Les dieux du stade

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Le plan de Rachel est fou. Juste fou. Mais je suis partante! Il se déroule en 2 phases. C'est excitant et terrifiant à la fois. J'essaie de ne pas trop y penser et de prendre les choses comme elles viennent. D'autant plus que les semaines filent à toute vitesse et l'échéance du bac se rapproche. D'ailleurs, on sent déjà le printemps qui arrive.

Le temps commence à se faire plus doux, et les arbres bourgeonnent peu à peu, et l'odeur des fleurs se fait sentir. D'habitude, j'adore ce moment de l'année, les vacances de Pâques sont sur le point d'arriver et qui dit vacances de Pâques, dit bientôt la fin de l'année ! Mais pas cette fois-ci. Cette année, ça veut dire dernière ligne droite avant les épreuves du baccalauréat.

Et maintenant que je dois suivre le plan de Rachel, il a fallu que j'apprenne toutes les règles du rugby parce qu'à part le fait qu'au rugby les joueurs se passent la balle par en arrière (ce qui est complètement crétin de mon point de vue) et qu'il se jette sauvagement au sol les uns les autres (le fameux placage), je ne connaissais rien de rien au rugby. En plus, je dois aller supporter Sean et son équipe chaque dimanche après-midi. Rachel m'a même préparé la tenue de la parfaite supportrice.

C'est donc accompagnée de caméras que je me rends sur les terrains et saute dans les bras de mon chéri après chaque victoire ou le console dans le cas d'une défaite.

– GO SAM GO ! GO SAM GO !

Avec Lina, on hurle comme des folles, complètement déchainées !

– ALLEZ LES GARÇONS !! ALLEEEEEEEEZ !

Lina a accepté de m'accompagner pour la demi-finale. Supporter à deux, c'est beaucoup plus cool ! En fait, on s'amuse même beaucoup. On crie à s'en casser la voix dès que l'équipe de Sean mène le jeu, et on se lamente tout aussi bruyamment quand l'équipe adverse s'empare du ballon.

– Demain, moi j'ai plus de voix ! Ils ont intérêt à gagner les garçons ! Je veux pas m'être sacrifiée pour rien, dit Lina, la voix déjà un peu rauque.

– En même temps, t'as vu comme tu t'excites tu hurles tellement fort que je m'entends plus crier.

Lina se tourne vers moi. Ses yeux brillent façon plan foireux en vue.

– T'as raison, on les a assez encouragés pour aujourd'hui, on passe aux choses sérieuses maintenant ! Les vestiaires !

Je rajuste ma casquette visière, un peu éblouie par le soleil qui tape fort maintenant.

– C'est à dire ?

– À ton avis je suis venue pour quoi ? C'est presque la fin du match, c'est le moment d'aller se cacher dans les vestiaires ! On pourra les mater pendant qu'ils prennent leur douche !

– Mais t'es complètement malade toi...

Et après réflexion, j'ajoute :

– et obsédée.

Mais ça n'arrête pas Lina :

– Je tiens simplement à voir une version « vivante » de mon calendrier Les dieux du Stade ! Et par ailleurs, je te rappelle qu'on a une épreuve d' Enseignement scientifique à passer dans moins d'un mois, or je n'ai jamais vu un « zizi »...

Je la coupe en riant :

– On dit « pénis », « bite » à la rigueur, mais « zizi » est un mot bani depuis la fin du primaire.

Mais Lina, imperturbable, continue :

– Je disais donc, je n'ai jamais vu de zizi de près si on excepte celui de mon petit cousin de trois ans à la plage l'été dernier. Il faut donc que je me documente. C'est purement scientifique !

En vrai, ça pourrait être drôle. Plus par goût du risque que par voyeurisme... quoique. Mais en même temps, si Sean m'aperçoit cachée dans un des casiers du vestiaire ou à quatre pattes sous un banc, l'idée est beaucoup moins tentante. Je risquerais de perdre beaucoup en crédibilité... Et d'autant plus si je suis prise sur le fait par les caméras.

– Ben, vas-y, toi, je fais le guet, je protégerai tes arrières !

– Lâcheuse !

Lina me donne un petit coup de coude dans les côtes.

On en est là dans notre débat quand le coup de sifflet final retentit. On arrête de parler et on se fait un « high five » retentissant avant de se jeter dans les bras l'une de l'autre.

Puis, je descends sur le terrain pour féliciter les joueurs en train de sauter les uns sur les autres. Je commence à bien les connaître tous, et je m'entends bien avec plusieurs d'entre eux ! Des yeux, je cherche Sean. Il est en pleine discussion avec l'entraineur. Il parle avec animation :

– Je suis sûr que ça va bien se passer ! Non, ça ne me déconcentrera pas au contraire. Je joue mieux quand elle est là !

Je m'approche avec curiosité et salue l'entraineur :

– Salut Guy ! Comment ça va ?

– Bien, bien et toi ?

– Super, merci !

Je me tourne vers Sean qui a l'air sur un petit nuage.

– Lou-Ella ! On va en finale !! Ça se passe en Angleterre ! Et ...tu viens avec nous !


version alpha : Rejouer la scène du baiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant