Chapitre 21

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Assis face à face dans le salon de son bureau, Élias et moi n'avons pas besoins de plus que nos regards pour comprendre que la discution ne sera pas simple.
Hier je l'ai reporté à aujourd'hui et je ne compte plus procrastiner.
Cette discution nous l'aurons ! Pour mon fils je ne vais pas me dégonfler !

_ Je ne vais pas tourner autour du pot d'accord ?

Il hausse les sourcils en signe d'approbation.

_ Tu es tellement froid que s'en est gênant. Tu travailles jusque tard dans la nuit, à tel point qu'on ne te voit presque pas ici puisque même quand tu es là tu reste enfermé dans ton bureau, tu mange à des heures irrégulières.
Et toute cette maison est à ton image. Le mode de vie ici ne convient pas à un enfant.
Tu n'es pas prêt pour être père, ce qui est tout à fait compréhensible puisque cette histoire t'est tombé dessus subitement.
Du coup, pour ton bien et le nôtre aussi je pense que tu devrais nous laisser Alex et moi rentrer chez nous et te contenter de venir lui rendre visite quand tu voudras.
En échange je ne t'imposerai pas de restriction quelconque.
Ça ne sert à rien de me menacer, un juge ne te donnera sûrement pas mieux.

Élias, qui jusque là m'écoutait l'air impassible souffle et se lance dans un petit récit.

_ Quand on était enfant Johanna voulait une petite soeur parce qu'elle était fille unique au milieu de quatre garçons.
Alors ma mère lui a dit qu'elle essayerait d'avoir une autre fille si elle réussissait à bien s'occuper d'un animal de compagnie, bien-sûr elle n'avait pas la moindre intention de retomber enceinte , d'ailleurs je n'ai jamais compris pourquoi elle a donné de faux espoirs à cette pauvre petite.
C'est comme ça qu'on a adopté ruddolf. Après deux jours à s'occuper de lui Johanna décida d'abandonner l'idée d'avoir une petite soeur.
_ Attend. Donc vous avez adopté ruddolf rien que pour Johanna ?
_ Oui.
_ Mais alors pourquoi est-ce qu'il habitait avec nous ?
_ Johanna l'a abandonné et moi je l'aimais bien alors il devenu mon chien.
_ Ah d'accord. Il ne vit plus avec toi ? Tu l'as laissé à New-York ? Depuis que je suis là je ne l'ai jamais vu.
_ Il est là.
_ Où ?
_ Il y a sa niche dans le jardin.

Je suis surprise par ce qu'il me dit parce que depuis mon arrivée je n'ai vu ni chien ni niche dans ce jardin.

_ Bref ! Revenons à nos moutons.
Je ne m'étais jamais occupé de chien avant, mais après seulement une semaine j'étais un maître parfait pour ruddolf.
Je n'ai donc pas besoins d'un doctorat en parentalité pour être un bon parent.
_ Élias…tu viens de comparer mon fils à un chien ?
_ Non je parlais d'éducation.
_ Si tu as comparé mon fils à ton chien.
_ Tu pourrais te concentrer sur le sujet ?
_ Tu as dis que puisque tu n'avais pas eu besoin d'une grande expérience pour t'occuper de ruddolf tu pourrais être un parent parfait pour Alexis en un rien de temps.

Bon ok, j'ai un tout petit peu exagéré. Mais quand même ! Il a comparé mon fils à un chien !

_ C'est bon ! C'est bon Tiffany tu as gagné, se résigne-t-il. Je m'excuse j'aurais dû faire plus attention à mes propos. Ça te va comme ça ?
_ Hmmm. Ça suffira.
_ Bien alors ce que j'essayais de te dire, c'est que je ne suis pas le meilleur père du monde mais que tout s'apprend.

Toi aussi tu as été mère pour la première fois.

Là il marque un point.

_ Tu ne peux pas continuer de me ravir mon rôle pour des raisons pareilles. Tu t'étais déjà occupé d'un enfant avant d'avoir Alexis toi ?
_ Non.
_ Tu as déjà eu un animal compagnie.
_ J'avais un chat quand j'étais petite.
_ Tu ne m'en avais jamais parlé.
_ Il s'est suicidé.

Mon téléphone se met à vibrer avant que ne puisse lui répondre.

C'est un message de la maîtresse d'Alexis.

Je remarque par la même occasion un message vocale de Daïdo qui remonte à plus de trente minutes.

_ Très bien Élias. Tu as raison. Je vais te laisser jouer ton rôle de père et dès tout de suite.

Va chercher Alexis à l'école le bus scolaire est en panne. Moi je dois aller quelque part, dis-je en me levant.

En fermant la porte du bureau derrière moi je clique sur play pour entendre ce que Daïdo avait à me dire.

_ Tiffany. Snif. Tu peux venir au kart s'il te plaît ? Snif. Excuse moi de te déranger mais j'ai… Snif…j'ai…je crois que si je n'en parle pas je vais faire une dépression.

Je regarde l'écran après que le message soit terminé.

Je me demande ce qui ce passe.

Ça fait quand même plus d'une demi heure qu'elle m'a envoyé ce message. Sans attendre, je me mets en route pour le kart en espérant qu'elle y soit toujours.

Je descend de la voiture après m'être garé sur le parking près du bâtiment vers lequel je me dirige.

Ne la voyant nul pars je l'appelle.

_ Allô ?

Sa voix est faible et cassé.

Je suis autant étonné de découvrir que même Daïdo peut pleurer que de voir qu'elle n'a pas cessé de pleurer depuis son message de tout à l'heure.

_ Désolé de ne répondre que maintenant Daïdo. Je suis venu au kart aussi vite que j'ai pu. Excuse moi d'espérer que tu n'es pas encore rentré chez toi.
_ Non. Snif. Je suis dans les vestiaires.
_ Ok j'arrive tout de suite.

Je raccroche et me dirige avec empressement vers les vestiaires des femmes.

En chemin, je croise Julian qui sort des vestiaires des hommes, à côté avec un gros sac de sport contenant sûrement son équipement.

_ Tiffany ? On m'avait pourtant dit que tu ne venais pas les mardis .
Quesque tu fais là ?
_ Ce ne sont pas tes affaires .
_ Tu pourrais juste répondre comme une personne civilisée.
_ Très bien, dis en m'arrêtant pour me tenir face à lui.
Je viens faire ce que je faisait longtemps avant que tu ne t'inscrive dans ce kart.
C'est suffisant comme réponse ?

Je n'attend même pas qu'il me réponde et avance.

_ J'ai entendu dire que tu avais emménagé chez Élias.

Je fais comme si je ne l'avais pas entendu et passe mon chemin, mais il ne se résigne pas et viens m'attraper le bras pour m'empêcher d'aller plus loin.

_ Quoi ?
_ Tu compte me haïr comme ça toute ta vie ?
_ Pourquoi pas ? J'ai assez d'énergie pour.
_ Élias a vraiment appris pour Alexis ?

Ça ressemble plus à une affirmation qu'à une question.

_ Les nouvelles vont vraiment à une vitesse fulgurante. J'imagine que tu es aussi au courant pour le pyjama vert que j'ai porté cette nuit vu comme tu es bien informé.

Il se contente de pousser un soupire et je profite du silence pour continuer ma route.

Enfin arrivé au vestiaire, je tente d'ouvrir la porte mais elle est fermé à clé.
Alors je cogne au cas où elle n'a pas remarqué la poignée se baisser puisqu'elle pleure, le bruit de ses sanglots résonne jusqu'ici à tel point qu'on les entend sans le moindre effort.

J'entend les sanglots se rapprocher, un petit "click" et la porte s'ouvre sur une Daïdo en piteuse état.

Je suis sûre que mon visage n'affiche qu'une expression. Celle de la désolation que je ressens pour elle.

Qu'est ce qui a bien pu lui arrivé ?

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