version alpha : Rejouer la scène du baiser

1er Janvier

Le lendemain, allongée dans mon lit, je ne peux m'empêcher de sourire. Le souvenir des deux baisers tourne en boucle dans ma tête. Lequel elle j'ai préféré ? Je ne saurais dire.

Avec Sean, j'ai aimé être en contrôle de tout, de A à Z. Si on excepte la conversation qui avait suivi.

Avec Sirius, c'était juste n'importe quoi. Il m'a tiré vers lui, il m'a embrassé (on s'est embrassé ?) n'importe comment, mais juste après, il a dit un truc super romantique :

– Le vrai baiser, le vrai minuit c'est pour moi !

Par contre, la fin a été beaucoup moins glorieuse. Surprise, mais toujours fâché contre lui, j'ai voulu lui envoyer ma main dans la figure. Je pense que je me la jouais un peu princesse humiliée, mais digne malgré tout... ou comme l'héroïne classe d'une comédie romantique de série B.

Mais sous le coup de l'émotion, j'ai raté sa joue et ma main a atterri sur son nez. Sirius s'est mis à saigner, et tous les deux, on s'est regardé d'un air stupide alors que son nez continuait de gouter. J'ai finalement été la première à réagir en allant lui chercher des serviettes en papier et en m'excusant. Non, je suis pas trop fière de moi sur ce coup-là.

Quand les autres nous ont demandé ce qui venait d'arriver, ni moi, ni lui, on n'a osé avouer ce qui venait de se passer.

Je me sentais trop mal d'avoir frappé Sirius et lui n'était pas fier d'avoir été mis quasiment K.O par une fille...

En début d'après-midi, je me lève finalement de mon lit. C'est la veille de la rentrée des classes, et Miss XXL organise une rencontre dans la salle des profs du lycée. L'objectif est de planifier la deuxième partie de l'année.

J'ai le ventre serré à l'idée de revoir Sirius, C'est d'un pas trainant que je me rends au lycée.

La petite pluie hivernale qui me tombe dessus achève de me rendre maussade.

Dire qu'hier c'était l'éclate totale entre Sirius et Sean et là je me retrouve à aller au lycée un dimanche et pendant les vacances, sérieux.

En arrivant dans la salle des profs, je constate que Miss XXL a l'air d'être tout sauf maussade, elle.

– Les choses sérieuses commencent maintenant ! J'espère que vous avez tous bien révisé votre code pendant les vacances, vous passez l'examen dès la semaine prochaine et si vous l'avez, vous enchainez directement avec des cours de conduite avant de passer le permis à la fin du mois.

Je me demande comment Miss XXL réussit l'exploit de parler tout en gardant un immense sourire collé sur ses lèvres.

Je regarde autour de moi. À part elle, personne ne semble motivé. Ni Sirius, ni Julie n'ont l'air de s'être plongées passionnément dans le Code de la route, quant à Théo, il l'a déjà depuis ses 16 ans.

– Mettons qu'on ait tous le Code du premier coup qu'est-ce qui va nous différencier les uns des autres ?

J'ai beau ne pas trop aimer Julie, je dois reconnaitre qu'elle pose toujours les bonnes questions.

– J'espère que le code la route ne sera qu'une formalité pour vous ! Ce qui va vous différencier c'est le passage du permis, et ça tout le monde ne l'a pas du premier coup !

– Mais Théo va être avantagé ! Il conduit déjà depuis deux ans ! s'exclame encore Julie.

– La vraie bataille est médiatique Julie, je croyais que tu avais compris ça. Le reste n'est que prétexte !

Je pousse un long soupir. Et tout à coup, j'ai envie de pleurer. Ce prix de 50.000 euros, c'est trop de pression sur mes épaules. Je passe des semaines sous l'œil des caméras pour que chaque semaine des journalistes débiles réinventent complètement ma vie en fonction des images tournées.

Et comme si les affaires de cœur n'étaient pas compliquées à 18 ans, à cause de la télévision, je ne sais même plus démêler le vrai du faux de ses sentiments pour Sean et/ou Sirius.

Et si dans le fond, je n'en aimais aucun des deux ?

J'en suis là dans mes réflexions quand la porte de la salle s'ouvre. C'est M. Turner, mon prof d'anglais.

– Bonjour tout le monde, dit-il avec son délicieux accent, un peu surpris de nous voir tous là.

Je venais juste chercher mes feuilles pour le « contrôle-surprise » de demain, dit-il à blague.

En refermant la porte il m'adresse un petit sourire.

Un petit sourire qui achève de me perdre complètement...