Bianca : Terrible dualité

40 3 0
                                    

Je mets cette chanson en média car je trouve qu'elle correspond bien à la relation passée de Nico et Will☀️🌧️🌃. Il y a des références à une scène de Stranger Things et à une scène de Donnie Darko dans ce chapitre... Saurez-vous les retrouver ? 🧐
Je vous met une petite chanson de Lovejoy cette icône.

Les paroles "it's seems like all her friends abruptly fell in love and she was in the dust, darling, life was streaming past. So she learnt to lie, she learnt how to pretend, a drama in the futile, a means to an end. Why can't you be a dick ? Why must you be so nice ? It's hard for me to move on when I don't really hate you" font vachement aroace je trouve. Elle me rappelle un peu mon expérience perso.
Bref, bonne lecture ! 😘
-

- RETROUVE-MOI !
Je me réveille tous les jours avec cette même injonction. Je ne sais pas à quoi elle correspond, car je ne me souviens jamais de mes rêves en me réveillant. Mais je sens qu'elle provoque chez moi une profonde angoisse et un fort sentiment d'urgence, jusqu'à m'en rendre malade.Je me redresse dans mon lit et me frotte les tempes pour tenter de me rappeler le sujet de mes cauchemars. Je cherche de toute la force de mon esprit, cependant rien ne vient. Je me retiens de balancer mon oreiller à travers la pièce de frustration. Je déteste ressentir cette impression décourageante de vide mental que je devrais savoir combler.
Je suis incroyablement troublée en ce moment. Ça a commencé il y a quelques jours, quand je me suis retrouvée clouée au lit à cause d'une maladie sortie de nulle part. J'ai trouvé ce phénomène étrange : normalement, je ne tombe jamais malade, j'ai une santé de fer. Même si cette dernière avait soudainement décidé de m'abandonner, je ne vois pas ce qui aurait pu causer ma fragilité. En plus, quand mon frère est rentré un soir le visage couvert de pansements et l'air perdu dans un tourbillon de pensées, il s'est contenté de me tendre mon sirop d'érable sans même répondre à mes questions et à mes inquiétudes. Il m'a juste répondu qu'il était fatigué et qu'il avait besoin de dormir. J'ai surtout eu l'impression qu'il avait besoin de faire le point avec lui-même. J'adore le sirop d'érable, et normalement j'aurais improvisé une petite fête en solitaire rien qu'à l'idée de pouvoir en manger (Anna a mis des restrictions sur les pancakes et le sirop d'érable, elle croit que c'est mauvais pour la santé. N'importe quoi, ça contribue à mon bonheur. Bref.) mais quand j'en ai inondé mes pancakes le lendemain, le goût me semblait fade, et je mâchais machinalement, sans prendre aucun plaisir. Je me rappelle d'avoir été assaillie de questions par moi-même, et je le suis d'ailleurs toujours à l'heure où je vous parle. Pourquoi est-ce que de simples cauchemars dont je ne me rappelle même pas au réveil me troublent au point d'en être malade ? Qu'est-ce qui se passe dans mon inconscient ? Est-ce que Nico a recommencé à se faire harceler ? Pourquoi il ne me parle pas ?
C'est donc exténuée que je prends le chemin du lycée avec mon frère, qui est aussi muet qu'une carpe depuis plusieurs jours. Je décide de ne pas le questionner sur le trajet, car je sais que si je m'y risque, il se refermera sur lui-même. Je ne veux pas qu'il se sente forcé de me parler. Et j'ai également mes propres problèmes et préoccupations qui me perturbent. Mais j'aimerais pouvoir l'aider, s'il me laisse le faire.
La voix de mon frère qui me dit à toute à l'heure me tire de mes pensées. Ah oui c'est vrai. Le lycée. Les cours. Enfin quelque chose qui va me permettre de me concentrer et d'évacuer toutes les émotions négatives.

À peine je me pose à mon bureau et la prof s'attaque au cours par un long bavardage que mon esprit commence un vagabondage que je n'ai jamais souhaité. J'ai l'impression que je ne contrôle plus mon esprit, en ce moment. Résignée, je croise les bras et enfouis la tête dedans tandis que Madame Athéna (oui, elle s'appelle réellement comme ça. Les profs de ce lycée ont tous des noms en rapport avec la mythologie et ça fascine mon frère... Non ! Ne pas penser à lui !) poursuit son cours.
- Les fonctions carrés sont des fonctions spéciales qui permettent de...
J'arrête d'écouter à ce moment-là et j'essaye de m'arrêter de trop réfléchir. Ne surtout pas penser à Nico, à mes rêves... Ça marche pendant quelques instants, et mon cerveau est d'un vide cette fois agréable et reposant. Je prévois de passer tout le cours comme ça, blottie contre moi-même en écoutant ce que dit la prof quand je me rends compte qu'elle a arrêté de parler. Depuis un moment, en fait. Je tends l'oreille et ne capte pas le joyeux bavardage ordinaire de mes camarades. On entendrait une mouche voler. Je perçois seulement le léger chuintement d'une douce brise s'introduisant dans la salle. À part ça, rien. C'est un assourdissant silence. Qu'est-ce qu'il se passe ? Mes épaules tremblent de peur, comme mon corps et mon esprit tout entier. Je préférais rester dans le faible abri que forment mes bras autour de ma tête, me protégeant d'une vision inconnue, mais la curiosité est trop forte pour être réfrénée. Tout comme mon malaise et mon envie de vomir. Mais je veux être fixée, savoir où je suis. Même si au fond de moi, j'en ai déjà une petite idée. Espérons que j'ai tord, et que je sois juste en train de rêver. Bon, allez, c'est parti, je m'encourage. Il n'y a qu'un seul moyen d'avoir une réponse.
Lentement et prudemment, je laisse mon visage se positionner au-dessus de mes bras de manière à avoir une vue sur le sol de ma classe. Je ne distingue pas les pieds de mes camarades : ils sont bel et bien partis. Cette constatation me remplit d'horreur et d'excitation simultanément. Qu'est-ce que je vais voir, si je lève un peu les yeux ? J'ai envie et en même temps pas envie de connaître la réponse. Une fois de plus, la curiosité dévorante met fin à mon débat intérieur et je lève les yeux un peu plus haut. Cette fois, je distingue les bureaux des autres élèves, déserts. Même l'enseignante est absente. Ici, son bureau a carrément disparu. Ou plutôt, cessé d'exister. Je prends mon courage à deux mains, me préparant à une possible vision d'horreur, et balaye les lieux du regard. La salle de classe est totalement vide. Encore plus que ça, elle a été totalement laissée à l'abandon. Les murs semblent avoir des milliers d'années, et sont glacés et rocheux sous ma paume quand je passe la main dessus. La peinture qui le décorait et les affiches qui y étaient collées ne sont plus qu'un lointain souvenir. En y réfléchissant, je ne pense même pas que ce soit un souvenir. Dans ce lieu, les salles de classe n'existent pas. Ni l'éducation, d'ailleurs. Je ne sais pas quoi en penser. Les quelques bureaux encore présents sont faits dans un antique bois, et sont demembrés. Ils sont bancaux et tiennent encore debout par je ne sais quel miracle typique du pays. Les pieds sont été arrachés et n'ont jamais été recollés. Je me demande où ils sont, s'ils existent encore et si je pourrais les retrouver. Pour m'en faire une arme, peut-être. Cet endroit est censé être un paradis, une idylle pour les enfants, mais je n'y crois pas quand je vois les pleurs de mon amie d'ici. Comme elle, je sais maintenant que je n'ai pas ma place dans cet endroit. Je sais que je suis morte. Mais je sais aussi que je suis revenue dans le monde des vivants, et que j'ai une mission. Et pour commencer, je dois réunir les deux Bianca : celle de Deviltown, c'est à dire moi, et celle du monde réel, celle que j'étais il y a quelques minutes. Je n'existe qu'ici, et dans les rêves. Dans quelques instants, la véritable Bianca se réveillera en sursaut et croira avoir eu une vision en plein cours. En non, c'est juste moi qui fait un peu d'exploration en plein journée. Désolée ma grande. C'est plus pratique quand tu crois que tu fais des rêves de fiction dans le corps d'une enfant hein ? Quand tu commences à avoir des visions en plein jour, ça se complique. Je finis par sortir de la salle de classe. L'idée que l'autre Bianca est là, en pleine hallucination dans l'autre monde, m'est désagréable. J'ai de la peine pour elle, qui dois ne rien comprendre à ce qui se passe. Mais ma situation à moi n'est pas mieux. Je suis coincée dans cet étrange pays qui ne me convient pas. Ma seule chance d'échappatoire est l'autre Bianca. Il faut qu'elle découvre la vérité.

Bianca in Deviltown Où les histoires vivent. Découvrez maintenant