version alpha : Rejouer la scène du baiser

Tu vas tous nous éblouir!

Comme lors de mon premier passage en direct, le temps semble s'étirer longuement avant de brusquement accélérer et finalement, le jour J arrive.

Encore une fois, c'est Rachel qui a supervisé ma tenue. Et encore une fois, je suis SUPER contente du résultat. Il y a juste les talons hauts qui posent un souci pour l'équilibre. Mais en vrai, avec les cours de danse latine chaque semaine, je commence à gérer.

Je suis dans mon salon au milieu de tous les fringues que Rachel m'a amenées pour les essayages. Rachel est en train de retoucher mon maquillage. Tout en me poudrant les joues, elle m'interroge :

– Quelle est ta plus grande phobie?

Sans hésiter, je récite :

– Les araignées, plus elles sont grosses et plus je crie fort.

– La couleur préférée de Sean ?

– Mais c'était pas dans les questions ça !

– On s'en fout ! Invente ! Tu risques d'avoir des questions auxquelles tu ne t'attends pas. T'as pas intérêt à répondre j'ai pas réviser cette question. C'est pas un contrôle de maths, poulette !

– OK, OK ! Vert !

Rachel commence à ranger ses affaires et je descends du petit tabouret sur lequel j'étais installée.

Mais l'interrogatoire n'est pas terminé.

– Fais moi un sourire timide.

Je m'exécute péniblement.

– Excuse-moi, mais j'aime pas trop le truc des sourires timides, sourire machin. Je me suis entrainée devant la glace et tout, mais sérieusement, j'ai juste l'air... bizarre !

– Mais non ! T'es parfaite poulette ! Allez, c'est l'heure !

Elle a beau dire, je suis ultra stressée. Je me souviens seulement de la moitié des questions qui figurent dans sa liste ...et encore moins des réponses.

Au moment de partir, ma mère me serre fort dans ses bras.

– Bon courage ma chérie, je t'aime. Je suis sûre que tu vas tous nous éblouir !

Sauf qu'avec le stress, j'ai plutôt l'impression qu'elle me dit : Bon courage ma chérie, je t'aime. Je suis sûre que tu vas t'évanouir !

J'essaie de sourire à ma mère mais on dirait que j'ai une crampe dans la mâchoire qui m'empêche de bouger les lèvres.

Cette fois-ci encore, une limousine vient me chercher pour nous mener dans les bureaux de France 1. La seule différence, c'est que les parents ne sont pas de la partie, et qu'il y a deux nouveaux venus : Malorie, la petite amie de Théo et Sean. Je prends place à ses côtés.

À la cantonade, je lance :

– Salut tout le monde !

Les autres me répondent d'une seule voix :

– Salut !

Au même moment, la voiture démarre. Je me prends à espérer des bouchons monstres pour nous empêcher d'arriver à temps au studio. Mais la circulation est fluide. À travers la vitre teintée, je regarde le paysage défiler. Mais rapidement, j'ai un haut le cœur, et j'arrête.

Sirius est assis à côté de Julie avec qui il échange des regards de connivence. J'essaie de les ignorer du mieux que je peux.

En plus, mon stress me paralyse, je suis aussi rigide qu'un glaçon. Je me demande comment je vais être capable de dégager la moindre émotion une fois sur le plateau.

Pour me réconforter, Sean me prend la main. Sirius intercepte du coin de l'œil ce mouvement. Durant une fraction de seconde, les deux garçons semblent s'affronter du regard. Puis Sirius détourne la tête et...

fait un bruit de pet en coinçant sa main sous son aisselle. Tous les yeux se retournent vers sa main encore sous son veston.

– Ben quoi ! Tout le monde est trop sérieux, là ! Faut se détendre !

Entre la tension du direct à venir et le ridicule de la situation, on éclate tous de rire.

Je sens l'étau qui me prenait la gorge se desserrer un peu.

Mon téléphone vibre, « Tu es la meilleure, bonne chance ! » c'est Joseph.

Avant même d'avoir le temps de ranger mon téléphone. Il recommence à vibrer.

Un mot s'affiche en grand :

« TENDRESSE »

Cette fois-ci, c'est Rachel.

La voiture s'immobilise dans le parking de l'immeuble de France 1 et tout se précipite : ascenseur, couloir, coulisse puis j'ai l'impression d'être pratiquement propulsée sur le plateau. Une bonne femme d'une cinquantaine arrive, un casque sur les oreilles et annonce sans même un sourire :

– Dans 5, 4, 3, 2, 1, c'est à vous !

Juste avant d'entrer sur le plateau, Sean et moi, on se jette un regard déterminé et on entre main dans la main.