Secret

Chapitre 9

Je suis effrayé par la vision que m'offre mon miroir.
Je me suis levé ce matin avec des douleurs incompréhensibles au corps.
Après m'être lavé le visage je me mets  quelques goutes de coli mentholé dans les yeux.
J'ai vraiment mal à tout le corps.
J'ai mal aux cuisses, j'ai mal aux épaules, j'ai mal aux genoux même aux yeux , mais là je sais pourquoi.
Hier nuit j'ai écrit plusieurs chapitre sans m'arrêter pendant cinq heures d'affilé. J'ai commencé à 23 h pour finir à environ 4 h du matin , c'est là que je me suis couché.
Je me suis levé à 6h.
Je dois accompagner Alex à l'école avant de passer voir Christian.
Suite à une longue exposition à la lumière et à seulement deux heures de sommeil, je ne suis pas surprise d'avoir aussi mal.
Je viens de sortir de la douche et comme je suis vraiment embrouillé, plutôt que de mettre ma robe verte je reporte mon ensemble pyjama.
Je n'ai plus que le temps de préparer Alexis avant de partir pour l'école et aussi, j'ai la flegme de me changer. Voilà pour quoi 30 min plutard je dépose mon fils à l'école avec des lunettes de soleil noire pour cacher l'horrible état de mes yeux.
_ Tu rentre en bus Alex. D'accord ?
_ Oui. Au-revoir.
_ Bye.
J'attend de le voir traverser la barrière pour reprendre la route.
En arrivant devant l'immeuble, je constate que le parking est bloquer par des plusieurs cartons. Je suis donc contrainte de me garer au bord du trottoir.
Je descend lentement de la voiture sous les regards curieux de certains passants dont je n'ai actuellement que faire.
Selon moi je ne devrais normalement pas paraître trop bizarre dans cette tenue.
C'est juste un pantalon large blanc, un débardeur blanc avec au dessus un léger gilet de la même couleur. Ce qui pourrait être plus étrange, c'est peut-être la paire de pantoufles blanches que j'ai aux pieds.
Mais tout le monde n'est apparemment pas de cet avis puisque je vois deux vigiles se diriger vers moi.
_ Madame, allez dessoûler ailleurs.
Me suis-je déjà senti aussi humilié qu'à cet instant précis ?
Alors que je compte rétorquer, une âme de bonne volonté vient à ma rescousse.
_ C'est bon, laissez la passer. Elle est avec moi.

Les deux hommes acquiescent et reculent en me regardant bizarrement.
_ Tiffany ?
_ Merci bien, lui dis-je en le bousculant avec mon bras pour passé à l'intérieur.
_ Ça ne va pas ? Quelqu'un est mort ? me demande Kyle en courant pour me rattraper et marcher près de moi.
_ Pas encore non.
_ Pas encore ? Dis moi tout. Au vu de ton état même si tu dis vouloir tuer quelqu'un je te croirai.
_ Il n'y a rien à dire Kyle. affirmai-je en entrant dans l'ascenseur toujours suivis par le comptable.
_ Bien sur qu'il y a des choses à dire. Commençons par la raison de tant de désolation sur ton corps tout entier.
Je le regarde, baisse les yeux sur moi et décide finalement de l'ignorer.
_ Tiffany ?
Je soupire agacé et répond : _ Si tu veux tout savoir, c'est ma tranquilité qui va bientôt mourir. je me tourne vers lui et ajoute : _ Et tu es convié au funérailles.
_ Qu'est-ce qui va se passer ? me demande-t-il alors que les portes de l'ascenseur s'ouvrent.
Je l'ignore et m'avance vers le bureau de Christian tandis que Kyle est stoppé dans son élan par la stagiaire Samanta (qu'elle soit bénie) qui vient lui parler de je ne sais quoi.
Je m'apprête à cogner à la porte du bureau mais entend des voix à l'intérieur. Alors je recule et vais m'appuyer sur le mur en attendant que la porte s'ouvre.
C'est Nina, la secrétaire qui sort la première et referme la porte derrière elle. Elle se tient dos à moi, trop concentré sur la grosse pile de document sur son bras gauche qu'elle essaye de ne pas faire tomber et sur la tasse fumante dans sa main droite pour remarquer ma présence.
Elle continue son jeu d'équilibriste en se tournant, la tête toujours baissé.
Les quelques papiers qui dépassent commencent à lui échapper et tombent parterre.
C'est avec un certain effort que je m'approche d'elle pour l'aider à les ramasser.
En entendant les pas qui approchent d'elle, elle lève subitement la tête et pousse un cris strident me faisant automatiquement crier.
Dans le feu de l'action elle lance le mug dans sa main qui va s'écraser sur un mur trois mètre plus loin.
Je suis choqué.
La porte du bureau de Chris s'ouvre en fracas le laissant apparaitre aux côtés d'un beau blond.
_ NINA QU'EST-CE QUI NE VA PAS ? demande Chris en alerte.
_ Elle...elle m'a fait peur.
_ Non c'est elle qui m'a fait peur !
_ Tiffany. Il se tourne vers l'homme blond derrière lui et lui dit : _ Vous pouvez y aller.
_ D'accord merci.
_ Tiffany suis-moi. Nina vous êtes blessé ?
_ Non monsieur. J....je vais tout nettoyer.
_ Faites.
J'avance jusqu'à la porte et m'engouffre dans la pièce.
Sans y être invité, je vais m'asseoir sur l'une des chaises devant l'imposant bureau de Chris.
_ Tu lui as fais quoi pour l'effrayer au point de la faire hurler comme ça ? demande -t- il en prenant place de l'autre côté de la table, face à moi.
_ C'est elle qui m'a fait peur.
_ Qu'est-ce qui ne va pas Tiffany ?
_ Pourquoi tout le monde me pose cette question ? Ça m'énerve !
_ Tu veux dire que tu vas bien ?
_ Oui.
_ À bon ?
Pas plus loin qu'avant-hier tu as été emmené à l'hôpital après avoir avalé tous les jus qu'il y avait dans ta cuisine et vomis comme un robinet. Tu as passé toute la journée d'hier dans ton lit et tu ne décrochais aucun appel, même pas ceux de ta mère. Aujourd'hui tu viens en pyjama dans un immeuble commerciale, ton apparence fais tellement froid dans le dos que grâce à toi un mur a pu gouter au café. Tu dis toujours que tu vas bien ?
Je regarde ailleurs pour fuir son regard et me tourne vers la chaise près de moi pour ouvrir mon sac à main.
_ Voici les prochains chapitres, je les ai terminé. dis-je après avoir jeté la pile de feuilles sur le bureau.
_ Déjà ? Tu as demandé qu'on te laisse trois semaine.
_ J'ai tout fini cette nuit.
Il récupère le manuscrit non sans un regard sceptique pour moi.
Il se lance dans sa lecture alors que je pose ma tête sur mes bras croisées sur la table pour me reposer.
Christian lit incroyablement vite mais je profite quand même du temps qu'il prend pour rattraper ne serait-ce que quelques minutes de sommeil.

_ Tiffany ton objectif en écrivant ce livre était de communiquer la dépression à tous ceux qui l'ouvriraient ?
Je lève la tête et me redresse pour le regarder .
_ Je savais bien qu'un livre terminé en une seule nuit était douteux, se moque-t-il.
_ Douteux ? Je te signale que mon bestseller de l'année passé qui était aussi celui de toute cette maison d'édition avait été terminé en 28 jours. Tu en connais beaucoup qui soient capables de finir 73 chapitres en seulement 28 jours ?
_ Et donc quoi ? Tu essayais de battre ton record ?
_ Dis moi ce qui ne va pas avec ces chapitres.
_ Tu les as lu ? Tu as écris un film d'horreur. Mais c'est pas étonnant vu ta tête.
_ D'horreur ?! N'exagère pas.
_ L'histoire à complètement changé de trajectoire.
_ De trajectoire ?
_ Ce que je veux dire, c'est qu'elle a subitement pris un tournant dramatique. C'est un changement brutale.
_ Tant que ça ?
_ Tiffany tu es manifestement pleine d'émotions négatives et c'est le genre de chose qui affecte tes écrits.
Tu devrais faire une pause et prendre des vacances.
Fais un voyage histoire de changer d'environnement.
_ Pour aller où exactement ?
_ Dans un pays tropical de préférence.
_ Il y a déjà beaucoup de soleil ici.
_ Et tu habite là toute l'année.
Je pousse un long soupire et recule jusqu'à cogner le dossier de ma chaise.

Je sors du bureau de Chris avec la tête ailleurs.
Bon, le bon point dans tout ça c'est que j'ai gagné des vacances.
Ce n'est que quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent que je réalise que je n'ai pas mon sac avec moi.
Je fais demi tour pour retourner au bureau de Christian.
Ayant oublié mes manières je ne sais où j'ouvre la porte sans cogner avant et la sens percuter quelque chose...ou plutôt quelqu'un vu le hurlement que j'entends.
Précipitamment, j'entre pour voir qui j'ai...enfin qui la porte a frappé et trouve mademoiselle la secrétaire qui se roule presque parterre, criant et pleurant de douleur en tenant son épaule droit.
Kyle essaye de la relever tandis que Christian me regarde sidéré.
Et moi ?
Eh bien, les mots confusion et gêne décrivent parfaitement mon état actuel.