Chapitre 23

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Cinquante-trois jours sont passés depuis le très mouvementé mois de septembre.

Le procès du père d'Alicia a eu lieu il y a peu. Le peintre Sevilla a témoigné en sa faveur, ce qui a permis de le relâcher.

Bien que les choses aient été plus compliqués qu'on ne s'y attendait tout s'est plutôt bien passé. Mais sa voisine ne s'est toujours pas réveillée, et son mari est encore porté disparu.

Depuis cette histoire Alicia trouve l'idée d'aider les gens particulièrement repoussante. 

<< Ça n'a rien à voir avec le fait d'aider. Ton père s'est rendu juste complice d'adultère. Quand on plante une graine malade on ne doit pas s'étoner du mauvais état de ses fruits. >> lui avait-je dis, mais elle ne veut rien entendre. 

Je peux la comprendre, ces dernières semaines ont été éprouvantes pour elle. Elle doit encore être sous le choc. Jamais personne dans sa famille n'avait encore été emprisonné. En plus, pour la première fois que ça lui arrivait c'est elle qui devait trouver des solutions, je ne vous parle même pas des efforts qui ont été fournis pour que l'affaire ne s'ébruite pas.

Ma pauvre amie. Quel traumatisme !

De mon côté, ça va moyennement. Je sais que la vie peut mieux faire.

Alexis est moi n'avons pas beaucoup tardé à nous habituer à la vie chez Élias. Bien vite, ils se sont rapprochés l'un de l'autre et construisent peu à peu une relation père fils ; qui ignore que c'est son père mais qui le saura bientôt et j'espère qu'elle deviendra très solide.

 Élias a et continu de fournir bien des efforts pour que ça marche, et bien qu'Alex se soit montré un peu réticent au début, il a fini par accueillir cet homme dans sa vie avec joie. En tant que fils unique et ne vivant qu'avec sa mère il avait ce manque de présence masculine que son "père" réussi à combler.

Pour ce qui est de MA relation avec Élias...Eh bien...

_ TIFFANY REVIENS ICI !

_ On le fera une autre fois.

_ Cette fois-ci, on va tout lui dire, affirme-t-il, m'ayant brusquement retourné alors que je comptais descendre les escaliers. 

_ Tu ne vois pas qu'il joue ? On devrait attendre encore un peu. C'est plus judicieux de lui dire demain.

_ Hier tu m'as dit qu'on lui dirait aujourd'hui, avant-hier tu m'as dit qu'on lui dirait hier, avant avant hier tu m'as dit qu'on lui dirait avant-hier, si je continue de compter sur tes promesses il le découvrira dans mon testament.  

Nous sommes le 28 novembre. L'anniversaire d'Alexis est dans huit jours et Élias ne veut pas qu'il entre dans sa huitième année en l'appelant "monsieur Ryan" quoique je commence à trouver ça plutôt amusant. Vous comprenez, quand on pense qu'il est lui-même un Ryan. C'est pourquoi nous nous trouvons assis à même le sol devant "notre" fils dans sa chambre.

Je commence bien évidemment par me racler la gorge. 

_ Alors...Alexis

Je cherche mes mots mais rien ne sort. Comment dire à un enfant qui n'a jamais vu son père en huit ans de vie que celui-ci est l'étranger qui habite avec lui depuis déjà plusieurs semaines ? C'est là que je me mets à espérer que la ménagère vienne nous annoncer que le repas est prêt, qu'un téléphone sonne où que n'importe quoi d'autre qui puisse interrompre cette réunion arrive, comme dans les films... malheureusement rien ne se produit. Parfois le cinéma est une vraie arnaque. L'aide que reçoivent les personnages n'est que celle des réalisateurs. Ça n'a absolument rien de réel. 

_ Alexis...Je...Je...Il y a longtemps...Maman...et monsieur Ryan...ont eu un bébé 

Je m'arrête pour observer sa réaction. Le pauvre a beugué. Mais tant pis, je continue quand même.

_ Et en fait...ce bébé...c'est toi.

Cette fois ci il serre sa petite bouche et ouvre grand les yeux. Cette expression faciale dure quelques secondes après lesquels il reprend son air impassible et se lève en disant : _ Vous êtes bizarre. 

Il s'en va tranquillement jouer au fond de la pièce nous laissant planté là.

Mais quel genre de reaction est-ce donc.

Nos regards à Élias et moi voyagent entre Alexis et nous. Lui ne nous calcule même plus trop concentré sur ses figurines.

Élias se penche alors vers moi et me demande : Il pense qu'on blague ? 

_ Je ne sais pas trop ce qui se passe dans sa tête, chuchotai-je, gardant toujours mes yeux sur l'enfant qui fait des onomatopées en tapant ses figurines les unes contre les autres.

_ Alexis ?

_ Oui ? 

Il me répond souriant comme si de rien était.

_ Alex, est-ce que tu as compris ce que j'ai dit ?

_ Tu as dit que tu avais eu un bébé avec monsieur Élias et que ce bébé c'était moi.

_ Donc tu...comprend le sens de cette phrase ? lui demande Élias.

 _Ça veut dire que si elle est ma mère toi tu es mon père, explique-t-il toujours impassible.

Ayant terminé cette petite discussion (ou presque) nous sortons de la chambre d'Alexis un peu sonné et nous arrêtons devant sa porte pour partager nos impressions.

Je suis la première à m'exprimer.

_ Il est humainement, scientifiquement, logiquement impossible qu'un enfant réagisse comme ça à une si grande révélation. Regarde-le il est totalement détendu, comme si tu lui avais annoncé que le soleil se coucherait trois heures plus tard aujourd'hui.  

Élias, qui est adossé sur le mur les bras croisés ne semble même pas prêter attention à ce que je dis. Il a l'air ailleurs. 

 _ À quoi tu penses ?

_ Tu crois qu'il m'a accepté ?

Je pousse un soupire et vais m'adosser près de lui.

_ S'il voulait te rejeter il te l'aurait clairement montré.

_ Donc...il m'a accepté ?

_ Non non non non ce n'est pas ce que j'ai dit. En fait je veux que tu comprennes que tu n'as pas à t'en faire, parce que s'il veut te rejeter il le fera clairement. Sans te laisser de confusion.

_ Peut être qu'il n'a jamais éprouvé le besoin d'avoir un père. 

_ Impossible ! Comment est-ce qu'un enfant pourrait grandir sans vouloir connaitre son père ?

_ C'est maintenant que tu le comprends ? demande-t-il sur un ton sarcastique.

_ Tu comptes revenir dessus toute ta vie Ryan ?! 

_ Tu ne penses pas qu'il est beaucoup trop tôt pour que j'oublie tes "bonnes oeuvres" ? 

_ Tu ne sais même pas faire de sarcasme !

_ C'est vraiment le sujet Tiffany ?

La porte à coté s'ouvre lentement, et une petite tête traverse l'entrebaillement.

_ Qu'est-ce que vous faites ? 

_ Euh...Alexis..., je retourne ma tete vers Élias pour lui demander de répondre à ma place, ce qu'il ne fait pas. Alors je me débrouille.

_ Alex, tu sais que ton anniversaire est dans quelques jours ? Et si on allait choisir tes jouets sur internet ?

_ D'accord ! 

Enthousiaste, il court me prendre la main et me tire dans sa chambre. Je le suis en regardant mal l'énergumène derrière qui n'a absolument rien à faire de moi. 

Je déclare ouvert un nouveau chapitre.  << L'anniversaire d'Alexis >>.

SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant