Chapitre 2 : mission fatale

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Agacée de me laisser emmener par mes souvenirs, je froisse ma feuille toujours vierge et la jette à travers la pièce. J'ai toujours su rester maîtresse de moi, contrôlant mes pensées et mes émotions. Mais depuis cette conversation avec Tomioka, j'hésite, je doute et je redouble de maladresse. Je me pose tout le temps des questions sur des choses qui ne m'avaient jamais affectée auparavant. Je me prends la tête sur tout et sur rien.

Cette conversation a déjà eu lieu voilà deux mois, et depuis, Giyu et moi nous nous évitons. Pour tout dire, il me manque, et je voudrais qu'il m'explique comment a-t-il découvert que je ne suis pas celle que je prétends être, pourquoi a-t-il quand même voulu être mon ami, et surtout... Qu'éprouve t-il pour moi ? Nous avons failli nous embrasser, étais-ce un accident ou bien... L'expression de sentiments enfouis ?

Prise d'un soudain vertige, je cours à la fenêtre pour emplir mes poumons d'air. C'est alors que mon corbeau vient se percher près de moi et croasse bruyamment :

- Crôa ! Crôa ! Sud ! Sud ! Shinobu Kocho est appelée en mission ! Un démon particulièrement puissant, peut-être une lune démoniaque, se cache dans les ruines de l'ancien quartier général des pourfendeurs !

Mon sang se glace dans mes veines. L'ancien quartier général a été abandonné il y a des années, suite à une attaque de démons. Des objets précieux ont été abandonnés et perdus. Qu'est ce qu'un démon ferait là-bas ?

Je soupire et m'empare de quelques fioles de poison. J'enduis la lame de mon katana et le range dans mon fourreau. Je jette un dernier regard à mon bureau. Quand il faut y aller...

Je descends au jardin pour prévenir Kanao que je pars en mission et me mets en route. Au bout de quelques heures, j'arrive à la forêt dans laquelle se trouvent les ruines. La nuit est tombée. L'endroit est sinistre. Les pins qui composent les bois sont touffus et pointus, ce qui gêne la visibilité. De plus, une brume épaisse recouvre tout. Mais le plus inquiétant est ce silence absolu. On aurait pu croire que dans une forêt, on entendrait tous les sons des animaux, même la nuit, mais là, c'est le silence total.

Je raffermit ma prise sur mon katana à la lame violette et pénètre dans les bois.

Cela fait déjà un certain temps que je marche, et aucune trace ni des ruines, ni du démon. J'ai une conscience aiguë des alentours et me retourne fréquemment. Cet endroit me donne la chair de poule.

Soudain, j'entends un bruit. Un craquement à ma droite. Rapide comme l'éclair, je dégaine mon katana juste à temps pour parer l'assaut du démon. Il a l'air humanoïde, mais possède trois paires de bras et est bien plus gros que moi. Il a des yeux flamboyants et dans l'un d'eux est marqué : dixième lune démoniaque et un tatouage de lune orne son front. Il projette vers moi un de ses bras qui s'allonge jusqu'à moi. Je l'esquive sans difficulté, mais un autre bras se dirige vers moi.

Je m'envole et l'évite aisément. Nous continuons comme ça un certain temps, au cours duquel je tente régulièrement de blesser le démon en vain. Puis vient le moment où il projette de nouveau son bras vers moi, avec plus de force qu'avant. Je l'esquive, mais il me touche au bras. Déstabilisée, je chancelle et ne vois pas l'autre bras arriver.

BLAM !!!

Je vole en arrière et m'écrase contre un arbre. J'entends mes côtes craquer et un flot d'acide se répand dans mes veines. Je reprends tant bien que mal mon souffle et me relève. Chaque mouvement provoque en moi de douloureux élancements, mais je tiens bond et me rue sur le démon. Là, il projette encore une fois ses bras sur moi, mais je les esquive.

Même s'il a réussi à me blesser, je suis étonnée qu'il soit aussi peu puissant, étant donné qu'il est une lune démoniaque. Il doit cacher son pouvoir... Soudain, le tatouage sur son front se met à briller et une pluie de lames se met à tomber autour de moi. Je les dévie avec mon katana et roule à l'abri derrière un buisson.

Mes côtes me font super mal, mais je dois continuer coûte que coûte. Je suis une pourfendeuse, un pilier qui plus est ! C'est mon rôle d'éliminer les démons. Je prends une profonde inspiration qui me fait grimacer de douleur et me précipite vers le démon.

Il projette des lames vers moi, mais je les dévie toutes et continue de courir vers lui. Il se met alors à en envoyer plusieurs volées à la fois, mais là encore, je les esquive ou les dévie. Je parviens finalement à son niveau et me prépare à lui infliger des blessures mortelles grâce au poison de mon katana, mais une lame surgit soudain du sol ! Je me catapulte dans les airs pour l'éviter, mais le démon envoie encore une volée de lames, que je ne peux éviter.

Les lames déchirent mon manteau et me clouent violemment à un arbre. Le même que tout à l'heure. Le choc me coupe le souffle et mes côtes craquent de plus belle. C'est alors qu'une douleur lancinante se fait sentir dans ma cheville droite et ma main gauche. Laborieusement, je tourne la tête et découvre une lame profondément plantée dans ma cheville et une autre qui transperce presque ma paume. Je gémis. Alors c'est comme ça que je vais finir ? Tuée au fin fond d'une forêt par une lune inférieure ? Quelle fin pourrie !

Le démon s'avance vers moi, une unique lame à la main. Mon sang s'écoule peu à peu sur le sol, ma vue se trouble. Le démon n'est pas pressé et son regard flamboie de satisfaction. Mes organes vitaux ne sont pas touchés mais je perds énormément de sang, je n'en ai plus pour longtemps. Ma tête devient lourde et la douleur est si forte que je vais m'évanouir. C'est un vrai calvaire dont je ne vais pas sortir vivante. Le démon est tout proche, il lève sa lame, s'en est fini de moi !


NDA :

Sur ce suspense de malade, je vous laisse !

Sous le masque_ En pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant