version alpha : Rejouer la scène du baiser

On s'embrasse?

Le samedi suivant, je suis pire qu'une pile électrique. La soirée organisée par France 1 a lieu dans quelques heures et franchement, je ne sais pas quoi mettre. La tête enfoncée dans ma penderie, je repousse un à un les cintres, et aucune tenue ne me convient.

Rachel est censée venir me conseiller en cas de soirée ''spéciale'', m.ais manque de chance, elle est en vacances cette semaine. Et moi qui il y a deux mois ne comprenais pas ce qu'une styliste venait faire dans ma vie, j'en viens a regretter son absence !

– Mamannnn ! T'as pas une robe à me prêter !

Du salon, j'entends ma mère :

– Remets la petite robe noire que t'avait passée la styliste, là, Rachel...

– Mais maman, je peux pas mettre deux fois la même robe !

Ma mère rigole :

– Alors MADAME fait sa vedette maintenant !

Je soupire rageusement.

Puis tout d'un coup, j'ai une idée. Je tends l'oreille. Ma mère a l'air d'être dans la cuisine en train de préparer son fameux gratin de courge. J'en profite pour me faufiler dans sa chambre. Direction: sa penderie.

Le plus discrétement du monde, je fais glisser les cintres devant moi.

Je mets finalement la main sur le Graal : sa robe chemisier vert émeraude.

Je la décroche et l'admire pendant un instant. Elle est juste trop belle.

Je vais discrètement dans la salle de bain pour la mettre et me maquiller. Si ma mère me croisait dans cette tenue, elle serait prête à me faire me déshabiller sous l'œil des caméras pour s'assurer que je ne parte pas avec. Mais aux grands maux, les grands moyens!

J'enfile la robe, finis de la boutonner et tourne sur moi -même pour faire tourner le volant de la robe. JE L'ADO-RE!

Je souris à mon reflet dans le miroir. Puis, je pense à ma mère et mon sourire s'efface. Je sais que j'ai absolument pas le droit.

Je chasse cette pensée désagréable: maintenant opération maquillage!

Je suis en train de poser mon mascara quand la porte d'entrée sonne.

Ding Dong.

Merde, ma main a tremblé et je m'en suis mise de partout. J'essaie d'enlever la tâche, mais ça ne fait qu'empirer et j'ai maintenant une grosse trace noire sous l'œil.

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir.

– Bonsoir Hélène !

La voix de Lina résonne dans l'entrée.

– Salut Lina ! T'es toute mignone !

La porte d'entrée se referme.

– C'est gentil, merci !

– Lou-Ella est dans la salle de bain, elle est en train de finir de se pomponner.

Trente secondes plus tard, comme à son habitude, mon amie fait une entrée tonitruante.

– Coucou Loulou ! Hé ça rime, c'est la première fois que je le remar...

Elle s'interrompt dans ses pitreries en fixant ma grosse trace noire sous l'œil.

– Tu t'es battue avec ta mère ou quoi ?

Je lui lance mon regard qui veut dire : t'as fini de dire des conneries, et réponds simplement :

– Si tu pouvais me trouvez un démaquillant pour yeux dans le tiroir juste à côté de toi, ça m'aiderait.

Lina s'exécute. À mon tour, je l'observe.

– Ma mère a raison, t'es carrément canon ce soir. Ta robe te fais des fesses à tomber par terre !

Lina me tend le démaquillant avec un petit sourire satisfait.

Puis ayant un peu pitié de moi, elle prend les commandes de l'opération maquillage. Je lui en suis reconnaissante, elle est super douée.

– Je sais pas comment tu fais, moi les smokey eyes j'y arrive jamais.

– C'est parce que t'es nulle !

Je lui envoie un petit coup poing dans l'épaule.

– Hé me fais pas bouger !

Quinze minutes plus tard, je suis enfin prête.

– Bye m'man !

– Amusez-vous b...

Je claque la porte précipitamment.

– T'es un peu expéditive avec ta mère !

– Pas le choix ! Si elle me voit partir avec sa robe, je suis foutue !

– Vilaine fille !

Et on descend les escaliers en riant comme deux complices qui viennent de faire un mauvais coup.

Arrivée devant la salle des fêtes, on marque un temps d'arrêt.

– Parlons peu, parlons bien ! Ce soir, est-ce que tu vas l'embrasser ?

– Qui ?

Lina lève les yeux aux ciel.

– Je sais pas au hasard, Sirius !

– Dis pas n'importe quoi !

– Toi, dis pas n'importe quoi ! Avoue que tu aimerais bien... et que ça te serait utile pour la téléréalité.

Je hausse les épaules et réponds avec légèreté :

– Pourquoi pas! S'il l'occasion se présente ! Qu'il est là, disponible, prêt à m'embrasser !

Et je pousse la porte d'entrée de la salle des fêtes.

Dans l'entrée, je tombe nez à nez avec Sirius.

Il me voit et s'approche avec naturel :

– On s'embrasse !