Les vieux ennemis

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Stéphane était affreusement stressant à force de faire les cents pas de long en large entre deux arbres. Mais ce serait mentir de dire que ni Bellamy ni moi même n'étions terriblement inquiets. Mais c'était sans doute la meilleure chose à faire. Steve était peut être encore un étranger pour nous, mais il faisait déjà partie de l'équipe, et il était hors de question d'abandonner quelqu'un. 

Mais le temps se faisait long à la lisière de la forêt, à attendre dans l'humidité que nos trois amis reviennent sains et saufs. Maïsie aussi avait du mal à tenir le coup. 

- Bellamy j'ai faim, pourquoi on reste dehors ? 

En effet, la maison se profilait à seulement quelques dizaines de mètres de nous, et pourtant, par précautions, nous avions décidé de nous éloigner au cas où Brun ait dévoilé notre planque. Mais moi aussi, je commençais à perdre patience. 

- Allez, on rentre.

Alors que je commençais à marcher hors du bois, Bellamy me souffla : 

- Tina, arrête ! On a dit que pour le moment on restait ici ! 

- Ca ne sert à rien d'attendre à cent mètres de la maison, suivez moi, j'ai une meilleure idée. 

Maïsie allait finir par avoir froid et Stéphane allait certainement devenir fou s'il continuait de zigzaguer ainsi entre les arbres. Cependant, il me lança lui aussi un regard sceptique.

- Faites moi confiance ! 

Maïsie sautilla vers moi et me prit la main, heureuse d'enfin pouvoir retourner au chaud pour manger. Nous partîmes devant toutes les deux, traversant la bruyère, brisant les rayons du soleil couchant qui se frayaient un chemin à travers les nuages. 

Les deux autres finirent par suivre le mouvement. Lorsque je m'arrêtai à quelques mètres de la maison, ils me regardèrent sans avancer eux non plus et je les incitai à se placer derrière moi. Ils marchèrent jusqu'au perron, Stéphane prit la main de la petite fille et tous les trois me regardèrent avec curiosité. 

Je pris alors une grande inspiration, et levai mes bras devant moi. Paume ouverte, doigts écartés, j'ancrai solidement mes pieds dans le sol et sentit alors un souffle d'air soulever mes cheveux ondulés. Une vague remonta en moi, tout mon être se mit à chauffer, je sentais mon sang bouillonner dans mes veines, et mes organes s'emballer. De la pointe de mes orteils jusqu'à la racine de mes cheveux je la sentis monter, monter encore... Jusqu'à ce que toute l'énergie explose. Le souffle qui jaillit de ma poitrine fit courber l'herbe à mes pieds, et s'agiter les arbres au loin. 

Il fallait que je parvienne à la contenir. Alors je contractai mes muscles, serrai la mâchoire, et essayai de capter cette énergie en sens inverse pour qu'elle revienne à moi. Jusqu'à ce que soudain, elle ne forme plus qu'un mur, entre moi et la forêt. La fine couche translucide qui dansait en face de mes yeux s'arrondit alors. Je la guidais avec mes mains pour qu'elle forme une cloche qui enveloppa Stéphane, Maïsie et Bellamy, ainsi que notre petite maison au bord de la falaise. 

Une fois la cloche refermée, je baissai mes bras, essoufflée. Il fallait que ça fonctionne. 

- C'est...commença Stéphane qui s'était approché. 

- Une protection ? acheva Bellamy en contemplant l'énorme bulle qui s'était formée autour de nous, comme un mur transparent dans lequel dansaient des millions de petits éclairs blancs. 

J'hochai la tête, sentant une boule de sang se former à la lisière de mon nez. Je l'essuyais d'un revers de main, et l'intervention de Maïsie suffit à me faire sourire : 

- C'est trop cool, s'émerveilla-t-elle à son tour. 

Elle me prit de nouveau la main, visiblement plus sereine, et je baissai la tête vers elle :

L'anti-hôte [Partie 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant