Chapitre 14

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En ressortant de chez le coiffeur je me sens différente. Je me sens enfin moi. La femme que j'ai laisser pourrir pendant plus de cinq ans espérant que la nouvelle moi serait meilleure. Espérant que je finirais par oublier mon passé en changeant, en devenant une nouvelle personne. Il s'avère que ce ne fut pas du tout le cas. Toutes les scènes affreuses que j'ai vécues sont restées gravées dans ma mémoire et je sais qu'elles ne partiront jamais. Il n'y a qu'une chose que je refuse plus que tout. Je refuse qu'Abigaëlle Rivera soit une mafieuse. Elle restera à jamais une femme sage et la simple fleuriste du quartier. Alors être Ivy sous la forme d'Abigaëlle n'était même pas envisageable.

Ivy Miller était connue pour son éternel regard bleu et sa chevelure blonde cendrée. Ivy sans blond n'est pas Ivy. Voilà pourquoi j'ai pris la décision d'aller chez le coiffeur, récupérer cette chevelure qui me manquait tant.

Nous en avons profité avec Ben et sommes allés faire les boutiques pour retrouver mon ancien style. C'est ainsi que j'arrive sur le parking souterrain, approchant de la voiture, mes escarpins claquant sur le sol et mes sacs à la main. Lucia, adossée à sa voiture, relève la tête me dévisageant. Elle se redresse et déclare:

« Dix minutes de retard.

-Et alors? lui réponds-je. Cinq minutes de plus ou de moins, qu'est-ce que ça fait?

-Ça fait qu'en cinq minutes on aurait pu t'assassiner et partir de la scène de crime laissant ton cadavre par-terre comme une pauvre merde.

-Ohlala, tu es vraiment trop pessimiste! »

Elle me prend mes sacs des mains et les met dans le coffre tandis que je monte en voiture. La brune me rejoint et démarre le véhicule. Nous roulons une bonne dizaine de minutes avant qu'elle décide de me demander:

« Pourquoi ce changement de coiffure?

-Car Ivy Miller est de retour, rétorqué-je.

-Et donc?

-Ivy Miller n'est pas Ivy Miller sans ses cheveux blonds et ses yeux bleus.

-J'ai enfin la vraie Ivy devant moi alors?

-Oui. »

Elle ne me pose pas plus de question et continue le trajet, se concentrant sur la route. L'ambiance n'est pas la même qu'à l'aller, ce qui m'énerve vraiment. Pourquoi change-t-elle d'humeur tout le temps?! Elle est bipolaire c'est pas possible! Tout le trajet se passe ainsi, dans le silence.

En rentrant dans notre appartement, nous retrouvons tous nos colocataires en train de se chamailler.

« Il était temps! s'écrit Léoni.

-Excuse moi si madame avait une tonne de sacs! réplique sa patronne. »

Elle pose les sacs près du canapé avant de se diriger dans la cuisine. Elle s'y sert un verre de whisky puis revient vers nous.

« Et si on allait en boîte? propose Lise à ses amis.

-Trop bonne idée! s'extasie Ben.

-Hors de question, leur répond Lucia. N'oubliez pas qu'il y a un repas d'affaire demain. Vous devrez être en forme. Alors à la place d'aller traîner jusqu'à je ne sais quelle heure, vous irez plus tôt vous coucher. »

Tous ses amis soupirent et s'installent sur le canapé pour manger les pizzas qui règnent sur la table basse. La brune et moi les rejoignons. Je m'installe entre le jumeau aux yeux marrons et Ha-Yoon.

« Jolie la couleur, me complimente cette dernière.

-C'est vrai que ça te va très bien! ajoute Léoni. »

Je baisse la tête rougissant et les remercie. Nous commençons ensuite à manger et à regarder un film.

C'est à la fin du film que je vois Lucia sortir sur le balcon. Je décide de la rejoindre, étant donné que je commence à étouffer dans le salon. Quand je sors, la brune est accoudée à la rambarde, la cigarette à la main. Comme la première fois que je l'ai vue. Ses cheveux détachés volent dans l'air ainsi que la fumée qu'elle recrache de sa clope.

« Tu comptes me mater encore longtemps? m'interroge-t-elle. »

Je lève les yeux au ciel et décide de me placer à côté d'elle, moi aussi contre la rambarde. J'observe sa tenue, ce que je n'ai pas fait ce matin étant donné que j'ai passé toute ma journée avec Ben. Elle est vêtue d'un pantalon tailleur noir et d'escarpins de la même couleur. Elle porte aussi une chemise de couleur pourpre dont les manches sont remontées jusqu'au coude laissant apparaître un tatouage. C'est un dragon. Il s'enroule autour de son avant bras. Il est magnifique.

« Qu'est-ce que tu regardes? me questionne-t-elle.

-Ton tatouage, réponds-je.

-Ah...

-Qu'est-ce qu'il signifie?

-Il signifie que je fais partie de la Sinaloa. »

J'aurais dû m'en douter. Toute les mafia ont ça, ou la plus part. Celui du cartel new-yorkais est un aigle. Je n'ai pas eu le temps de le faire car je suis partie avant.

« Et le tien? continue la brune. Que signifie-t-il? »

Je regarde l'intérieur de mon poignet droit, les souvenirs me revenant à la mémoire.

« Abbie, déclaré-je. »

Elle ne me pose pas d'autres questions. C'est donc moi qui engage une nouvelle discussion.

« Où étions-nous ce matin?

-Au "quartier général".

-C'est là-bas qu'ils passent toutes leurs journées?

-Exactement. Ils sont tous professeurs sauf Lise.

-Elle fait quoi elle?

-Elle est sous-cheffe. »

Je ne fus pas surprise du tout de la place de la rousse. Je savais qu'elle avait un rôle important dans ce quartel. Lucia me donne quelques indications sur le repas de demain soir. Heureusement que mon blond aux yeux bleus m'avait prévenu car sinon, je n'aurais rien eu à me mettre. Ma cheffe retourne dans sa chambre ainsi que tous ses camarades et moi-même. Ce fut une très belle journée et j'espère sincèrement être à la hauteur des attentes de Lucia.

Toi et moi ce sera l'enfer [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant