Toi et moi ce sera l'enfer [TOME 2]

Chapitre 20

Je suis en direction du fameux café, enfin nous. En effet, les agents de Lucia sont tous postés dans les quatres coins de la ville, au cas où il se passerait quelque chose. Personnellement, cela m'étonnerais, ce sont des membres de la mafia new-yorkaise. En l'occurrence, Rayane leur a donné l'ordre de ne pas me toucher.

C'est quand j'arrive au lieu du rendez-vous que je reconnais immédiatement la personne.

Isaac...

Il a été mon meilleur ami toute mon enfance, jusqu'à ce que mes parents décèdent. Les siens ont pris peur et ils ont fui le pays aussi vite que possible, nous séparant, lui et moi. Je ne l'ai jamais revu depuis et je suis surprise de le retrouver ici.

Je m'approche de lui et comprends que c'est bien lui que mon cousin m'a envoyé quand il se lève. Il me sourit tendrement, sourire que je lui rends. Rayane a donc décidé de jouer sur mes émotions. Ça ne m'étonne pas, il veut mettre toutes les chances de son côté.

Nous nous installons et commandons nos boissons, sans un échange. Alors que le serveur repart après nous avoir apporté nos boissons qu'il se décide enfin à ouvrir sa bouche.

« Ça fait longtemps dis donc... »

En effet...

« Arrête de tourner autour du pot et donne les raisons de notre entrevue, déclaré-je faisant en sorte de paraître inconsciente de la situation.

-Je vois que ton côté émotif a disparu, ricane-t-il, un sourire aux lèvres. »

Il pose ses avant-bras sur la table, me laissant apercevoir de nombreux tatouages sur ses bras. Il plante ses yeux bruns foncés dans les miens, bleus. Il annonce enfin:

« Reviens à la maison.

-Non. »

Il paraît surpris de ma réponse étant donné qu'il répète:

« Non?

-T'as très bien compris. Je ne reviendrais pas. C'est ici ma maison maintenant...

-Mais Ivy putain! Ta maison c'est chez nous! A New-York! »

Sans le contexte de notre discussion, les passants croient sûrement à une histoire de couple mais non, il s'agit bien d'une histoire de mafia.

« Chez-nous?! craché-je. Dit celui qui m'a abandonné il y a dix ans!

-Je n'avais que treize ans! Mes parents étaient apeurés à l'idée qu'il m'arrive quoi que ce soit! Je n'avais pas le choix de partir! Mais toi tu as vingt-trois et personne de peut te forcer à faire ce choix! Tu as le choix de rejoindre ta vraie famille! S'il te plaît Ivy! »

Il commence à me taper sur le système! Certes, j'aimerais rentrer chez moi, à New-York. Mais ici, au Mexique, je me sens enfin moi. Mes démons ont presque disparu. Des personnes s'intéressent enfin à moi et je dois découvrir ce qui s'est passé avec la mère de Lucia.

De toute façon, je n'ai pas le choix si je ne veux pas mourir.

« Ma vraie famille?! Arrête! Toute ma vie on m'a menti par rapport à ça! Ma décision est prise et tu sais à quel point je suis têtue! Maintenant laissez-moi tranquille! Moi et la Sinaloa!

-Sache qu'on ne lâchera pas si facilement Ivy. »

On?!

C'est ainsi que je remarque un tatouage particulier sur son avant-bras droit.

Un aigle...

Alors il les a rejoint...il nous a rejoint...

Les larmes me montent aux yeux, me forçant à lui tourner le dos et partir. Je me perds dans les rues de Mazaltán. Je finis par trouver un coin tranquille, loin de tous regards. Je retire brusquement mes oreillettes, que Lucia m'avait obligé de garder, puis les jette par terre. Je laisse mes larmes couler le long de mes joues. Ça fait tellement mal... Après dix ans sans se revoir, je suis obligé de le rejeter. Tous les souvenirs que nous avons partagés me reviennent en tête. Nos après-midi dans la piscine de mes parents, la fois où l'on a fait des gâteaux complètement immangeables... Et cette soirée où je l'ai réconforté car sa copine l'avait trompé. Tous ses souvenirs redoublent mes larmes. Des bras viennent me serrer doucement contre un corps chaud. Des doigts ornés de bagues et parfaitement bien manucurés me caressent tendrement. Un sanglot sort de ma bouche. Le souffle lent de la femme qui me réconforte tombe sur mes cheveux. Elle me chuchote des mots doux pour m'aider à me calmer mais je n'y arrive pas, la douleur est trop forte.

Toute la moitié de ma vie, Isaac à été mon pilier. Celui sur qui je me reposait. Et le traiter ainsi me brise complètement. Avoir osé lui cracher à la gueule qu'il m'avait abandonné alors qu'il n'avait juste pas eu le choix.

Je me hais...