Chapitre 11

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Cela doit faire vingt minutes que Lucia leur fait la morale. Elle la fait plus spécialement à Ben et Ha-Yoon. Moi, je ne dis rien. Je ne ressens plus rien. Je me sens vide. Je sais que si j'en parle, je n'arriverais pas à me retenir. Je pleurerais et il en est hors de question. J'ai déjà assez pleuré pour cette ordure. Aucun d'entre eux ne devrait mériter une seule de mes larmes. Ils ne méritent aucune larme de leurs victimes.

« Sortez tous, lâche ma cheffe dans un soupir de désespoir, sauf toi Ivy. »

Bordel mais qu'est-ce qu'elle me veut? La chose que j'ai envie de faire là, maintenant, c'est de prendre une douche pour enlever toute la saleté que cet homme à mit sur mon corps.

La brune s'assoit sur son fauteuil en velours noir et m'indique de m'installer sur l'une des chaises devant sont bureau. Je m'exécute et baisse la tête sur mes doigts entremêlés pour ne pas qu'elle voit mon visage souffrant. De longues minutes passent et aucune de nous deux ne parle. J'entends ses ongles taper sur son bureau, signe de stress. C'est finalement elle qui rompt ce blanc pesant:

« Ce qui s'est passé n'aurait jamais dû arriver. »

Je ne réponds rien, toujours concentré sur mes mains.

« Cet enfoiré va payer pour ce qu'il a fait, je peux te le promettre. »

Je trouve le courage de relever ma tête et de plonger mes yeux dans les siens, qui me fixaient déjà.

« Vous le connaissez? lui demandé-je d'une petite voix.

-Pourquoi? me répond-t-elle.

-Ha-Yoon a dit que s'il me touchait encore une fois ce serait vous qui vous en chargerez.

-Pedro est un client. »

Ce prénom...Je ne veux plus jamais l'entendre. Une question me vient en tête:

« Comment vous avez su?

-Les caméras de surveillance se sont déclenchées et je l'ai vu avec toi dans ce couloir... »

Les images de ce qui s'est passé, il y a maintenant une heure, me reviennent en tête. Il était contre moi...je sentais son haleine pleine d'alcool... Les larmes coulent le long de mes joues et je sais qu'il est trop tard pour que je les cache à la femme présente devant moi.

Je baisse donc la tête, honteuse qu'elle me voit dans cet état. Si faible... Je l'entends se lever de son siège et le bruit de ses talons rompt le silence. Ses pas s'arrêtent à côté de moi. Elle pousse mes jambes de manière à ce que je me retrouve en face d'elle. Elle s'accroupit et, avec deux doigts, me relève la tête. Elles plongent ses deux billes marron dans les miennes, bleues.

« N'ai jamais honte de pleurer, prononce-t-elle. Tes larmes montrent toute la souffrance que tu as endurée. Elles ne sont pas une faiblesse, bien au contraire, elles montrent à quel point tu es forte. »

J'acquiesçais, retenant chaque mot de ce qu'elle venait de me dire. Elle se relève et me tend sa main.

« Viens, me propose-t-elle, on va aller se coucher. »

Je prends sa main puis me lève. Une fois debout, nos mains se quittent et nous partons toutes les deux vers l'appartement. Une autre question me vient en tête et je décide de la lui poser pour rompre le silence:

« C'est quoi les vidéos sur moi?

-Visiblement, Ben ne sait pas tenir sa langue, me répond-t-elle.

-Ça ne donne aucune réponse à ma question.

-Tu sais aussi bien que moi ce qui se trouve sur ses vidéos.

-Non. »

Elle s'arrête et se tourne vers moi. Bien évidemment que j'ai un doute sur le contenu de ces vidéos mais je veux en avoir la certification.

« C'est ton ex-petite amie et toi vous tenant la main, vous calinant, vous embrassant... »

Donc c'est bien ce que je pensais. Ce sont des images d'Abbie et moi...

Nous arrivons devant nos chambres en silence et nous jetons un dernier regard avant d'y pénétrer. Une fois la porte refermée, je me précipite pour fouiller dans les tiroirs des meubles habitant la pièce. Où est-ce qu'ils ont bien pu la mettre? Et si ils ne l'avaient pas prise? En ouvrant le tiroir de ma table de nuit, je la trouve. Je la sort et m'assois sur le lit. Elle est là. La seule photo que j'ai d'elle...

*****

TW: Viol

L'un des deux hommes me pousse dans une sombre ruelle. Le deuxième, me plaque contre un mur et commence à balader ses mains sur mon corps.Son acolyte essaie de déboutonner mon jean mais je me débat en me tordant dans tous les sens. Le brun me colle encore plus fort contre la paroie de la ruelle en m'insultant. J'essaie d'hurler mais il me met sa main sur ma bouche. Les larmes me montent aux yeux. Un des gars déboutonne son jean mais il n'a pas le temps de finir, qu'il se prend un coup de point dans la mâchoire ainsi que son ami. Je m'écroule au sol, ma vision se trouble. La seule chose que je distingue est la mare de sang qui se forme devant moi. Je m'approche du corps et quand ma vision revient à la normale, je reste pétrifié.

Non...

Pas encore...

Pourquoi elle?

Abbie...

Je me réveille en sursaut, transpirante. Je survole la pièce du regard et me souviens d'où je suis. La Sinaloa...La porte s'ouvre à grande volé et une femme se tient dans l'encadrement. C'est elle. Lucia. Pourquoi est-elle là? J'ai certainement hurlé, comme d'habitude. Cela faisait un moment que je ne faisais plus de cauchemars. Comme si cet endroit m'en protégeait. Pourquoi sont-ils revenus alors? Et pourquoi était-il différent?

Je me concentre sur la femme se tenant à l'encadrement de la porte. Son visage est inexpressif.

L'ai-je réveillé?

Elle n'entre pas dans la pièce, comme si elle attendait la permission.

« Tu peux rentrer, lui annoncé-je d'une petite voix. »

Elle rentre donc dans ma chambre et se dirige immédiatement vers mon lit, sans prêter attention à la pièce. Elle s'assoit en face de moi et m'examine du regard.

« Tout va bien? me demande-t-elle.

-Oui, lui réponds-je toujours avec ma petite voix. Juste un cauchemar...Je t'ai réveillé?

-Ne t'en fais pas pour ça, j'ai le sommeil léger.

-Ça ne répond pas à ma question.

-Oui...mais ne t'inquiètes pas, je ne dors pas beaucoup.»

J'acquiesce d'un signe de tête et elle se lève du lit.

« Si tout va bien, continue-t-elle, je vais te laisser.

-Non, prononcé-je assez fort pour qu'elle m'entende. »

L'idée de rester seule m'effraie énormément. Et si je refaisais le même cauchemar?

Elle me dévisage, sous l'incompréhension. Mais je ne veux pas rester toute seule.

« Reste avec moi, continué-je la tête baissée, honteuse de ce que je venais de lui demander, s'il te plaît... »

J'entends ses pas s'éloigner puis revenir de l'autre côté. Je sens une présence dans le lit. C'est elle. Elle est allongée sur le lit m'ouvrant ses bras. Je m'y réfugie et déverse toute les larmes que je contenais jusqu'à maintenant.

« J'ai peur..., lui affirmé-je. J'ai tellement peur Lucia!

-Il ne va rien t'arriver tant que je suis avec toi, je te le promet. »

Je ne sais pas pourquoi mais je trouvais sa présence réconfortante. Elle trouvait toujours les mots pour me calmer. Et son odeur...je ne pourrais jamais l'oublier. Elle sent le Choisya Ternata. J'ai eu l'occasion dans sentir car nous en avions dans notre boutique de fleurs au Québec.

Lucia me caresse les cheveux et me chuchote des mots doux jusqu'à ce que je me calme et plonge dans les bras de Morphée...

Toi et moi ce sera l'enfer [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant