Un dernier regard

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- On a absolument plus rien à manger. 

Torielle, Judith, Athéna, Steve et Maïsie tournaient en rond dehors depuis de longues minutes, attendant impatiemment des nouvelles de Bellamy. Il faisait doux et chaud en cette fin d'après midi, mais le vent continuait de souffler sur la falaise, faisant voler les pétales et les pollens par dessus la bruyère et la végétation folle.

Raide comme un piquet et toujours aussi embarrassée, Athéna grommela : 

- Hors de question de retourner en ville, c'est bien trop risqué. 

- Plus aucun de nous ne passe inaperçu maintenant, soupira Steve en croisant les bras.

Mains dans le dos, Torielle se mit à marcher de long en large devant le perron de la bâtisse. Athéna avait fait disparaitre la barrière protectrice qui les cachait aux yeux du monde car cela lui coutait trop d'énergie de la maintenir en permanence. Maintenant que Domoto avait vu qu'il n'y avait plus rien ici, il n'avait plus aucune raison de revenir. Maïsie cueillait tranquillement des fleurs autour de la maison, mais Torielle savait que c'était une question d'heures avant que son ventre ne se mette férocement à gargouiller. Cette gamine était en pleine croissance et mangeait comme quatre personnes réunies.   

- On pourrait aller sur le port, proposa Judith. Ce n'est pas trop exposé et à cette heure là, les marins sont déjà en train de ranger leur cargaisons, il ne devrait pas y avoir beaucoup de monde.

Torielle regarda au loin. Le port était sans doute à une trentaine de minutes de marche en longeant la falaise. S'ils marchaient d'un bon pas, ils pouvaient être revenu en moins d'une heure. Judith se pencha vers la petite : 

- Maïsie, tu aimes le poisson ? 

De la terre et des fleurs plein les mains, Maïsie se redressa et sembla réfléchir face à la question de Judith. Comme si elle essayait de faire des concessions par rapport à ses goûts culinaires en sachant très bien qu'il n'y avait peut être que ça à manger. 

- Oui, ça va...

Judith prit une grande inspiration. 

- On ne prendra pas que ça, peut être qu'il y aura aussi des fruits de mer ou d'autres choses. 

- Je peux venir avec vous ? demanda la gamine en sautillant.

- Non, nous on va rester ici avec Athéna et Bellamy. 

Maïsie fit la moue mais Tina renchérit alors d'une voix ferme : 

- Non, je vais avec Steve et Judith. 

Torielle ouvrit la bouche pour répliquer mais la jeune fille secoua la tête : 

- Il n'y rien à craindre, et en cas de problème je pourrais les protéger. 

Torielle serra la mâchoire et lui lança un regard insistant. 

- Je mettrai une capuche ! 

La policière soupira bruyamment et vit que Judith posait une main sur l'épaule de sa petite protégée : 

- Athéna, reste ici c'est plus raisonnable. 

La jeune fille se renfrogna, enfonça ses mains dans son pull à capuche et détourna les yeux. 

- On revient vite, leur assura alors Steve en fouillant dans son porte monnaie. 

Ils s'éloignèrent alors tous les deux, côte à côte, sans sentir l'intensité du regard que Torielle braquait sur eux. Cette dernière se reprit, avant de se tourner vers Tina : 

- Arrête de bouder, tu ne veux pas faire un bouquet avec Maïsie ? 

Athéna devait se retenir de lui envoyer un éclair lumineux dans le front, et se contenta d'un regard assassin. A ce moment là, Stéphane sortit de la maison à pas de loup, et ferma délicatement la porte comme un cambrioleur. Torielle attendit qu'il soit à sa hauteur pour demander : 

L'anti-hôte [Partie 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant