Chapitre 20

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Couché sur le ventre, je peine à trouver une bonne position pour remplir la pile de papier blanc que j'ai mis sur un classeur qui me sert de sous main.

C'est tellement pénible d'écrire sur un lit aussi moelleux et dans cette position !

D'abord il y a mes seins qui me gênent parce qu'ils sont appuyés sur le matelas, en suite ma colonne qui me fait très mal et à chaque fois je me rappelle de cet article que j'ai lu l'année passé sur les maladies que peut causer le fait de prendre une mauvaise position dans ma tête je vois des images de scénarios plus dramatique les uns que les autres dont je peine toujours à me débarrasser.

Ils me font ressentir des sensations malaisantes et inquiétantes qui me paraissent parfois tellement terrible  qu'une fois je suis allé faire un check up à l'hôpital pour m'assurer que je n'avais pas une déformation de la colonne vertébrale.

Quand je pense que chez moi j'ai un bureau avec un fauteuil très confortable pour travailler paisiblement et que je souffre quand même autant.

_ De toutes façons c'est lui qui m'a emmené ici.

Je me lève de ce lit et me dirige vers les escaliers que je dévale

Je rapproche de plus en plus d'une porte claire en bois de chaîne, celle de son bureau. J'entre à l'intérieur en trombe, sans prévenir.

Je me mets à chercher la petite table que j'ai vu au fond de la pièce une fois où je faisait le tour du propriétaire en son absence ( sans permission bien-sûr ).

Une fois que je la repère, je vais prendre l'une des deux chaises disposés devant le bureau d'Élias et la tire jusqu'à l'autre côté de la pièce.

Je sens son regard sur moi depuis mon entrée ici mais, ne lui prêtant aucune attention, je m'assoie à mon bureau de fortune et sors les papiers vierges de mon classeur.

_ Je peux te poser une question ?
_ Non.
_ Je demandais par politesse. Alexis est né quand ?

Je lui lance un bref regard puis le repose sur ma feuille.

Voyant que je l'ignore il reprend : _ Je veux connaître le jour de son anniversaire.
_ C'est le 04 décembre.
_ Avant les fêtes.
_ Oui.

Je sens l'ambiance se tendre subitement même si nous nous parlons sans nous accorder aucun regard, hormis les quelques coups d'oeil qu'il me lance de temps à autres.

Il est le premier à briser ce silence pesant en faisant une remarque un peu malvenu dans ce moment déjà très gênant : _ Donc il aura huit ans dans quelques semaines.

Sa voix est amère. Je n'ose pas répondre.

_ Il aime les fêtes ?
_ Pas vraiment. C'est un enfant qui n'aime pas le bruit et la foule.
_ Il est comme moi, murmure-t-il. Sans le voir je devine qu'il arbore un sourire léger et triste.

À chaque fois que je réponds à une de ses questions j'ai l'impression de lui planter une dague dans la poitrine.
Et le fait de me sentir responsable de sa douleur, cette culpabilité est vraiment lourde à supporter.

J'ai subitement envie de pleurer.

Alors sans demander mon reste, je me lève de la chaise et quitte la pièce pour courir hors de la villa.

Je vais me réfugier derrière un arbre imposant au fond du vaste jardin.

Sûre d'être dans un endroit où personne ne peut me voir, je glisse jusqu'au sol, laissant libre cours à un torrent de larmes.

Maintenant que je me suis mise à pleurnicher, je n'arrive plus à m'arrêter.

J'en ai marre de tout ça.
J'en ai marre de ma vie , j'aimerais tellement remonter le temps, mais, même si c'était possible je ne sais même pas ce que j'aurais fais.
Actuellement dans ma tête tout n'est que confusion.

Après quelques minutes je commence à sentir mes paupières s'alourdir et ne lutte pas contre elles.

_ Je l'ai trouvé monsieur !

J'ouvre lentement les yeux mais les referme brusquement lorsque les rayons du soleil qui brille haut dans le ciel y pénètrent.

Je suis un peu désorienté parce que je viens de me réveiller. Ça m'arrive toujours quand je dors en journée.

_ Madame ? m'appelle Zora, la ménagère qui m'a réveillé. Vous allez bien ?

Pour lui répondre, je me contente de hocher la tête.

Tout à l'heure je me suis endormie dans le jardin, et apparemment j'ai duré.

J'entends quelqu'un s'approcher, il vient en courant.

Élias apparait devant moi rouge de colère.

Franchement il exagère.

_ Ça ne va pas de disparaitre comme ça ?
_ J'étais juste dans le jardin.
_ Tu as un très bon lit, pour quoi est-ce que tu vient dormir parterre.
_ Je n'ai pas fais exprès je…je prenais l'air et je me suis assoupi.
_ C'est l'heure du déjeuner.
_ Déjà ?
_ Comment ça “déjà” il est 15 h ça fait un moment qu'on aurait dû manger.

Venant de lui cette phrase m'étonne.

Cette maison fonctionne selon le mode de vie d'Élias. Et il mange à des heures irrégulières.

Après notre arrivée, ni lui ni le cuisinier n'ont changés leurs habitudes.

Ce n'est pas bon pour Alexis de manger aussi tard, si ça persiste il va prendre de mauvaises habitudes.
Je vais en parler à Élias ce soir même.

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