Chapitre 14 : Les confidences de Muichiro

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Je brûle. Je brûle dans les ténèbres. Il fait noir. Il fait chaud. Aucun bruit. Le néant. Juste moi qui brûle en silence. Ça fait mal. C'est insupportable. La douleur me ronge, elle hante chaque nerf de ma peau. J'entends des voix, aussi. Autour de moi. Mais je n'arrive pas à comprendre ce qu'elles disent. 

Soudain, une paire d'yeux bleu profond surgit dans mon esprit. Giyu ! Tout me revient d'un seul coup. Le combat, la démone, la mèche transperçant la poitrine de mon compagnon... J'ouvre les yeux en sursaut.

Je suis allongée sur une civière transportée par deux Furtifs. Ils sont en train de courir, probablement pour aller au domaine. Ignorant la douleur qui enflamme chaque nerf de mon corps, je me redresse. Devant, Giyu est lui aussi allongé sur une civière, inconscient. Le bandage rapide que je lui ait fait pour enrayer l'hémorragie est couvert de sang. Il n'a pas suffit. Je dois... Je dois combattre mon épuisement et le soigner. Au moins jusqu'à ce qu'on arrive au domaine et qu'Aoi et les filles le prennent en charge.

- Sommes nous encore loin du domaine ? Je demande, la voix rauque.

C'est Cazi qui me répond :

- Non, mais rallongez-vous, mademoiselle Kocho. Vous êtes assez mal en point.

Je soupire, mais obéit. De toute façon, je ne peux rien faire pour l'instant, si on s'arrête pour que je refasse le bandage, on perdra beaucoup de temps et je ne suis pas sûre d'être capable de bouger. Mais je ne dormirai pas avant que Giyu soit hors de danger !

Aussi je me rallonge, les yeux ouverts sur les étoiles, à me demander où tout cela nous mène.

Après au moins une heure, nous arrivons au domaine. Le ciel reste obstinément sombre, et après tout ce temps passé à le contempler, je commence à croire que le matin ne viendra jamais.

Soudain, un petit cri retentit. C'est Aoi qui se précipite vers nous, suivie des trois petites et de Kanao.

- Amenez-les dans la chambre des pourfendeurs, vite !

Je me redresse et au prix d'un douloureux effort, ordonne :

- Occupez-vous de Giyu, il est dans un état critique.

- Mais, Shinobu... Proteste Aoi.

Je la fixe sévèrement jusqu'à ce qu'elle baisse la tête et commande :

- Emmenez Giyu dans la chambre.

Les Furtifs s'exécutent et je descends de la civière.

AÏE ! Une onde de souffrance me parcourt des pieds à la tête. J'ai l'impression que je vais vomir, mais je titube, serrant les dents face à la douleur, jusqu'au salon où je m'effondre sur le canapé. Aoi entre derrière moi.

- Va soigner Giyu ! Je lui lance.

Elle vient se placer devant moi, bien droite.

- Je dois te soigner.

Je la fusille du regard.

- N'ose même pas t'approcher de moi ! Va rejoindre les autres, elles ont besoin de toi !

- Mais toi aussi, et je ne peux pas te laisser seule !

- Je peux rester avec elle, s'il le faut.

Aoi et moi nous tournons de concert vers le garçon qui vient de parler.

- Muichiro, qu'est ce que tu fais ici ? Je demande.

Il hausse les épaules.

- Les Furtifs étaient dans le coin parce que je venais de tuer un démon et que ça a fait du grabuge. Et elle ne te laissera pas la soigner, ajoute t-il pour Aoi.

Sous le masque_ En pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant