Chapitre 16

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2 700...2 701...2 702...Me voilà à compter les secondes. C'est une technique que j'ai élaborée pour calmer mes crises d'angoisse mais là...elle ne marche pas. Je suis recroquevillée le plus possible sur moi-même. Je n'arrive quasiment plus à respirer tellement l'endroit est étouffant. Mes mains tremblent ainsi que tout mon corps. Ma crise devient de plus en plus importante et difficile à contrôler.

Des pas se font entendre. Je pose immédiatement mes mains sur ma bouche pour éviter de faire du bruit, comme la première fois. Les larmes coulent sur mes joues lentement. Les pas s'arrêtent devant l'armoire, me faisant angoisser encore plus que je ne l'étais déjà. La porte de droite s'ouvre tout doucement, me coupant le souffle, complètement apeurée. C'est une chevelure que je connais parfaitement qui apparaît. Sa main vient prendre la mienne, m'aidant à me relever. Son regard est tendre, sans jugement ni haine. Elle une toute autre personne...Une facette d'elle que je n'avais encore jamais vu. Elle m'emmène dans le hall désormais vide. Seuls mes amis y résident. Ben me sourit ainsi que son frère. Ha-Yoon est accroupie, soignant une femme assise sur l'une des nombreuses chaises. La femme en question se lève au moment même où nous entrons dans la pièce. Elle s'approche de nous en me dévisageant.

« J'espère que vous n'avez rien madame Miller. »

Alors on en revient à madame Miller... J'hoche la tête comme seule réponse, ne pouvant pas parler. Je dois être horrible à regarder, encore plus que je ne l'étais déjà. Lucia annonce que je devrais aller me coucher car il se fait tard. L'horloge derrière elle indique qu'il est seulement vingt heures cinquante-deux. Il est drôlement tard mais je ne bronche pas et suis celle qui m'a sorti de l'enfer que je vivais depuis environ quarante-cinq minutes.

C'est en me regardant dans le miroir de ma salle de bain que je me rends compte de ce que devient Ivy Miller. Une femme faible...Lucia à beau me dire que des larmes sont une force, je n'arrête pas de les voir comme une faiblesse. Son regard en disait long sur ses pensées, tout comme les frères jumeaux. Ils avaient pitié de moi et je refuse que ça se reproduise.

Je prends une douche brûlante, histoire de me remettre les idées en place. Après ça, j'enfile mon pyjama qui n'est autre qu'un débardeur beige et un jogging gris. Je sors ensuite de la salle de bain et pars me coucher.

Je me réveille pour la troisième fois. Toujours le même cauchemar... Je décide de me lever pour sortir prendre l'air. Je mets un gilet de la même couleur que mon pantalon et mes éternelles baskets blanches. Je sors de ma chambre puis de l'appartement. En passant devant le bureau de ma cheffe, je remarque que la porte est entrouverte et que de la lumière y règne. Je m'approche donc de celle-ci et y découvre une belle brune focalisée sur une tonne de papier éparpillé sur son bureau.Elle porte des lunettes, ce qui n'est encore jamais arrivé. Je m'adosse à l'encadrement de la porte l'observant. J'ignore pourquoi mais la regarder m'apaise, elle a un pouvoir sur moi tellement fort que je ne peux y résister. Elle tape son stylo sur le bureau, agacée. A peine a-t-elle relevé la tête que ses yeux trouvent immédiatement les miens. Je sens mes joues rougirent tellement je suis gênée.

« C'est votre nouvelle passion de m'observer? me demande-t-elle. »

Je bouge négativement la tête en signe désapprobation. Elle se lève de son siège pour venir se positionner devant moi. Elle croise ses bras sur sa poitrine, me questionnant:

« Alors pourquoi le faîtes-vous?

-Je ne vous observe pas.

-Vous m'avez fixé pendant cinq minutes.

-Et alors? »

Elle se rapproche encore plus de moi, ses lèvres effleurant lobe de mon oreille,où elle vient y murmurer:

« Je n'ai donc pas pû me concentrer. »

Mes joues rougissent encore plus qu'elles ne le sont déjà. Pourquoi l'aurais-je déconcentrée?

Lucia se recule, me laissant reprendre ma respiration que j'avais coupé sans m'en rendre compte. Ses yeux ne quittent pas les miens et je décide de poser une question qui me tracasse la tête:

« Que s'est-il passé?

-Quand? me répond-t-elle.

-Tout à l'heure.

-On nous a attaqué. »

Cela ne me disait rien de bon. Pourquoi l'aurait-on attaqué? Peut-être parce qu'elle dirige le plus grand cartel du Mexique.

« Et qui était-ce? continué-je

-La mafia new-yorkaise. »

Sa réponse me fait ressentir un grand soulagement. Alors il ne m'avait pas oublié? Il pensé toujours à moi? A me sortir d'ici?

« Malheureusement, je n'arrive toujours pas à savoir qui est le chef et ça m'énerve énormément. »

Si elle espère des réponses, elle peut se foutre le doigt dans l'œil. Jamais je ne trahirai ma famille, Rayane. A en voir son regard, elle a très bien compris que je ne dirais rien.

« Pourquoi êtes-vous ici à une heure pareille? me questionne-t-elle, en changeant complètement de sujet. »

Sa question me prend au dépourvu mais je réussi tout de même à répondre.

« Je n'arrivais pas à dormir et je me suis dis que prendre l'air me ferait du bien. Et vous?

-Je n'arrivais pas à dormir alors je me suis mise à travailler pour faire passer le temps. »

J'acquiesce d'un signe de tête et m'apprête à sortir de la pièce quand elle m'attrape l'avant bras. Je me retourne, surprise de son geste. Elle plante ses yeux dans les miens, comme tout le long de notre discussion et me demande:

« Pourquoi n'arrivez-vous pas à dormir?

-Des cauchemars.

-Du même type que la dernière fois?

-Oui. »

Elle hoche la tête, retourne à son bureau, range ses papiers qui traînent sur le meuble. Je ne bouge pas, ne comprenant pas ce qu'elle fait. Elle revient plusieurs secondes plus tard et éteint la lumière. Elle sort de la pièce, ce que je fais aussi, puis referme la porte à clé. Elle m'indique de la suivre et nous arrivons à l'appartement. Je ne comprends vraiment pas ce qui ce passe. Elle s'arrête devant les portes de nos chambres respectives et se tourne enfin vers moi.

« Vous pouvez dormir avec moi si vous le souhaitez, déclare-t-elle. »

Je ne m'attendais pas à cette question ce qui fait que je réponds sur un coup de tête:

« D'accord mais vous allez devoir laisser tomber ce vouvoiement à la con. »

Elle esquisse un sourire en coin et ouvre la porte de sa chambre. Je ne suis pas surprise par cette dernière. Elle est simple, comme la mienne et ne contient aucune vie. Un magnifique lit au draps de soi noir règne au centre de la pièce. Elle possède aussi un bureau en bois noir avec une chaise de la même couleur.

Lucia m'invite à entrer, ce que je fais. J'enlève mes chaussures, tout comme elle et nous nous dirigeons vers le lit. Elle m'indique de m'installer le temps qu'elle se mette en pyjama. Elle s'en va donc et je me glisse dans les draps. A peine suis-je installé que je me croirais aux anges. Ce lit est la perfection incarnée! Une porte se referme, ce qui me fait sortir de mes pensées. Ma cheffe est là, dans une chemise lui arrivant mi-cuisse. Elle est magnifique...Je remarque qu'elle a enlevé ses lunettes, ce qui me permets de mieux admirer son visage. Elle est somptueuse.

« Tu recommences, m'annonce la brune en se glissant à mes côtés.

-Désolé... »

Un petit sourire orne ses lèvres tandis qu'elle m'ouvre ses bras pour que je m'y installe. J'enfouis mon visage dans son cou, respirant ainsi son odeur de Choisya Ternata. Ses bras se referment autour de moi me réconfortant. Sa présence me rassure tellement...Et en quelques minutes, je tombe dans les bras de Morphée...

Toi et moi ce sera l'enfer [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant