II. Tête de chat

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Plusieurs jours étaient passés depuis que Hawks avait pris connaissance de la mission, et, maintenant qu'il avait prévenu Mirko, Nekomata et Endeavor, il allait devoir se rendre aux différents postes de police de la ville afin qu'ils communiquent l'information aux autres postes de la préfecture. Rien qu'à y penser, ça ne l'enchantait guère, il détestait les commissariats : ça lui donnait l'impression d'être compressé vu la taille de ses ailes rouges. Peut-être que cette fois, il allait envoyer un mail ?

Il déverrouilla aussitôt son ordinateur pour rédiger un e-mail court, net et précis avant d'appuyer sur une touche du clavier afin d'envoyer son message aux différents postes de la préfecture de Fukuoka. Le héros s'étira et regarda l'heure, à peine dix heures. Il soupira, n'ayant pas l'impression d'être en jour de repos.

— Trop de trucs à faire pour l'enquête... grommela-t-il en se levant pour aller sur son balcon.

L'air hivernal le fit frissonner en entrant en contact avec sa peau chaude, lui rosissant le bout du nez et les joues. Accoudé à la rambarde, il observa les habitants de son quartier s'activer, marchant rapidement ou flânant selon leurs vies. Ces gens, il les protégerait toute sa vie, jusqu'à ce que les héros aient si peu de travail qu'ils pourraient se permettre de prendre des vacances de plus en plus longues jusqu'à y être éternellement pour songer à une reconversion.

L'une des passantes s'arrêta pour caresser un petit chat sortant d'une ruelle. A cette vue, Hawks se redressa, une idée germant dans sa tête. Cette idée portait le nom de Noraneko. Il s'agissait d'une femme dont il ne connaissait que le nom, mais dont il connaissait les capacités, surtout lorsqu'il s'agissait d'espionner les autres pour telle ou telle raison. Ne lui restait plus qu'à savoir comment la retrouver... Il se souvenait simplement des derniers mots qu'elle lui avait adressés avant de disparaître dans les ombres.

< Si tu as besoin de moi, cherche dans les bars. >

Retournant aussitôt à son ordinateur, le blond chercha les bars de Fukuoka, ceux assez discrets. Il y avait le Bar Fuji, le Hakata Mitsubachi, The Dark Room ou encore le Bar Rummy. Après avoir noté toutes les adresses, l'oiseau attrapa sa veste, une casquette et un masque afin d'un tant soit peu se cacher aux yeux de tous. Puis il fila.

Échec cuisant aux trois premières adresses, ne lui restait plus que le Bar Rummy. Le héros entra à l'intérieur, cherchant partout, jusqu'à l'apercevoir au fond de la salle, un cocktail devant elle. Noraneko leva la tête et l'observa tandis qu'il approchait maladroitement avec ses ailes rouges repliées dans son dos.

— Tiens. Un revenant, lâcha-t-elle d'une voix robotique féminine à cause de son masque en forme de chat.

— Le revenant aurait besoin de toi, soupira son interlocuteur en s'asseyant. Ou plutôt, il aurait besoin de tes services.

— Quel genre de services ?

L'homme se contenta de sortir une photo de sa poche et de lui tendre tandis qu'elle sirotait son cocktail. La photo représentait le logo retrouvé sur les armes, cachets et pilules des trafics de Bastet : une tête de chat.

— Et donc ? fit la jeune femme en rangeant la photo dans sa manche.

— J'aurais besoin que tu me trouves des gens ayant des armes, des cachets ou des pilules avec ce logo. C'est... pour une mission.

Soudain, sans prévenir, le doute le prit. Faisait-il bien de faire confiance à cette espionne occasionnelle ? Après tout, il l'avait rencontrée dans un étrange contexte lors d'une précédente mission. Au moment même où il allait se lever pour filer et se rétracter, elle lui attrapa le poignet, toutes griffes dehors. Noraneko ricana.

— Je te fais ça pour quand, bel oiseau ?

Un soupir de soulagement échappa au blond. Elle allait l'aider, tant mieux. Maintenant, il se demandait ce qu'elle exigerait en échange de son aide qui devait sans doute être tout sauf gratuite.

— Début février, bafouilla le héros.

— C'est comme si c'était fait. J'enverrai quelqu'un de confiance t'amener les informations début février, répondit la jeune femme.

Cette dernière termina son cocktail avant de payer, puis les deux sortirent du bar en silence. Hawks crut qu'elle ne lui demanderait pas de compensation en échange, mais se rendit compte de sa bêtise lorsqu'elle l'attrapa par le col de sa veste pour se retrouver en face à face avec lui.

— Rien n'est gratuit dans ce monde, ne l'oublie pas, bel oiseau. Ma personne de confiance te dira ce que j'attends en échange de mon aide pour ta mission.

Puis elle le lâcha, rabattit sa capuche sur sa tête et se faufila parmi les passants avant de disparaître au tournant. En la voyant partir, Hawks douta à nouveau. Avait-il trop confiance en cette presque inconnue ? Pouvait-on réellement faire confiance à quelqu'un qui se cachait derrière un masque ? Enfin, bon, tant qu'elle respectait sa part du marché, il n'avait aucune raison de vraiment se méfier. N'est-ce pas ?

— Autant rentrer manger et faire une sieste, maintenant, murmura le blond en s'étirant.

Il n'avait pas envie de chercher les gens maintenant, et mieux valait d'abord savoir si le trafic s'étendait au delà de Fukuoka ou s'il se cantonnait à la préfecture, ou à la capitale de cette dernière. En soupirant, Hawks ouvrit grand ses immenses ailes rouges avant de s'envoler dans le ciel, bâillant de fatigue. Il avait si peu dormi la nuit dernière qu'il s'étonnait de savoir tenir debout, sans flancher un seul instant.

Doucement, le jeune homme se posa devant son immeuble et passa une main dans ses cheveux avant d'ouvrir la porte du hall. Machinalement, il regarda dans sa boîte aux lettres pour savoir s'il avait du courrier. Non, rien, comme d'habitude. Délaissant la boîte en métal, il se dirigea vers les escaliers pour les grimper avec lenteur.

Hawks arriva devant son appartement au moment même où son ventre criait famine. Il était déprimé d'avance de devoir manger seul, ça lui plombait le moral mais il était habitué. Après tout, l'être humain s'adapte si bien au malheur lorsque ce dernier fait partie de son quotidien.

En entrant, il manqua de trébucher sur le tapis devant sa porte. Lorsqu'il se baissa pour le dégager, il remarqua un papier déposé dessus. Dessus, dans une écriture à la fois féminine et masculine, un message on ne peut plus explicite.

< Tous les vendredis, jusque début février, je serai au Bar Rummy si tu as besoin de me donner des précisions concernant notre petit accord. >

Le blond pâlit et comprit sa bêtise en prenant conscience du sous-entendu derrière ce message : s'il ne respecte pas l'accord passé avec Noraneko, il pourrait lui arriver le pire. Après tout, elle avait trouvé son adresse et avait su entrer à l'intérieur de son appartement. Mais... Comment ?

Like a dr*g || MhaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant