Pas sur la joue. Pas juste à côté. Sur la ...

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Au grand desespoir de mes voisins, ma mère et moi, on adore chanter. De mes 7 ans à mes 15 ans, j'ai passé tous mes mercredis après-midi dans une chorale. Quant à ma mère, quand elle était jeune, elle faisait partie d'un groupe de musique pop qui avait eu un petit succès local. Le fait est que chez moi, ca chante souvent.

– Et si tu n'existais pas, dis-moi pourquoi j'existeraiiiiiiis

Ma mère et moi nous égosillons en cœur sur notre chanson fétiche. On a l'habitude de la chanter ensemble dès qu'elle repasse à la radio ou même a capella comme en ce moment.

Puis soudain, je mets ma main devant ma bouche.

* M***E ! Les caméras*

Je les avais complètement oubliées et la dernière chose que je souhaite c'est une Julie qui me chanterait la chanson de Joe Dassin jusqu'à la fin de l'année pour se moquer de moi. En plus, après la prestation musicale de Sirius lors de l'épisode précédent ça ne jouerait pas vraiment en ma faveur.

J'essaie aussi discrètement que possible de faire des signes à sa mère. Mais elle ne capte pas le message et continue sur sa lancée :

– Pour trainer dans un monde sans toi, sans espoir et sans regret...

Impuissante, je m'éclipse dans sa chambre et abandonne ma mère à son triste sort. Elle n'aura qu'à demander à Joseph s'il peut lui arranger ça.

De toute façon, je n'ai pas beaucoup de temps ce soir. Dans 20 minutes, je dois être prête à danser sous les ordres de Carlos et de préférence avec « des hanches souples ».

Bien que ce ne soit pas vraiment nécessaire, je me remets un peu de mascara et de crayon noir. J'ai lu Cosmopolitan que les yeux bleus sont mis en valeur avec des crayons marrons, noirs ou de couleurs froides. Je me fie aux experts ! Je ne sais pas vraiment pourquoi (ou du moins, je n'ai pas envie de savoir pourquoi ou pour qui), mais quelque chose me pousse à fournir un petit effort supplémentaire. Je prends ensuite mes chaussures de danses à talon et m'en vais presque en courant.

– À toute' Maman !

Je dévale quatre à quatre les escaliers puis marche aussi rapidement que possible. Que ce soit pour le lycée, pour les cours de danse ou même rencontrer une amie, je suis invariablement en retard. Mais aujourd'hui, je suis impatiente. C'est la première fois que je revois Sirius depuis...

Depuis quoi en fait ? Depuis qu'il m'a fait la bise ? Après tout, il ne s'est rien passé. Enfin, pas vraiment. Ou si... je ne sais plus.

En arrivant dans la salle, je lance un salut à la cantonade. Je ne tiens pas à faire la bise à Carlos, ni à Julie et encore moins à Sirius. Et faire la bise exclusivement à Théo serait juste trop bizarre.

– , On se met en couple!

Je le regarde indécise, en couple ??

-Lou-Ella, il te faut un partenaire!

Ah oui, en couple pour danser!

-J'espère que vous êtes prêt pour un tango.

Question danse, je ne me sens prête pour rien du tout, mais je n'ai pas vraiment le choix.

Cette fois-ci, je suis avec Théo.

– Oune, deux, Trrrois : MUSICA !

Et j'enchaine les pas, dans les bras de Théo. On avance, on tourne et soudain, je vois Sirius et Julie. Il est penché au-dessus d'elle, et ils tentent le cambré.

Sans savoir pourquoi, ça me fait un pincement au cœur, et je dois batailler pour reprendre le rythme. Gentiment, Théo me guide. Il a vu ce que je vu, et il a vu comment j'ai réagi. Mais, très gentleman, il ne dit rien, et se contente de m'aider à danser.

Quand le cours achève, je glisse un petit merci à mon cavalier.

Il se contente de hocher la tête.

Comme d'habitude, une fois dans le vestiaire des filles, j'enfile rapidement mon manteau par-dessus ma tenue et change de chaussure. Sans savoir pourquoi, j'essaie de me dépêcher de sortir pour l'éviter, mais c'est peine perdue. Il est déjà là.

Le plus naturellement du monde, Sirius vient vers moi. Et je ne sais plus si c'est exactement ce que je veux, ou son contraire.

– On se sent respirer quand les caméras ne sont plus braquées sur nous ?

– Oui.

Je ne sais plus quoi dire.

– Tu n'étais pas là hier ? j'ajoute, pour meubler un début de silence.

– Tu m'espionnes. Il a un sourire moqueur qui m'énerve (mais qui lui va bien).

– Pas vraiment, j'ai posé la même question à Théo, je ne l'ai pas vu non plus.

C'est un mensonge, mais c'est pas grave.

– Théo aussi ? Alors tu es une croqueuse d'hommes finalement.

Je ne sais plus où me mettre.

Sirius rit.

Je m'arrête net dans la rue.

– Tu veux quoi ?

– Et toi ?

– Laisse tomber !

Je repars, mais avec douceur, il me retient par le bras et cette fois, il m'embrasse. Pas sur la joue. Pas juste à côté. Sur la bouche.


version alpha : Rejouer la scène du baiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant