J'ai trouvé la fameuse doctor's note des Travaux d'Apollon !! Incroyable 😂
Bonne lecture 😘
-Pas le temps de réfléchir. En voyant d'un côté Mitchell se vider de son sang face contre terre, et de l'autre Will fuir après avoir abattu mon père, je dois redéfinir clairement mes priorités. Pour moi, mon traître d'ancien meilleur pote de Mitchell, et évaluer la gravité de la situation. Les quelques conseils de médecine que j'ai entendu de Will me reviennent en mémoire, et je me réprimande mentalement. Ne surtout pas penser à Will à ce moment. Mais ce serait contre-productif, murmure cette agaçante petite voix dans ma tête. Je décide de m'accommoder de ses dires, et me penche sur mon ami. Bien évidemment, il est couvert de sang. Je tente de m'empêcher de trembler pour prendre son pouls. Comme d'habitude, c'est tout de ma faute... Je fais taire mes pensées freinantes quand je trouve enfin une pulsation. Je pousse un soupir de soulagement, tremblant et horrifié à la fois. Au moins, je me concentre, Mitchell est vivant. Mais pour combien de temps ? Sans m'attarder plus longtemps sur la question, je privilégie l'action. Je soulève mon ami du sol en le prenant par les aisselles, et je l'entends pousser un faible gémissement. Puis je le hisse avec difficulté sur mon dos, sans même accorder un regard à mes autres amis, encore subjugués par la scène. Tout ce qui compte pour l'instant, c'est de sauver Mitchell. Les jambes encore flagolentes, je sors du parc pour prendre la direction de l'hôpital de la ville, sans penser au fait que je dois certainement ressembler à Will, cette fameuse soirée où tout a recommencé entre nous.
Mitchell est aussi léger qu'une plume contre mon dos, et pourtant j'ai l'impression d'avoir du plomb injecté dans les jambes. C'est comme si j'avançais au ralenti. Comme mon cerveau en ce moment. Je suis dans le brouillard, sûrement tellement heurté par les évènements qui se sont déroulés en à peine quelques instants pour vraiment réaliser. Tout ce que je sais, c'est que ce crétin de Mitchell a besoin de moi.
- Nico... marmonne t-il faiblement contre mon épaule.
Inquiet, je me retiens de me tourner vers lui pour continuer à progresser.
- J'ai mal...
La pointe cruelle de la culpabilité m'écorche le coeur. Ma faute, une fois de plus.
- S'il te plaît, reste avec moi, supplie Mitchell.
- Je ne vais nulle part, je réponds difficilement en essayant de ne pas fondre en larmes. Je ne m'en vais pas, promis.
Soulagé, il relâche ses muscles pour se reposer contre moi, et je me demande s'il commence son agonie.Contre toute attente, Mitchell est encore en vie quand nous atteignons enfin l'hôpital, tels des guerriers à l'approche de leur contrée natale. Un aimable infirmier qui semble avoir un lien de parenté avec Will (peut-être son cousin, Asclépios ?) prend mon ami en charge. Je ne peux m'empêcher de ressentir un mélange de soulagement et d'inquiétude quand je le vois quitter mon dos pour les bras d'Asclépios.
- Je peux rester avec lui ? je supplie.
Je tiens plus que tout à tenir ma promesse. Pas seulement pour Mitchell. Parce que je le souhaite, à cent pourcents.
Il me regarde de haut en bas, et je peux presque voir les rouages du jugement tournant dans son cerveau, pesant le pour et le contre.
- Normalement, ceux qui ne font pas partis de la famille ne sont pas autorisés à accompagner les patients...
- Mais je suis son frère, je mens du tac au tac.
Tout, sauf laisser mon ami seul, désorienté, dans un endroit qu'il ne connait, où il ne veut certainement pas être, mais où il se trouve malheureusement à cause de moi.
- ...mais je vais faire une exception pour toi et ton ami, termine t-il comme si je ne l'avais pas grossièrement interrompu.
Déconcerté, je me contente de le fixer bêtement.
- Par contre, je vais te demander de bien vouloir attendre dans le couloir pendant que nous le prenons en charge.
Je continue de le regarder comme un idiot, la lèvre inférieure légèrement béante. Je crois que c'est le moment où je réalise enfin que mon ami vient de se faire tirer dessus par mon taré de père, avant d'être sauvé par son plus mort que vivant d'ami, alias moi, Nico Di Angelo.
Asclépios m'accorde un clin d'œil avant de pousser avec force le lit où Mitchell est allongé. Je me rends compte de l'intégralité des dégâts : une épaisse couche de sang couvre sa poitrine, ses jambes, et d'autres endroits aléatoires de son anatomie. Je ne suis pas médecin, mais je pense ne pas me tromper en disant qu'il est en mauvais état.
- Le bonjour à Will, hein ? taquine Asclépios en entraînant finalement mon ami avec lui.
J'hésite un instant, avant de répondre pour la forme :
- Euh... Ouais.
La porte claque, et je me sens soudain plus seul que jamais. Privé de compagnie, d'amis, de famille. J'ai l'impression d'être dans Stranger Things, avec ces longs couloirs et ses lumières tamisées, projetant dans le spacieux hall une lueur inquiétante. Mais le pire, encore plus atroce que de se faire déchiqueter vivant par un de ces horribles monstres, c'est le silence. Je n'ai jamais beaucoup aimé le silence. Même si je n'ai jamais été le plus à l'aise en compagnie des autres, le silence me paraissait encore plus inconfortable. De mon point de vue, c'est la pire des blessures. Car il oblige à reconnaître la vérité, à se reconnaître soi-même. Je comprends maintenant pourquoi Will aime autant la musique. Comme lui, quand je recherchais la solitude de ma chambre, je me débrouillais toujours pour faire un minimum de bruits. Tout, sauf le silence. Car en réalité, je ne veux pas être seul, prisonnier de moi-même. Je veux être extraverti. Me faire des amis, sortir, passer du temps avec eux. Mais mon passé, que je ne m'en rappelle ou non, était toujours présent pour me hanter. Ce n'est pas parce que je souffre que j'ai le droit de faire souffrir les autres. Alors j'ai préféré me tenir à l'écart, et instaurer un minimum de lien possible avec eux. Je veux dire, regardez. Toute ma vie est l'exemple d'une malédiction. Maria et Bianca sont toutes les deux mortes à cause de moi, et non content de leur disparition, j'ai réussi à me faire tuer avec elles. Mon petit ami est aussi brisé que moi et vient même de tuer Hadès ! Et maintenant, c'est Mitchell qui prend à ma place ! Est-ce que c'est mon destin, de ruiner la vie des gens que j'aime ?
- Il va mieux, chuchote Asclépios en s'extirpant discrètement de la chambre, complètement en deca de mes ruminations actuelles.
Je relève la tête, assez haut pour avoir une vue sur l'insigne "Médecin en chef" qu'il porte fièrement sur sa poitrine.
- Tu peux aller le voir, annonce t-il.
- Merci, je murmure lentement, presque pour moi-même.
Je me lève, et c'est tout juste si je ne manque pas de m'écrouler à mon tour.
- Hé ! Ça va ? s'exclame Asclépios, les sourcils froncés.
C'est tout juste s'il ne me tient pas par les bras. Je déteste le contact physique avec les étrangers, mais ne voulant pas être impoli avec l'homme qui m'a fait une fleur, je m'écarte vivement pour me tenir sur mes deux pieds. Le monde semble tanguer sous mes jambes trop longues, et je lutte pour ne pas m'effondrer à nouveau sous les vertiges.
- Ça va, je réponds. C'est juste... Le contrecoup.
Il hoche la tête, compréhensif.
- Je vois. Pas facile, hein, d'être témoin d'une telle blessure. Je ne te poserais aucune question. En tout cas, tu as très bien réagi en amenant ton copain directement ici. Maintenant, file le rejoindre.
J'acquiesce, manquant de lui dire que j'ai vécu des carnages bien pires. Ensuite, ce n'est pas comme si je me rue sur la porte. Je l'ai juste ouverte calmement, avec un peu de précipitation, c'est tout.
La chambre est typiquement celle d'un hôpital. À quoi je m'attendais, après tout ? À une terre digne de Jurrassic Park ? N'importe quoi, moi. Les lieux empestent l'antiseptique, les lits vides sont alignés les uns parallèlement aux autres, au millimètre près. On croirait les lieux déserts, si on ne se rendait pas compte de la subtile pulsation brisant le silence, et de la présence du garçon, dans le dernier des lits, près de la fenêtre aux rideaux clôts. Il a l'air d'un mort comme ça, avec son teint blanc changeant de sa carnation pétillante de santé, sa carrure encore plus frêle que d'habitude, et ses cheveux se dispersant de part et d'autre de sa tête sur son matelas, comme une auréole d'ange. Il porte une sorte de robe typique de ce genre d'endroit. Je souris faiblement en pensant que mon ami, s'il était conscient, se serait plaint de la couleur, ou de la texture. Il aurait trouvé dans tous les cas un moyen de bouder.
Je réalise que depuis tout à l'heure, je serre dans mon poing l'écharpe de Mitchell, au point de laisser mes ongles entamer le tissu. Déconcerté, je relâche ma poigne pour examiner l'objet. C'est sa préférée. En faisant attention à ne pas trouver toutes les sortes d'appareil que je ne pourrais nommer auxquels mon ami est rattaché, je dépose son écharpe sur sa poitrine, sachant qu'il serait heureux de trouver en sa présence au moins un objet qu'il estime. S'il se réveille un jour. Puis je m'assois à côté de lui, un peu au hasard, sur une chaise en plastique qui a certainement été placée là pour cet usage. Je me retiens de me moquer mentalement une fois de plus de ma stupidité, pour me poser un instant. Je suis tellement épuisé. J'ai envie de disparaitre, au lieu de me tenir là, l'air penaud, comme un con dans cette chambre, à contempler les méfaits de la catastrophe humaine que je suis.
Je remarque la main de Mitchell, pendant hors de son lit, comme celle d'un mort-vivant hors de son cercueil. Cette main m'apparaît comme un véritable appel à l'aide, et sans réfléchir, sans peur de la ruiner, je la saisis dans la mienne. Celle de mon ami est froide, mais je peux sentir son pouls battre faiblement, comme si il était maintenant en train de se battre pour sa vie, ce dont je suis persuadé qu'il fait.
Incapable de réfléchir plus longtemps, écrasé sous le poids de la honte et de la culpabilité, je m'endors lâchement d'un sommeil sans rêve, échappant ainsi à ma pitoyable carcasse de désordre sur pattes.
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Bianca in Deviltown
Teen FictionAprès la mort de ses parents, Bianca se retrouve seule avec son petit frère. Accompagnée mais solitaire. Ils trouvent refuge dans une nouvelle famille, et tout se passe bien pendant quelques temps. Mais la nuit, Bianca se retrouve à errer dans une é...