Le dimanche suivant, je suis dans le salon et ma mère dans la cuisine quand je lui annonce que Sean vient à la maison pour ''travailler les maths''. Je me suis mise volontairement à distance pour ne pas voir son petit sourire et ses œillades entendus.
Ma mère a aménagé un coin bureau dans le salon. J'amène une deuxième chaise. Puis mon livre et mon classeur de maths. Puis ma trousse. Je regarde mon petit arrangement, il manque quelque chose.
Je vais fouiller dans les placards de la cuisine.
Ma mère est toujours là.
Prenant l'air très absorbée par le contenu du placard pour ne pas avoir à la regarder, je demande:
– Est-ce qu'il y a un petit quelque chose à grignoter qui serait pratique quand on révise.
–Hum, je pense qu'il n'y a plus de biscuit... mais tu peux toujours prendre le chocolat, en plus c'est un aphrodisiaque.
Je ressors la tête du placard, choquée.
– Mais t'es ma mère! T'as pas le droit de me dire des trucs comme ça!
Elle rit.
– Mais j'ai le droit de te faire marcher, par contre! Allez, fais pas cette tête! J'avais prévu de faire des madeleines cet après-midi. Vous pourrez toujours en prendre!
Je n'arrive même pas à lui dire merci tellement, je suis choquée. Même si en vrai, ses madeleines, elles sont juste trop bonnes.
Je suis en train de retourner dans ma chambre, quand elle me lance:
– Tu préfères des madeleines natures ou bien au chocolat?
– Mais arrête, maman!
Je l'entends éclater d'un rire sardonique ( oui, il n'y a pas d'autre mot) et je claque la porte de ma chambre.
Une heure plus tard, quand Sean sonne à la porte, je cours ouvrir.
– Salut!
– Salut!
C'est tellement gênant, je ne sais même pas si je dois faire lui faire la bise ou l'embrasser? Ou... rien du tout?
Comme il ne s'approche pas , j'en conclu que c'est la troisième option, et quelque part, je suis un peu déçue.
Je l'amène en silence dans le salon.
Il regarde tout autour.
– C'est cool chez toi!
– Merci!
On ne sait pas trop quoi dire. Il y a trop de silence. Je déteste les silences. Dehors, ça va, on est capable de se parler mais là ... c'est comme si le faire venir chez moi, nous faisait passer une étape dans l'intimité. Étape à laquelle, on est peut-être pas tout à fait prêt.
Je lui indique une chaise. Et on s'assoit côte à côte.
Comme d'habitude, on commence par la liste des exercices qu'on a faire pour la semaine prochaine. Et comme d'habitude, Sean les fait à toute vitesse alors que je bataille à chaque étape.
Et soudain, pas du tout comme d'habitude, il attrape ma main, et sous la table il commence à caresser ma paume avec un mouvement long et régulier.
Je m'immobilise.
Il continue une minute, puis...
– Les madeleines sont prêtes et encore chaudes!
Ma mère entre fièrement dans le salon son assiette de madeleine (sans chocolat) dans les mains.
Sean lâche ma main et se retourne vers ma mère.
– Trop cool! J'adore ça! Merci beaucoup Hélène!
Il est super naturel. Genre tout va bien, tout est normal.
J'essaie de faire pareil.
– Merci... maman.
Ma voix sonne comme celle d'un corbeau. Si ma mère ne se doutait de rien , je vais l'alerter direct là.
Elle a à peine poser l'assiette sur la table que Sean se serre.
Pour faire bonne mesure, j'en prends une aussi.
Et là ma mère sort le pire truc possible dans l'histoire des pires trucs que les mères peuvent sortir:
– Hé Sean! C'est presque l'heure de la diffusion de Téléréalité au lycée. Tu veux rester pour la regarder avec nous?
Je m'étrangle avec ma madeleine.
– Kof, kof, kof!
Sean est enthousiaste
– Bonne idée! Ça va ¸être drôle de regarder ensemble!
– Je ... KOF, KOF, KOF !
– Bon ben, je vous retrouve tout à l'heure quand l'émission commence!
– KOF-KOF-KOF!
– Super!
Mais ils vont me laisser mourir pendant qu'ils s'autocongratulent l'un l'autre?
Finalement ma mère passe dans mon derrière moi.
– T'as avalé de travers Lou-Ella?
Et elle commence à me donner des tapes vigoureuses dans le dos.
La miette qui s'était coincée finit enfin par sortir.
– C'est bon, c'est bon maman. Ça va mieux.
Je me retrouve essoufflée , rouge, limite baveuse, entre Sean et ma mère qui ont l'impression d'avoir eu l'idée de siècle.
Et quand vient l'heure de regarder l'émission, les exercices sont terminés, et je suis assise sur le canapé entre Sean et ma mère qui décidément sont devenus best body:
– Je n'ai jamais imaginé que Lou-Elle fasse partie de l'aventure. Elle m'a fait signé l'autorisation mais j'avais pas trop compris l'ampleur du truc. Toi aussi tu avais rempli le formulaire de participation?
Ma mère tape la conversation à Sean au-dessus moi, oklm.
– Oui, mais vite fait. J'étais pas sûr de vouloir participer!
Le jingle de l'émission démarre. Je le connais par cœur. À chaque fois, il m'envoie une dose de stress pas possible. Je ne sais jamais à quoi m'attendre. Mais au moins ma mère et Sean se taisent.
Quand j'apparais à l'écran la première fois, je me sens rougir. Je me suis habituée à me voir à la télé, mais avec quelqu'un à côté c'est bizarre. Même Lina, je l'ai jamais invitée pour qu'on se regarde ça ensemble.
Il y a sans arrêt des allers-retours entre la vie de Sirius, Julie, Théo et moi. À chaque fois que c'est moi qui passe, Sean se retourne vers moi en mode ''regarde t'es à la télé!''
Mais je sais déjà que je suis à la télé! Ça fait 6 mois que ça dure.
L'épisode doit¸être sur le point de se terminer, les 30 minutes réglementaires vont bientôt être écoulées.
Effectivement le petit jingle de fin d'émission se fait entendre et l'épisode d'aujourd'hui d'achève sur une image de Sirius en train de m'embrasser et moi qui reste complétement immobile, la main sur la joue.
Je me sens me raidir instantanément.
Subitement ma mère demande:
– Quelqu'un veut encore des madeleines?
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version alpha : Rejouer la scène du baiser
Novela JuvenilLou-Ella est en classe de terminale et apprend le jour de la rentrée qu'une émission de téléréalité va suivre 4 élèves de son lycée du début de l'année jusqu'aux résultats du bac. C'est un peu contre son grès qu'elle se retrouve embarquée dans l'ave...