Like a dr*g || Mha

XIX. Je t'aime

Assis dans son lit d'hôpital, Keigo parlait avec la Directrice de la Commission, ne la laissant placer aucun mot lorsqu'il lui fit part de son projet - projet auquel il pensait la plupart du temps depuis la mort de Tora Kosugi, même la nuit, incapable de penser à autre chose. La conversation prit fin lorsqu'une jeune femme aux attributs de chat noir entra dans la chambre. Elle agita ses oreilles et sa queue, faisant sourire le blond qui tapota le matelas tout en fermant son ordinateur, qu'il posa à côté de lui.

Noraneko esquissa un faible sourire avant d'entrer complètement et de fermer la porte derrière elle avant de rejoindre l'oiseau dans son lit, sous les couvertures rêches de l'hôpital de Fukuoka. Il entoura l'hybride d'un bras, la calant contre lui tout en faisant des petites caresses avec son pouce.

— Je ne te dérange pas ? demanda-t-elle en fermant les paupières.

— On avait fini, ne t'en fais pas, répondit-il avant de l'embrasser sur le front.

Sa reine ronronna comme un chaton, tremblant légèrement parfois même après une semaine depuis la fin de l'histoire. Perdre Némée l'avait anéantie, la drogue, avalée en grande quantité, lui avait laissé des séquelles - des tremblements ou des spasmes occasionnels - et voir le blond blessé l'avait profondément troublée. Ce dernier prenait donc le temps de la rassurer du mieux qu'il pouvait, lui servant de remparts entre elle et le monde qui voulait connaître à tout prix son rôle dans l'affaire. Malgré les explications de la Commission de Sécurité Publique Héroïque, cela n'empêchait pas les regards insistants dont la noiraude se serait bien passée.

— Tu as vu ton frère aujourd'hui ? questionna l'oiseau en lui remettant une mèche noire derrière l'oreille.

— Juste avant de venir te voir. Il voulait que je renonce à ma place et la laisse à quelqu'un d'autre, mais... Je ne veux pas. Je savais dans quoi je me jetais en cherchant le traître. Tensei m'a dit que Nekomata gérait la famille en mon absence tandis que Mirko s'occupait de ton agence, répondit la jeune femme d'une voix un peu endormie.

Avec leur hospitalisation, les deux héroïnes avaient dû prendre les choses en main afin que rien ne semble suspect aux yeux de la population de Fukuoka - qui réclamait malgré tout le retour du numéro 3, éternel favori de la capitale de la préfecture. L'homme ailé, même s'il aimait ses fans, préférait attendre un peu avant de faire son grand retour. Jetant un regard à l'hybride à ses côtés, il esquissa un sourire tendre, sachant parfaitement ce qui retarderait son retour sur la scène héroïque : un chat noir ayant besoin de protection et d'amour.

— Noraneko ?

— Hm ? fit-elle, à moitié endormie.

— Qu'est-ce que tu dirais si je restais à tes côtés un certain temps ? lâcha Keigo avec désinvolture.

— Que t'aurais droit qu'à une pause de deux ans sinon Hana te tomberait dessus.

Il éclata de rire rien qu'en imaginant l'idée, passant une main sur son visage pour contenir son fou rire incontrôlable. Pendant ce temps, la femme-chat s'enfonçait un peu plus dans le sommeil, restant accrochée à lui en ayant un spasme de temps en temps. Le jeune homme appréciait le fait qu'elle n'ait pas dit non à sa proposition. Il pourrait donc faire aboutir son projet dès sa sortie, ou peu après cette dernière, avec l'aide de la Commission.

Avant que la noiraude ne s'endorme contre lui comme chaque soir depuis leur arrivée, il avait encore quelque chose à lui dire, à lui avouer, afin de nommer leur lien pour satisfaire les attentes de la lapine qui lui demandait chaque matin quand est-ce qu'il comptait se déclarer, le tout en le bassinant avec la paperasse de l'agence qui ne faisait qu'augmenter.

— Noraneko ?

— Quoi encore ? grogna-t-elle.

— Je t'aime, murmura-t-il.

— Quoi ?

L'hybride se redressa dans le lit, les yeux grands ouverts pour le regarder de ses pupilles dorées. Sa lèvre du bas trembla tandis que le souvenir de Némée accapara son esprit. Keigo l'attira aussitôt à lui pour la rassurer et la garder dans la réalité du présent afin qu'elle cesse de revivre ce moment douloureux.

— Je t'aime, répéta l'oiseau, je t'aime et je ne mourrai pas, je te le promets. Je resterai à tes côtés aussi longtemps que tu me le permettras, essayerai de te combler chaque jour de notre vie à deux. Pendant deux ans, je serai là pour te rassurer à temps plein avant de retourner au service des civils. Mais ils m'importent peu si ma reine n'est pas heureuse, alors... Alors, laisse-moi être ton roi.

Il voulut continuer, mais Noraneko le coupa en levant la tête vers lui pour le regarder avant de l'embrasser. Le blond se figea et la regarda quelques secondes, puis ferma les yeux en même temps qu'elle, comprenant sa réponse. Ils s'aimaient. C'était tout ce qui comptait. La jeune femme sourit, avec un peu de cette tristesse au fond des yeux, ses mains sur les épaules du héros. De son roi.

— Je t'aime, souffla-t-elle.

Elle avait eu besoin de prononcer ces sept lettres, de les dire à voix haute pour les rendre réelles. Et au vu du regard que lui lançait Keigo, elle avait bien fait. Ses yeux de rapace brillaient en l'entendant prononcer ces sept petites lettres qui ne semblaient rien mais étaient tout.

Ils éclatèrent de rire, d'un rire heureux et un peu enfantin à la fois. Une infirmière ouvrit la porte en les entendant et esquissa un sourire face à leur comportement avant de reprendre son rôle.

— Mlle Kosugi, vous devriez être dans votre chambre pour dormir ! s'écria l'infirmière en cherchant à retenir son sourire amusé.

— Mais je dors mieux ici ! geint la concernée en faisant des yeux de chaton malheureux.

— Va dormir, Kitty Cat, ricana Keigo en l'obligeant à descendre du lit pour suivre l'infirmière.

Noraneko le fusilla du regard avant de se retourner, boudeuse, pour suivre la pauvre infirmière qui ne faisait que son travail, veillant sur tous ses patients sans faire de distinction entre ces derniers. Après tout, un patient est un patient, aucun n'avait droit à de privilèges quelconques.

A la faveur de la nuit, la noiraude se faufila pourtant dans la chambre de son oiseau, sous le regard amusé de l'infirmière qui s'autorisa à accorder un privilège à cette patiente rebelle. Le petit couple l'amusait, de toute façon, les deux ne faisaient que dormir. Enfin, c'était ce qu'elle croyait...