Bianca : Promesses d'avenir

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C'est sur une note douce-amère que je vous présente le dernier chapitre ! Pour me consoler je vous mets ces portes clés trop mignons des couples incroyables créés par Rick 🤭

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J'aurai pu rester tranquillement dans mon lit, à paresser toute la journée, si le monde ne m'avait pas envoyé un petit frère pour me réveiller. Malheureusement, la vie en a décidé autrement. Mon frère me secoue comme une cocotte minute en me pressant :
- Dépêche toi Bianca ! On va être en retard au lycée si tu te réveilles pas !
Ah oui, c'est vrai. Le début de la journée la plus normale de ma vie. Enfin, j'espère. Je me rends soudain compte que ma journée censée être d'une normalité absolue est déjà gâchée. Nico debout avant moi ? Impossible. À cette heure-là, il devrait encore être en train de s'accrocher à son lit, cherchant de nouvelles stratégies pour ne pas avoir à quitter son meilleur ami.
Après notre nuit de folie, je me suis contentée d'écouter mon instinct. Après avoir vu Will tirer sur notre propre père, et Nico l'ignorer pour sauver la vie de Mitchell, les autres restants et moi avons réagi de la manière la plus naturelle et la plus courageuse qui soit. Devinez quoi ? Je me suis enfuie, bien sûr. Et je peux vous dire que je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie pour rejoindre mon lit. C'est presque comme si j'avais la mort aux trousses. Et je ne dis pas ça pour Hadès. Je suis plus que ravie d'être enfin débarrassée de cette petite ordure qui s'échine à nous pourir la vie, même dans la mort, dont il est le seul et unique responsable. Il ne m'inspire que de la haine, et un lourd sentiment de colère contre lui, et l'enfance passée, bardée de violences et de traumatismes qu'il nous a offerts. Je ne pense pas me tromper en disant qu'on méritait mieux, en temps qu'enfants, mais aussi en temps que personnes à part entière. Je regretterais toute ma vie d'avoir été contrôlée par ce père ignoble, et surtout de l'avoir laissé tuer notre mère. Maman... Une autre personne pour laquelle je ne pourrais jamais me pardonner. La mort d'Hadès n'aura été que justice pour elle. Mais voir Mitchell tomber à terre, la poitrine en sang, et Will abattre Hadès de sang froid à bout portant... Moi qui désire plus que tout une existence tranquille et sans accrocs, c'est fichu. En tout cas, pas tant que je ne me sorte de la tête ces visions glaçantes.
En tout cas, Nico semble du même avis que moi, par rapport à tout ça. Il paraît distant, presque fuyant. Je me demande s'il s'est éclipsé pour rendre visite à Will. Will... Une autre personne à qui je tiens. Je vais devoir lui présenter mes excuses pour mes manigations avec sa sœur Lizzie dans son dos, et aussi pour cette soirée de dingue. Mine de rien, son meurtre ne me dérange pas tant que ça. Bien sûr, c'est choquant de voir quelqu'un tuer comme ça, tout d'un coup, sans qu'on s'y attende. Mais je ne peux pas lui en vouloir. Il a sauvé mon frère, c'est pas rien ! Quand j'ai vu la pointe du canon rivée sur son front, je savais que j'étais prête à déclencher toute la fureur du monde entier ou de je ne sais quel dieux primordiaux pour le sauver. Will a été plus rapide que moi, et je lui en suis reconnaissante. Qui sais ce qui aurait pu se produire s'il n'avait pas agi ? Je refuse la vision s'imposant à moi de Nico gisant dans une mare de sang. Il me serait insupportable de perdre mon frère, en plus de ma mère, il y a bien longtemps.
Nico et moi nous installons à la table du salon pour prendre notre petit déjeuner, comme chaque jour. Cette matinée me paraît la plus normale, mais aussi la plus étrange que j'ai jamais vécu. Je ne suis pas assaillie par des visions oniriques, ou poirsuivies par mon double. Alors que la menace vient d'être éliminée, qu'un homme vient d'être assassiné, je suis là, attablée pour le petit déjeuner, à regarder dans le vague, perdue dans mes pensées. Certaines contiennent des réfléxions sur les évènements de cette nuit. D'autres, seulement des pancakes. Beaucoup de pancakes.
- Tu veux des Chocapics ? demande Nico, me tirant hors de la spirale que forment mes réflexions.
Il agite la boîte devant moi, comme si la joyeuse dégringolade des céréales enfermées à l'intérieur avait le pouvoir de me tirer hors de ma transe.
- Ouais, je veux bien.
Il verse quelques céréales dans mon bol avant de s'asseoir en face de moi, à la manière d'un président de la République s'installant en face de son auditoire.
- Alors, on va ignorer l'éléphant dans la pièce encore longtemps ?
Je souffle légèrement, amusée et perturbée à la fois. Incroyable, cette tendance que mon frère possède pour nous confronter au sujet maudit. Pour l'instant, la dernière chose que j'ai envie de faire est d'aborder le sujet. Tout ce que j'ai toujours désire, c'est une vie normale. C'est trop dur à accorder pour le père Noël ou quoi ?
Je soupire, sachant que je n'ai aucun moyen de m'échapper. Nico ne le permettrait pas. Je le connais trop bien.
- Écoute...
Avant même que j'ai pu finir ma phrase, le temps s'arrête. Non, non, je ne plaisante pas, et ce n'est pas encore une métaphore complètement capilotractée de ma part. La pièce est soudain plongée dans un silence angoissant. La cuillère de Nico est suspendue à mi-chemin entre son bol et sa bouche, et des gouttes lactées flottent dans les airs, comme des perles. Les aiguilles de l'horloge sont plus immobiles qu'un reptile au soleil, et les objets inanimés ne m'avaient jamais semblé aussi inquiétants. Étonnamment, mon frère et moi pouvons bouger. Nico repousse son bol, mais les gouttes de lait restent suspendues dans les airs. Nous nous tournons l'un vers l'autre, une formulation de question inutile sur les lèvres : c'est quoi encore ce bordel ?
Une voix tonne, résonne, semble remplir toute la pièce, comme si le son rebondissait contre les murs.
- Je suis ici pour venir vous ramener à la maison.
Le pire dans tout ça ? Je reconnais cette voix.
Une jeune fille apparaît tout d'un coup dans la cuisine, comme un mauvais sort. Elle titube un instant puis retrouve son équilibre sur ses deux jambes fortes.
- Désolée pour cette entrée un peu trop... théâtrale, s'excuse Lizzie. Je me suis un peu laissée emporter par mon côté Deviltown.
Elle claque des doigts et le temps reprend ses droits. Sa voix retrouve un volume plus supportable, et l'atmosphère sombre dans laquelle la maison avait été soudain plongée se clarifie. Le lait retombe dans le bol de Nico avec un "floc" retentissant. Rien de plus habituel que de recevoir une ambassadrice du Pays des Jeunes Morts dans son living room, vêtue à l'ancienne d'une cape drapée sur ses épaules.
Elle consulte une montre imaginaire, avant de redresser sa cape et de déclarer :
- On part tout de suite. C'est parti !
Nico et moi la regardons avec des yeux ronds d'incompréhension, puis de choc.
- Attends, attends.
Je place mes mains devant moi dans un geste pour calmer les choses.
- Tu veux nous emmener où, Lizzie ?
Je crains de déjà le savoir.
- À Deviltown bien sûr ! La ville a besoin de vous !
La colère m'evahit, et je me sens soudain plus proche que jamais de la fille en face de moi. Celle que j'ai aidée, que j'ai protégée. Et maintenant, elle me trahit ?! Quelle sombre ironie... Si j'avais pu prévoir que ça allait me retomber dessus...
- C'est hors de question ! Tu penses vraiment que tu peux me voler ma vie au moment où elle commence vraiment à compter pour moi ?! Tu te fourres le doigt dans l'œil, ma pauvre ! je lui crie.
Mon frère me fixe un instant, impressionné, avant d'à son tour oser braver la loi. Notre loi. Celle de Deviltown.
- Pauvre débile ! Ma vie, je la garde !
Lizzie semble plus qu'amusée par le chaos ambiant que nous avons créé. Elle nous rejoint en explosant de rire, les mains sur les genoux, et nous nous taisons soudain, inquiets. Est-ce qu'elle est en pleine crise d'hystérie ? Ou est-ce qu'elle va se redresser pour nous vomir un torrent de menaces et d'injures ? J'ai entendu qu'elle en avait le secret. Mais non, Lizzie semble plutôt de bonne humeur aujourd'hui, c'est à dire sournoisement taquine.
- Comment vous avez flippé ! Vous auriez dû voir la tête que vous avez fait, c'était ri-di-cule !
Mi-vexés, mi-perplexes, nous restons plantés là comme deux vaches regardant un train passer. Ou plutôt, Lizzie pliée en deux, à se tordre de rire.
- Nan, ce que je veux dire, finit elle par haleter en se redressant comme une grand-mère, c'est plus sérieux que ça.
Nous lui jetons un regard vide. Elle nous a complètement perdus. Elle devrait pas être à Deviltown, celle-là ?
- Pourquoi t'es ici alors ? demande Nico en faisant un pas en avant vers elle, perturbé.
L'expression de Lizzie change immédiatement, lui donnant l'air plus humaine et sérieuse que n'importe quel fou rire. Ses sourcils se froncent, et son visage s'assombrit, comme si des nuages noirs s'ammassaient au-dessus d'elle.
- En fait, je suis venue pour une raison précise.
Elle fait une pause, et je me demande si elle en rajoute pour un effet dramatique. Dans ce cas, c'est réussi.
- Je vais tout vous expliquer, promet elle en apercevant notre expression mi-paniquée, mi-sévère.
J'étais censée vous emmenez à Deviltown.
Voyant notre visage se décomposer, elle se hâte de poursuivre avant de nous laisser le temps de protester.
- Mais, et retenez bien ce mais, comme c'est moi la cheffe de Deviltown, j'ai pris moi-même ma décision.
- Je croyais que tu étais juste une subordonnée de Deviltown, et que tu l'avais accueillie en toi ? je m'enquis, perplexe.
- Ça c'est sûr, mon amie, embraye Lizzie avec un sourire malicieux.
Il est adouci par la lumière du matin, sinon il semblerait presque maléfique.
- J'ai décidé de faire craquer le système. À quoi bon être la cheffe si on ne peut pas outrepasser le règlement pour une amie ? En plus, j'ai une dette envers toi depuis notre rencontre, ajoute t-elle avec un geste vers moi. Donc, je décide de vous laisser le choix.
Je n'ai pas besoin de plus d'informations. Je sais exactement à quelle décision je vais être confrontée. Et je suis encore plus certaine de mon choix.
- Je...
- Pas si vite, interrompt Lizzie en faisant claquer sa langue.
- Hé ! intervient Nico. Les conditions sont simples, non ? Tu nous laisses choisir, on reste, et puis basta. Pourquoi tu essayes de nous rouler dans la farine maintenant ?
- Ravie que tu me crois aussi machiavélique pour tenter de vous piéger aussi lâchement, futur beau-frère. Mais non, je veux juste faire en sorte que Bianca sache ce qu'elle pourrait avoir.
Avant même que je ne puisse me poser de questions, elle me saisit délicatement le poignet, et je pénètre dans son esprit. De nombreuses visions s'offrent à moi, comme une horde de fourmis assaillant un morceau de sucre. Je vois la Fosse à souvenirs, et ses myriades de scènes mortelles. J'aperçois des enfants, par dizaines, par centaines, par milliers. Des enfants qui arrivent à Deviltown, qui s'installent. À un moment, je crois même reconnaître Nico, tout près de la Fosse à souvenirs. Avant même que je ne cède à l'automatisme de lui crier de s'éloigner, la scène est remplacée par une autre. Je me perçois l'intense satisfaction de la Gardienne à l'idée de se rendre utile, de contribuer à créer une nouvelle vie à ses pauvres enfants. Je m'imagine à ses côtés, en tant qu'apprentie, puis assistante.
- Alors ?
La voix de Lizzie me semble tranchante comme du verre quand j'émerge, mais aussi étrangement familière, chaleureuse et rassurante.
Je me rends compte que je suis allongée par terre, comme si je m'étais évanouie. Elle et Nico sont accroupis près de moi, et elle me tend la main. Je l'attrape et me redresse sur mes jambes tremblantes, ignorant l'impression de vertige dont je suis soudain victime.
Lizzie plonge son regard dans le mien. Le sien me semble un peu triste, ou mélancolique.
- Je pense que tu sais ce que je vais te proposer, Bianca.
Je soupire. Évidemment, que je sais. Elle veut que je reste avec elle, à Deviltown, pour prendre soin des enfants. Mais pourquoi moi, parmi tant d'autres ?
- Tu en as largement le potentiel, argumente telle, comme si elle avait lu dans mes pensées. Tu as subi plus d'épreuves que n'importe lequel de ses enfants, et plus important encore, tu as survécu. T'es une battante.
Je lui souris, sincèrement.
- C'est gentil, Lizzie. Tu deviens sage.
Elle rougit jusqu'à la racine des cheveux, gênée.
- Peu importe. Ta réponse ?
Je n'ai même pas à prendre le temps de réfléchir. Ma réponse est là, au fond de moi. C'est plus que des mots. C'est ma vie, mon identité.
- Je suis désolée, Lizzie. J'apprécie ton offre, vraiment. Mais j'aime encore plus ma vie, mes souvenirs et mon frère. Je ne suis pas prête à les laisser derrière moi.
Nico, qui avait passé les deux dernières minutes à se ronger les ongles, faute de bague (tiens, elle est passée où celle-là ?), se redresse, le cœur battant si fort que je peux presque l'entendre à l'autre bout de la pièce. Il pousse un énorme soupir de soulagement, et je l'enlace.
- Tu pensais vraiment que j'allais t'abandonner, idiot ? Toi et moi, c'est jusqu'à la fin, non ?
Il ferme les yeux comme s'il utilisait une technique de relaxation pour évacuer la tension.
- Bianca... Me fais plus jamais peur comme ça.
- Je peux pas te le promettre, mais je vais essayer.
Lizzie toussote, brisant avec une politesse qui ne lui ressemble pas du tout notre moment attendrissant entre frère et sœur. J'ai l'impression que Deviltown l'a rendue plus mature. Ou peut-être que c'est là où était sa place depuis tout ce temps.
Elle me serre à son tour dans ses bras, avant de résumer :
- Vous restez, donc ?
Nous nous regardons dans les yeux, Nico et moi, avant de confirmer en chœur.
- Oui.
- Vous êtes sûrs ? insiste t-elle avant de rapidement se reprendre :
- Non, je ne suis pas une harceleuse. Je comprends votre décision, vraiment. Seulement, puisque vous vous installez à plein temps dans la grande roue de la vie... Vous pourriez faire quelque chose pour moi ?
Je n'hésite pas une seconde. Au fond de moi, je sais que cette fille, si altruiste et courageuse, mérite elle aussi qu'on donne le monde pour elle, comme elle le fait avec les enfants de Deviltown.
- Bien sûr. Demande nous ce que tu veux.
Elle baisse un moment les yeux vers ses souliers de voyage blessés, l'air coupable. Cette expression m'interpelle. Qu'est-ce qui peut autant troubler la si confiante Lizzie.
- C'est à propos de Will.
Ah, évidemment. Si je me retrouvais séparée de mon frère, je serais dans le même état que Lizzie, je le sais.
- Transmets lui mon message. "Profite à fond. Éclate toi. Fais toutes les conneries du monde en pensant à moi, et sois heureux comme je le suis à Deviltown. Et dis-toi qu'un jour, nous serons peut-être enfin réunis, toi, moi, Michael et Lee."
Ces mots nous laissent abasourdis, Nico et moi, la même interrogation tournant dans notre tête comme un poisson dans un bocal. Est-ce que Lizzie est destinée à travailler à Deviltown pour l'éternité, ou va t-elle, à la mort de Will, après une longue "vie" de service, en profiter pour créer sa propre Deviltown rien qu'à elle et à ses frères ? Je préfère m'épargner la vision d'un Will de cent ans aux os croulants et aux yeux larmoyants débarquer au pays. Ce qui se passe à Deviltown restera à Deviltown.
- Je lui dirais, je déclare. Promis.
Lizzie, hoche la tête vigoureusement pour cacher ses larmes. Puis elle se rue dans mes bras, quand je la serre contre moi, j'ai l'impression d'être de retour à la bonne vieille époque où nous étions toutes les deux aussi perdues l'une que l'autre, à Deviltown. Aujourd'hui, son étreinte est forte, tenace. Puis elle me relâche pour enlacer Nico, qui se laisse faire sans grimacer.
- Vous allez me manquer tous les deux, conclut-elle, sans même plus tenter de dissimuler son chagrin.
- À nous aussi, Lizzie. On ne t'oubliera jamais.
Surtout moi, et cette folle quête pour te retrouver.
Après un dernier au revoir, elle finit par s'évanouir dans un fantastique nuage doré. Elle a vraiment le chic pour les entrées et les sorties théâtrales, c'est le cas de le dire !
Je me tourne vers Nico, qui se frotte les tempes et les paupières comme s'il voulait effacer de son esprit la scène dont il est témoin.
- Quelle histoire... Sérieux, c'était quoi ça ? Vous voulez me tuer ou quoi toutes les deux, avec vos révélations de fou ? marmonne t-il pour lui-même.
Il roule des yeux, d'une façon si exagérée que je me demande s'ils ne vont pas rester coincés dans ses orbites.
- Je préfère oublier tout ça...
Il se tourne vers moi pour me concerter.
- Ça te dis, d'aller joyeusement au lycée et d'apprécier une journée normale ?
Il y a quelques instants, j'aurai répondu un truc du genre : "Tu me connais tellement bien, petit frère". Mais après avoir discuté avec Lizzie, et écouté malgré moi son message si personnel à l'adresse de Will, j'ai besoin d'un peu de temps avec moi-même, pour réfléchir.
- Vas-y. Je te rejoindrais.
Il reste planté là un instant, comme s'il s'attendait à ce que je change d'avis comme de chemise, avant d'obtempérer.
- D'accord. À toute à l'heure.
- À toute.
La porte claque, et je me retrouve enfin seule. C'est le moment de faire le point. En quelques semaines, nous avons parcouru de long en large Deviltown ou/et la Fosse à souvenirs, noué des relations irremplaçables et découvert notre passé. Rien que ça. Je pense tout particulièrement au parcours de Lizzie. Après sa découverte de Deviltown, elle a décidé de rejoindre l'organisation. Autant dire que je ne suis pas jalouse d'elle, loin de là. Je ne suis même pas sûre de comprendre sa décision. Elle n'ira jamais au lycée, ne sera jamais diplômée, ne reverra peut-être jamais sa famille. Mais elle a gagné le travail de ses rêves, et se bat pour ce qui compte pour elle. Elle est heureuse, mais a sa façon. Elle a accompli son rêve. Et moi, dans tout ça ? je me demande. C'est quoi, mon rêve à moi ? Peut-être que depuis le début, c'était de profiter de la vie, de la croquer à pleine dents, en compagnie de ma vraie famille, de mes amis, de ceux qui m'aiment et que j'aime. Tout ça, c'est le produit de la vie. Le glissement du pinceau de Rachel sur sa toile, le fredonnement caractéristique de Daniel au petit déjeuner, le sourire éclatant de Will, les manies de Nico... Tous ces petits éléments, si dérisoires mais en même temps si beaux, prennent maintenant leur importance. C'est ça, être en vie. Elle peut être difficile parfois, ou même insupportable, mais je me rappelais toujours que c'est elle qui nous permet de ressentir la joie. L'amour, l'attachement. Et finalement, elle est plutôt agréable à consommer, je me dis en voyant Nico et Will s'embrasser devant l'intégralité du lycée.

Bianca in Deviltown Où les histoires vivent. Découvrez maintenant