Chad

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Lorsque je vois ces deux femmes se précipiter vers la sortie, je regarde mon cousin qui hausse les épaules comme pour me dire qu'il n'y comprend rien. Aussitôt, je me rue vers elles pour les empêcher de partir. Je dois savoir s'il a dit ou fait quelque chose qui les aurait embarrassés. Mais surtout, je veux savoir d'où viennent ces canons. Après tout, je reste un homme. L'une est préparée avec une jolie robe quant à l'autre, elle est habillée d'un jean et d'un grand pull. Bien trop grand pour elle. Lorsque je lui empoigne le bras, elle sursaute et fait un pas en arrière en arrachant son bras de ma main. Comme si celles-ci lui brûlaient la peau. J'ai comme un mauvais pressentiment.

Je m'excuse et commence à parler avec son amie. Dieu merci, elles veulent bien rester boire un verre. Lorsqu'elles retournent à leur table, je l'observe. Elle tremble à moitié. Certes, nous sommes en hiver, mais quand même, il ne fait pas froid dans mon bar. Elle joue avec les manches de son pull afin de rentrer ses mains dedans. Ses yeux parcourent sans cesse ses alentours. Dès qu'un homme s'approche trop près de leur table, elle recule dans le fond de sa chaise. J'ai l'impression qu'elle serait prête à partir en courant. Sa posture, sa façon de s'habiller, le fait qu'elle fait tout pour être le plus loin possible d'un homme me percute. Elle a été violée et en bave pour remonter à la surface. J'en mettrai ma main au feu.

Au moment où Billy s'apprête à aller leur porter leur verre, je l'arrête dans son élan. Je prends mon bloc-notes et commence à écrire un mot. Je tends le mot à Billy et lui indique à qui le remettre. Il lève un sourcil sans comprendre pourquoi je fais ça. Je le regarde poser les verres et glisser sur la table le morceau de papier. Elle le regarde avant de le prendre et de le lire. Lorsque ses yeux se posent sur le papier, je vois son corps se raidir. Maintenant, elle sait que je sais. Savannah le lui prend des mains, le lis et me regarde avec un regard noir. Elle lui dit quelque chose avant de se lever et de se diriger vers moi.

- Je peux savoir à quoi tu joues. Dit-elle froidement.

Je sais ce que ta copine a vécu.

- Comment tu peux le savoir ? Tu ne nous connais pas.

- Je le vois dans ses yeux, sa posture, ses fringues et le fait qu'elle évite tous les mecs aux alentours. Son regard est vide et lorsque je l'ai touché tout à l'heure, j'ai cru qu'elle allait se mettre à hurler et à pleurer. Alors oui, je sais ce qui lui est arrivé. J'ai vu plus d'une personne dans cet état.

- Et comment tu peux le savoir ? Ce sont ces personnes qui viennent t'en parler ? Tu n'es qu'un barman et tu joues les piliers de comptoir qui écoute le malheur des gens.

- J'ai été pompier et j'ai vu plus d'une personne dans cet état, voire pire.

Sa bouche forme un « o » de surprise.

- Et personnellement, j'ai vu des personnes en parler à des gens étrangers, mais qui était là pour les écouter. Et cela leur a fait du bien. Est-ce qu'elle se fait aider ?

- Elle voit une psy, mais ça ne fait pas grand-chose.

- Il faut qu'elle parle à un homme.

- T'es malade !

- C'est un homme qui lui a fait ça et elle ne leur fait plus confiance. Comment est-elle envers son père ?

- ...............

- Fuyante ? Ne s'ouvre pas à lui ? Je m'en serais douté. Elle doit parler avec un homme. Elle doit refaire confiance à des hommes comme son père surtout s'il est bien. Et ce n'est pas en s'entourant de femmes que ça va la faire avancer. Laisse-moi discuter une minute avec elle. Si tu vois que je la gêne, reviens et je vous laisserai tranquille.

Mon sauveurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant