutes.

Mes yeux se plongent dans ceux de Lucia, tout aussi bouleversée que moi. La seule différence est que pour elle, ce sont des larmes de colère, de regret, alors que moi, celles de tristesse et de peur.

La femme se relève, sans aide, et se dirige droit sur moi. Contrairement à d'habitude, elle ne me parle pas froidement. Au contraire, elle pose ses mains sur mes joues me murmurant:

« Je suis tellement désolé...ça n'aurait jamais dû arriver...je ne laisserais plus personne te faire de mal...je te le promets mi corazón ... »

La mexicaine ne me laisse pas répondre et me prend tendrement dans ses bras. Nous pleurons toutes les deux l'une contre l'autre, se murmurant des mots doux.

Toi et moi ce sera l'enfer [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant