Toi et moi ce sera l'enfer [TOME 2]

Chapitre 2

Nous sommes dans la rue en train de nous balader main dans la main. Comme d'habitude, je porte ma casquette et un masque pour que l'on ne puisse pas me reconnaître, même si ça m'étonnerait que l'on me retrouve au Québec. Avoir une casquette, un masque et me faire discrète sont les seules conditions pour que je puisse sortir. Je sais qu'elle veut juste me protéger mais c'est soulant à force. Cela fait plusieurs mois que nous sommes arrivées et elle est toujours aussi obéissante aux règles, enfin faut oublier celle qui dit qu'elle ne doit créer aucuns liens avec moi.

Elle porte aussi une casquette et des survêtements noirs, bien sûr. Je ne sais pas comment elle fait pour vivre sans couleurs. J'arrive à distinguer sa cicatrice sur sa tempe gauche, elle lui rajoute un charme.

« On va acheter des croissants? me demande ma petite amie.

-Oui! »

Elle me sourit et nous nous mettons en route. J'adore les croissants, même si ses crêpes sont meilleures. Une fois nos croissants mangés, nous nous mettons en route pour le super marché. Je commence sérieusement à avoir mal aux pieds avec mes talons car oui, je ne suis pas en survêtements comme ma copine. Je porte un jean skinny, un chemisier blanc et une veste style blazer. Nous nous tenons toujours la main, ma copine et moi. Soudain, elle vient se positionner rapidement devant moi, c'est si rapide que je ne vois rien venir.

Un coup de feu.

Un corps à mes pieds.

Du sang sur mes habits.

Non. Ce n'est pas possible.

Abbie.

Je me réveille en pleure, encore ce foutu cauchemar. Il est trois heures du matin. Putain de merde! Cela fait cinq ans que ce cauchemar m'empêche de dormir. C'est toujours le même, sans jamais changer. Ça fait donc cinq ans que mes nuits ne sont pas complètes. Cinq ans que j'essaie d'oublier ce jour mais qu'il ressurgit chaque nuit.

Je me lève de mon lit et pars dans le salon. Je m'installe sur le canapé et regarde mon téléphone. Une notification attire mon attention. Héléna.

Héléna était l'une de mes clientes il y a maintenant deux semaines. Elle avait commandé un bouquet de fleurs pour l'anniversaire de sa petite sœur. Je lui ai tapé dans l'œil et elle ne s'en est pas caché. Elle m'a demandé ouvertement mon numéro de téléphone et m'a demandé de lui donner des nouvelles. Elle voulait un date. Quand j'ai raconté ça à Olivia, elle m'a dit que c'était l'occasion pour moi d'avoir enfin une vie. Elle m'a dit que c'est une chance que l'on a pas deux fois. Je vous le dit clairement, je n'ai jamais donné de nouvelles à cette Héléna.

Le message en question, me demande comment je vais. Je ne sais pas pourquoi mais je lui réponds. S'ensuit une longue conversation. Je suis étonné qu'elle soit réveillée à cette heure-ci. Après dix minutes de conversation, elle me propose un rencard. Je ne sais trop quoi répondre. Devrais-je y aller et voir ce qui ce passera? Ou refuser et ne jamais essayer de passer à autre chose?

***

J'arrange ma coiffure devant le miroir de l'entrée. Il faut que je parte dans cinq minutes pour être au restaurant à l'heure. Pour ma tenue, j'ai opté pour un jean moulant, une chemise blanche et un blazer bleu roi. Pour les chaussures, j'ai choisi de magnifiques escarpins noirs.Mes cheveux bruns sont attachés dans un chignon à moitié décoiffé. J'ai mis mes plus belles boucles d'oreilles et mon plus beau collier. J'ai mis une fine couche de mascara sur mes longs cils. Pour mes paupières, j'ai décidé de mettre du fard nude. J'ai mis la même couleur pour mes lèvres.

Olivia passe devant l'entrée et s'immobilise en me voyant. Elle me reluque hébétée par ce qu'elle vpoit. Sa colocataire part en rendez-vous, c'est une première pour elle. S'en est une pour moi aussi.

« Tu vas où comme ça? me demande-t-elle toujours sous le choc.

-Je vais à un rencard. Tu veux venir?

-Très drôle Abigaëlle. Mais tu vas en rencard avec qui?

-Héléna.

-Je croyais que l'amour ne m'intéressait pas.

-Finalement ça m'intéresse.

-Mon Dieu, qu'avez-vous fait à Abigaëlle Rivera?!

-Tu vois, on ne peut rien te dire sans que tu exagères le truc!

-J'ai rien dit, tu es toujours là. »

Je lève les yeux au ciel, épuisé par son comportement de bébé. Olivia a beau avoir vingt ans, elle a toujours un certain comportement d'adolescente. Je comprends pourquoi sa mère ne voulait pas qu'elle parte en colocation. Il faut un mental d'acier pour pouvoir la supporter. Heureusement pour elle, j'en ai un. Je supportais déjà Rayane avant de la connaître, alors je peux vous dire que je suis habitué à pire.

Ma colocataire s'apprêtait à partir mais elle se stoppe aussitôt. Elle se retourne et me questionne:

« Tu as mis le parfum que je t'ai offert?

-Oui, on va voir s'il fait des ravages. »

Elle éclate de rire et pars dans sa chambre. Moi, je sors de la maison et décide de prendre ma Tesla, gentiment offerte par mon très cher cousin. Je monte donc dans l'engin et démarre. J'espère que ce rendez-vous va me changer les idées et me faire passer à autre chose.